Prodige du théâtre, Alexis Michalik dévoile ce mercredi «Une histoire d'amour», son deuxième film en tant que réalisateur, adapté de sa pièce éponyme. Rencontre avec un hyperactif passionné qui cherche encore sa place au cinéma.
A 40 ans, tout lui sourit. Auteur prolifique et plébiscité par le public, Alexis Michalik revient ce mercredi 12 avril au cinéma, avec «Une histoire d'amour», son deuxième long-métrage pour lequel il endosse la double casquette d'acteur et de réalisateur. Comme pour «Edmond», il a de nouveau choisi de porter sur grand écran l'une de ses pièces, laquelle a été créée en janvier 2020 à la Scala Paris.
Dans ce récit inscrit dans l'air du temps, qui allie les codes de la comédie romantique et du mélodrame, il est question d'amour, bien entendu, mais aussi de mort et de renaissance. Malgré sa peur de l'engagement, Katia tombe amoureuse de Justine, une jeune femme spontanée et fraîche qui se pensait hétérosexuelle. De cette union et grâce à une insémination artificielle, naîtra Jeanne. Mais peu avant l'arrivée de la fillette, Justine a quitté le foyer sans explication. Douze ans plus tard, Katia, se sachant mourante, fait appel à son frère William, cynique et totalement désabusé, pour devenir le tuteur de son enfant. Un rôle tenu par Alexis Michalik.
Après «Edmond» en 2019, vous adaptez une autre de vos pièces à succès. Pourquoi avoir choisi «Une histoire d’amour» en particulier ?
Pour être tout à fait honnête, je n’avais pas prévu d’adapter cette pièce spécifiquement. Plus qu’à la critique, je suis sensible au public et à ses réactions. Dans mon entourage, beaucoup de personnes semblaient intéressées par ce récit et insistaient pour que j’en fasse un film.
Au théâtre, on raconte. Au cinéma, on montre.
Contrairement à «Edmond» qui a d’abord été pensé pour le cinéma, «Une histoire d’amour», née sur les planches, a demandé une véritable adaptation pour le grand écran. Au théâtre, on raconte. Au cinéma, on montre. On peut réaliser des gros plans, jouer sur le maquillage, voir les acteurs vieillir. J’ai enlevé toute la théâtralité du film, supprimé des dialogues, ajouté des décors. Beaucoup de décors (54 au total, ndlr).
Le cinéma implique des contraintes différentes de celles de la scène, notamment la question du temps. Avez-vous ressenti une pression supplémentaire ?
Au cinéma, le temps, c’est de l’argent. Comme nous n’avions pas un budget démentiel, il fallait être efficace pendant les journées de tournage. Ensuite, j’ai passé près d’un an en salle de montage car le film s’écrit aussi ici. Ce fut un processus assez long et laborieux pendant lequel nous avons énormément coupé. La première version durait 1h50, mais le rendu final se résume à 1h26. C’est drôle car sans le vouloir, nous avons livré un long-métrage qui a la même durée que la pièce de théâtre.
Juliette Delacroix, Marica Soyer, Pauline Bression et Léontine d’Oncieu… Pour cette adaptation, vous avez gardé les comédiennes de la pièce. Pourquoi ?
Conserver la même distribution, c'est ce qui m'a animé dès le début. Je souhaitais prolonger cette histoire d’amitié et d’amour au cinéma. Mais avec mes associés (Benjamin Bellecour et Camille Torre, ndlr), nous n’étions pas certains d’obtenir les financements. Nous avons préféré taire ce projet aux comédiennes. On leur a fait croire que nous allions engager d’autres actrices. Quand nous avons enfin réussi à décrocher le budget et le soutien des sociétés Le Pacte, France 2 et Canal+, nous les avons conviées pour un goûter, juste avant Noël, pour leur annoncer la bonne nouvelle. Un rôle au cinéma, c’est un cadeau. Et c’était chouette de pouvoir offrir un cadeau à des amies qui l’appréciaient.
Depuis «Le porteur d’histoire» présenté en 2011, toutes vos pièces de théâtre ont rencontré un incroyable succès. Quatre de vos productions se jouent actuellement à Paris, dont la comédie musicale «Les producteurs», et vous présenterez une nouvelle création l’an prochain. Pourquoi prendre le risque de vous aventurer au cinéma ?
J’ai sans cesse besoin de me challenger. Pour «Edmond», je savais parfaitement où j’allais. Pour ce deuxième film, je me suis posé beaucoup plus de questions. Je suis encore un réalisateur débutant. Si j’ai la sensation d’avoir trouvé ma place au théâtre, je pense que je suis encore en train de la chercher au cinéma.
Si j'ai la sensation d'avoir trouvé ma place au théatre, je pense que je suis encore en train de la chercher au cinéma.
En fonction de l’accueil qui est réservé à «Une histoire d’amour», je verrai si j’ai envie de continuer dans cette voie. Mais s’il y a une prochaine fois, j’aimerais écrire un scénario original.
Réalisateur, dramaturge, scénariste, écrivain, vous êtes également acteur. On vous retrouve à l’affiche des «Trois mousquetaires : D’Artagnan», mais aussi au casting de la comédie «10 jours encore sans maman» et bientôt dans le biopic «Flo»…
Je ne suis jamais aussi heureux que quand j’arrive sur un plateau en tant que comédien. Je n’ai aucune responsabilité à porter. On arrive le dernier, on repart le premier. Et six mois après, on découvre le film. C’est une position très agréable.
Le 24 avril prochain, en direct du Théâtre de Paris, vous serez aux commandes de la 34e cérémonie des Molières, grand-messe du théâtre français. A quoi peut-on s’attendre ?
Comme je ne suis pas humoriste, on n’attend pas de moi que je fasse un one man show. Etant maître de cérémonie, je vais remettre des prix pendant cette soirée. Je souhaite également y apporter du rythme et un esprit de troupe. Pour ce faire, j’ai recruté cinq auteurs et comédiens qui sont Nicole Ferroni, Laura Domenge, Pierre Bénézit, Véronique Hatat et Benoît Cauden. Certains pourraient faire quelques interventions.