Le journaliste Philippe Tesson s'est éteint à l'âge de 94 ans, a-t-on appris ce jeudi. Il avait fondé en 1974 Le Quotidien de Paris, après avoir occupé le poste de rédacteur en chef du mythique quotidien Combat. Il avait par ailleurs participé activement à la vie théâtrale en rachetant le Théâtre de Poche-Montparnasse.
La culture autant que la politique. Le journaliste, homme de théâtre et polémiste Philippe Tesson, père de l'écrivain Sylvain Tesson, est décédé à l'âge de 94 ans, a indiqué jeudi à l'AFP le Théâtre de Poche-Montparnasse à Paris, qu'il dirigeait.
Il s'est éteint à son domicile de Chatou (Yvelines) mercredi, a précisé le jury du prix Interallié, qu'il avait rejoint en 1993 avant de le présider jusqu'au bout, confirmant une information du Figaro.
Philippe Tesson avait été le rédacteur en chef du légendaire journal «Combat» de 1960 à 1974, avant de fonder son propre journal, le «Quotidien de Paris», qu'il a dirigé pendant vingt ans (1974-1994). Avec ce quotidien libéral, soutien de Valéry Giscard d'Estaing avant de s'opposer aux socialistes et à François Mitterrand, il avait mis le pied à l'étrier à de nombreuses personnalités : Eric Zemmour, Jean-Marc Sylvestre, Catherine Pégard, Claire Chazal...
Il avait quitté le journal en 1994, deux ans avant l'arrêt de sa publication pour raisons financières.
Un polémiste assumé
Dans les années 1990, un plus large public avait découvert sa verve et ses yeux bleus sur les plateaux télé, où il intervenait comme polémiste et prenait volontiers la posture du «réac» assumé. «Aujourd'hui, je suis résolument de droite. A 90 ans, on n'est plus à gauche. Même Mélenchon changera», s'amusait ce passionné de politique, ami de Pierre Mauroy (son condisciple au collège du Cateau-Cambrésis) et soutien déclaré d'Emmanuel Macron en 2017.
Son autre passion était le théâtre. Il avait notamment écrit comme critique théâtral dans Le Canard enchaîné ou Le Figaro et avait racheté en 2011 le Théâtre de Poche-Montparnasse, qu'il dirigeait avec sa fille, Stéphanie Tesson.
Père de deux autres enfants, l'écrivain Sylvain Tesson et la journaliste Daphné Tesson, Philippe Tesson était né dans une famille bourgeoise de Picardie, à Wassigny (Aisne) le 1er mars 1928.
«Tout ce qui fait la vie est information»
Avec sa femme médecin, Marie-Claude Millet (1942-2014), il avait également fondé en 1971 «Le Quotidien du médecin», puis, en 1985, «Le Quotidien du pharmacien». A l'annonce de sa disparition, le site du «Quotidien du médecin», l'une des publications médicale de référence, a d'ailleurs rendu hommage à Philippe Tesson en republiant un entretien «testamentaire», paru initialement en 2021 pour les 50 ans du journal, et que le journaliste lui-même avait longuement préparé.
« Tout commence par une histoire d'amour » : l'interview-testamentaire de Philippe Tesson à l'occasion des 50 ans du « Quotidien ». https://t.co/mLEC0b3DM8
— Le Quotidien du Médecin (@leQdM) February 2, 2023
Pour expliquer comment était né le projet d'un périodique spécialement dédié aux médecins, Philippe Tesson avait notamment indiqué que «tout ce qui fait la vie est information, et l’addition des informations est le meilleur lien qui puisse exister à l’adresse d’une communauté humaine quelle qu’elle soit».
«Or, avait-il ajouté, le corps médical est une communauté unie par des liens d’une force exceptionnelle, tissés à la fois par la pratique quotidienne, par le savoir scientifique, par la curiosité intellectuelle, par la finalité du combat contre la souffrance et contre la mort». Et d'insister : «une telle communauté a besoin d’être liée par un journal qui est par nature le meilleur support qui rassemble les hommes».