Michel Houellebecq a été débouté par la justice néerlandaise de sa requête demandant l'interdiction de Kirac 27, un film néerlandais le mettant en scène et qualifié de pornographique.
Apparu le 24 janvier dernier dans une (sordide) bande-annonce du film néerlandais «Kirac 27», l'écrivain Michel Houellebecq avait déposé une requête devant la justice néerlandaise, visant à faire interdire la sortie du film. La raison invoquée était la nuisance portée à sa réputation, étant dépeint dans le film comme une «star du porno».
Ce mardi, la justice des Pays-Bas a rejeté cette requête. Le tribunal d'Amsterdam «refuse les injonctions demandées et condamne Houellebecq à payer les frais de procédure, estimés à ce jour à 1.393 euros», a déclaré le juge des référés.
«Il est incompréhensible que Houllebecq ait participé aux enregistrements s'il trouvait le contrat vraiment problématique», a-t-il précisé, ne retenant pas l'argument avancé par le plaignant expliquant que ce dernier avait signé le contrat avec les producteurs, uniquement parce qu'il était alors déprimé et alcoolisé.
L'auteur a qualifié le verdict de «très décevant», selon les mots de son avocate néerlandaise Jacqueline Schaap. Elle a précisé que l'auteur à succès «envisageait sérieusement un appel urgent».
De son côté, le réalisateur du film, Stefan Ruitenbeek, s'est dit soulagé par la décision.
En février dernier, Michel Houellebecq avait déjà perdu une action similaire devant la justice française.
Une séquence dérengeante
Dans la vidéo de promotion du film réalisé par un collectif néerlandais, Kirac, on peut voir notamment l'écrivain, torse nu, en train d'embrasser une jeune femme dans un lit.
En voix off, le réalisateur, Stefan Ruitenbeek, raconte par ailleurs que M. Houellebecq lui avait écrit que son voyage de noces au Maroc avait été annulé, alors que son épouse avait, selon lui, «passé un mois pour arranger des prostituées à l'avance».
Le couple avait alors en janvier dernier «découvert avec consternation et dégoût» que la bande-annonce de «Kirac 27» contenait «des déclarations les mettant en cause, graves et mensongères, portant violemment atteinte à leur dignité», avaient écrit Maîtres Angélique Bérès et Maïa Kantor, qui défendent les époux, dans un communiqué.
Il avait donc chargé ses conseils de «faire immédiatement cesser ces atteintes par tous moyens», en faisant «retirer cette bande-annonce des plates-formes et réseaux sociaux dans le monde entier», et en interdisant au réalisateur et au collectif «toute exploitation, commerciale ou non commerciale, sous quelque forme que ce soit, du film (...) et autres images qu'ils pourraient détenir des époux Houellebecq».
Une atteinte à la vie privée
Selon Me Bérès, alors contactée par l'AFP, «les démarches précontentieuses ont déjà été engagées auprès du réalisateur et des plates-formes», pour obtenir l'interdiction du film, en particulier si celui-ci contenait les propos en voix off de la bande-annonce.
Dans un courrier envoyé au réalisateur, dont l'AFP avait eu connaissance, Michel Houellebecq évoquait «la déflagration de violence» de la bande-annonce, «qui porte atteinte de manière irrémédiable à (sa) vie privée, (son) honneur mais surtout, ce qui est plus grave encore, à (sa) femme, dévastée par les mensonges» diffusés sur elle.