Deux ans après «The French Dispatch», Wes Anderson revient au cinéma ce mercredi avec «Asteroid City». Sans surprise, le Texan expatrié en France embarque avec lui une pléiade de stars, pour une aventure inclassable à l'esthétique si personnelle.
Wes Anderson vit dans sa bulle. Un peu comme Jacques Demy, Tim Burton ou Jean-Pierre Jeunet, le réalisateur de «The Grand Budapest Hotel» est immédiatement identifiable grâce à l'univers graphique qu'il a créé depuis ses débuts. Dans son nouveau film, «Asteroid City», qui sort ce mercredi 21 juin en salles et qui lui a valu une troisième nomination en compétition officielle au Festival de Cannes en mai dernier, l'Américain continue sur cette même approche de couleurs pastels, de cadrages millimétrés, de costumes rétro, de personnages allumés, de situations cocasses, et d'une mise en scène qui évoquerait plus la piste aux étoiles qu'un écran de cinéma.
L'intrigue se déroule dans une bourgade américaine des années 1950, en plein désert, là où des essais nucléaires sont occasionnels, tout comme les visites d'extraterrestres. D'où la quarantaine imposée à un groupe de visiteurs, dont une célèbre actrice aux allures de Marylin Monroe, un photographe de guerre, une flopée de mômes surdoués et quelques spécimens bien barrés.
La beauté esthétique au détriment du récit
Mieux écrit que le précédent opus du réalisateur qui confondait essais casting et long-métrage, ce film choral, qui évoque en parallèle la création d'une pièce de théâtre à New York et tout cela en noir et blanc, reste une œuvre mineure dans la filmographie de Wes Anderson, et souffre, malgré d'évidentes qualités formelles, d'un scénario trop opaque, de dialogues improbables (quand ils ne sont pas assommants), et d'un ressenti d'inabouti réellement frustrant.
C'est d'autant plus agaçant que la galerie de stars qui s'affiche à chacun de ses films (ici Scarlett Johansson, Tom Hanks, Jason Schwartzman, Adrien Brody, Margot Robbie, Edward Norton, Tilda Swinton, Matt Dillon, et tant d'autres) ferait pâlir d'envie nombre de cinéastes... Wes Anderson devrait peut-être s'essayer à la comédie musicale, voire au conte de fées revisité pour superposer son univers à celui d'un esprit ludique, poétique et fantasque qui serait idéalement approprié.
«Asteroid City» plaira aux fans de la première heure, mais laissera les autres sur le bord de la route, tant cet enchaînement de saynètes dessert le récit jusqu'à un point de non-retour.