Après des mois d'attente, «Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan» est sorti ce mercredi au cinéma. Une adaptation sur grand écran réussie de l'œuvre d'Alexandre Dumas, servie par des scènes d'action parfaitement exécutées et un casting royal. Du grand spectacle.
Un pour tous et tous pour D’Artagnan. Le jeune Gascon et les célèbres trois mousquetaires ont débarqué sur grand écran le 5 avril, et c’est peu dire que cette nouvelle adaptation cinématographique de l’œuvre d’Alexandre Dumas, au budget de 72 millions d’euros, est plus qu’attendue au tournant.
Du courage, il en fallait à Martin Bourboulon pour porter sur grand écran ce monument de la littérature, plus d’un siècle après «Les mousquetaires de la reine» de Georges Méliès, auquel se sont ajoutées des dizaines de transpositions et de réinterprétations du roman écrit en 1844. Mais l’audace paie. Le réalisateur du drôlissime «Papa ou maman» ou du plus discutable «Eiffel», réussit à remettre le film de cape et d’épée au goût du jour, grâce à une mise en scène rythmée et ambitieuse, ainsi qu’à des acteurs qui prennent un malin plaisir à incarner ces héros populaires.
Pour cette relecture, le cinéaste et les scénaristes Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte - auteurs de la pièce à succès «Le prénom» et bientôt metteurs en scène du «Comte de Monte-Cristo» avec Pierre Niney - ont repris la trame narrative principale de l’œuvre littéraire, en la déclinant en diptyque, et même osé intégrer certains des dialogues originels au ton théâtral.
Une œuvre d'une grande modernité
Dans ce premier chapitre, les spectateurs découvrent D’Artagnan, ce Gascon ambitieux dont «l’arrogance est la seule richesse», arrivant à Paris et prêt à tout pour rejoindre la garde rapprochée de Louis XIII. Après avoir accepté de les défier, le jeune homme fera finalement équipe avec les mousquetaires Athos, Porthos et Aramis, afin de déjouer, sur fond de guerre de religion, un complot pour faire tomber le roi, orchestré par le cardinal de Richelieu et la machiavélique Milady.
Par loyauté mais aussi par amour, ces quatre compagnons d’armes tenteront l’impossible pour sauver l’honneur de la reine Anne d’Autriche, en récupérant ses ferrets que son amant détient en Angleterre. Mais ils devront aussi mouiller leurs chemises pour innocenter l’un des leurs, accusé de meurtre. L’intrigue connaît donc des bouleversements et quelques ajustements, Martin Bourboulon allant même jusqu’à appuyer certains faits, comme la bisexualité assumée de Porthos.
Une reconstitution soignée pour une fresque épique
Tourné dans des décors naturels somptueux, notamment le château de Fontainebleau, ce grand divertissement à la reconstitution de qualité, offre d’impressionnantes scènes de combat qui n’ont rien à envier aux blockbusters hollywoodiens. Parfaitement chorégraphiées, elles sont garanties sans trucage, ni effets spéciaux, faisant des «Trois Mousquetaires : D’Artagnan», un spectacle épique et plein de panache. Martin Bourboulon filme au plus près pour davantage de réalisme. Aux duels à l’épée, vient s’ajouter une bonne dose d’humour, d’amour et de franche camaraderie.
Avec son air malicieux, François Civil («Five», «Bac Nord») se glisse avec aisance dans le costume de D’Artagnan (qui aurait pourtant pu être bien lourd à porter), face à Vincent Cassel, Pio Marmaï et Romain Duris, plus vrais que nature en cavaliers émérites. Coup de cœur pour Louis Garrel qui interprète un Louis XIII naïf, lâche et drôle malgré lui, sans oublier la talentueuse Lyna Khoudri, d’une grande justesse dans son rôle de Constance Bonacieux, confidente de la reine dont D’Artagnan est fou amoureux.
Cette nouvelle version des Trois Mousquetaires est assurément à la hauteur de nos espérances, jouant avec les codes du thriller, du western et du film romanesque. On trépigne d’impatience à l’idée de découvrir en salles le second volet, consacré à Milady, dont la sortie est prévue le 13 décembre. Grâce à Philippe Lacheau et son «Alibi.com 2» qui cartonne au box-office, et à ces mousquetaires modernes, le cinéma français semble avoir enfin trouvé ses sauveurs. De quoi faire oublier le semi-échec d’«Astérix et Obélix : l’Empire du milieu» de Guillaume Canet, qui a «seulement» attiré dans l’Hexagone 4,5 millions de spectateurs.