En salles ce mercredi, «Sage-homme», avec Melvin Boomer et Karin Viard, met en scène un étudiant recalé de médecine qui se retrouve malgré lui en école obstétrique. Une brillante comédie hospitalière et un bel hommage à une profession qui manque de reconnaissance.
Il voulait devenir médecin. Mais ses notes au concours d’entrée qu’il retente pour la seconde fois, ne lui permettent pas de réaliser son rêve. Contrairement à son meilleur ami qui choisit de partir étudier en Hongrie, Léopold, héros de la comédie «Sage-homme» en salles ce mercredi 15 mars, se tourne à contre-cœur vers l’école de sages-femmes. Une situation que cet aîné d’une fratrie de quatre garçons qui a perdu sa mère d’un cancer, cache à son père par peur de le décevoir et d’être la risée de son quartier.
Si l’idée de porter la blouse rose ne l’enchante guère, le jeune homme va pourtant devoir se soumettre au règlement et faire preuve de bonne volonté. Et cela dès son arrivée dans le service. «Ici, on n’est pas en fac de lettres ou à un défilé de mode. On met des enfants au monde et cette blouse rose, ce n’est pas une atteinte à ta virilité», lui lance Nathalie avec sa gouaille bien à elle. Auprès de cette soignante au caractère bien trempé qui deviendra sa tutrice, Léopold va peu à peu s’ouvrir à ce monde ultra-féminisé si éloigné du sien, faisant fi de certains clichés qu’il pouvait avoir sur la profession.
Plus qu'un métier, une vocation
Certes l’intrigue est cousue de fil blanc, mais l’intérêt de cette comédie dramatique est ailleurs. Treize ans après «Et soudain, tout le monde me manque», Jennifer Devoldere s’intéresse à celles qui œuvrent chaque jour dans une maternité d’un hôpital public, en filmant toutes les tâches qui leur incombent, des plus belles ou plus ingrates, et en dénonçant, par le prisme de l’humour, les dysfonctionnements d’un système hospitalier à bout de souffle. Même si ce métier est pour elles une vocation, ces sages-femmes souffrent d’un manque de reconnaissance, d’écoute de la part d’une direction parfois déconnectée de la réalité, et de moyens pour exercer correctement leur travail.
La réalisatrice a souhaité coller au plus près à la réalité, en n’édulcorant aucun aspect. Comme Léopold, le spectateur apprend et assiste même à un accouchement filmé en plan serré. «Quand on s’est demandé si on pouvait filmer un vagin, la question a été vite évacuée : on a eu la sensation qu’on ne pouvait pas aborder un tel sujet sans le montrer au moins une fois. Cela aurait été un peu malhonnête de ne pas le faire», indique Devoldere, qui démontre par ailleurs la difficulté pour un homme de se faire une place dans un univers exclusivement féminin.
Melvin Boomer, que l’on a découvert en Joey Starr dans «Le monde de demain», est désarmant de naturel et irradie à l’écran dans la peau de cet étudiant qui voit ses convictions voler en éclats. Face à lui, Karin Viard excelle dans ce rôle de femme forte, pétrie d’humanité et d'empathie.