La danse à la rencontre de la sculpture. Avec «Rodin», Julien Lestel, directeur de la compagnie de danse qui porte son nom, propose un nouveau ballet mettant en lumière le talent du père de la sculpture moderne pour le mouvement. En tournée dans toute la France, le spectacle fait escale à Paris ce jeudi 9 février, Salle Pleyel.
L'illusion de la vie transformée en réalité. Avec son nouveau ballet sobrement intitulé Rodin, sur scène ce jeudi 9 février à 20h, Salle Pleyel, à Paris (8e), l'ancien danseur de l'Opéra de Paris et directeur depuis quinze ans de sa propre compagnie, Julien Lestel, accompli en quelque sorte le rêve de tout sculpteur : insuffler la vie à son oeuvre faite de pierre et de bronze.
Le choix s'est donc tout naturellement porté sur le sculpteur Auguste Rodin (1840-1917), considéré comme l'un des pères de la sculpture moderne et apprécié dans le monde entier pour sa capacité à retranscrire le mouvement et l'impulsion, et dont les personnages semblent prêts à nous parler, à crier ou respirer.
Un choix d'autant plus aisé que l'idée est née lors du confinement en 2021. En concertation avec le danseur et chorégraphe, le Musée Rodin a en effet accueilli le Ballet Julien Lestel pour réaliser une web série de neuf chorégraphies en lien avec les œuvres du sculpteur.
Une mise en lumière des corps
La réussite de ce projet l'a poussé à créer cette fois un véritable ballet d'1h10, centré sur l'art du mouvement de Rodin. «J’ai voulu transcrire, avec les corps des danseurs, toutes ces émotions en gestuelle. À la fois cette puissance musculaire, cette tension fibreuse mais également cette fragilité, cet abandon ainsi qu’une certaine douceur allant parfois même jusqu’à une sensualité quasi érotique. C’est un voyage émotionnel au cœur de l’intime, un reflet de nos propres émotions», explique ainsi celui qui a dansé avec les plus grands noms de sa discipline, à l'instar de Rudolph Noureev, Jerome Robbins, William Forsythe, Angelin Preljocaj, Roland Petit ou encore Pina Bausch.
© Ballet Julien Lestel/E.Derrier
La Porte de l’Enfer, Le Penseur, Les Trois Ombres, Le Baiser ou encore La Chute, les plus célèbres oeuvres de Rodin sont retranscrites sur scène, dans leurs formes, leurs attitudes ou leurs émotions.
Et pour donner corps à la matière inanimée, le chorégraphe a souhaité parer ses neuf danseurs de costumes sombre ou chair, sobres, sur une scénographie dénudée, pour mieux laisser la lumière mettre en exergue certains mouvements. «J’ai voulu des éclairages aux tons contrastés, chauds et froids. Une lumière très précise, aiguisée, parfois minimaliste, qui vient seulement révéler les corps des danseurs et définir l‘espace dans une modernité affirmée», précise Julien Lestel dans sa note d'intention.
«Rodin», ballet de Julien Lestel, jeudi 9 février, 20h, Salle Pleyel, Paris 8e.