Les nominations aux Oscars 2023 ont été annoncées, soulevant des critiques. En cause, la catégorie Meilleure réalisation qui n'inclut aucune femme cinéaste.
Depuis 2015 et l'apparition du #OscarsSoWhite, la cérémonie des Oscars enchaîne les polémiques quant à son manque de diversité. Cette année, c'est l'absence de réalisatrice qui provoque de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux, sous le hashtag #OscarsSoMale.
Sarah Polley («Women Talking»), Gina Prince-Bythewood («The Woman King»), Maria Schrader («She Said») ou encore Charlotte Wells («Aftersun )… Aucune de ces cinéastes ne figurent en effet dans la liste des nommés à l’Oscar de la Meilleure réalisation 2023.
L'Académie a préféré retenir Daniel Kwan et Daniel Scheinert («Everything Everywhere All at Once»), Todd Field («Tár»), Martin McDonagh («The Banshees of Inisherin»), Ruben Östlund («Triangle of Sadness») et Steven Spielberg (The Fabelmans»).
Suite à l’annonce de ces nominations, l'organisation Women In Film de Los Angeles a été parmi les voix à s'élever pour condamner l'Académie pour avoir omis les femmes cinéastes. «Une fois de plus, les électeurs de l'Académie ont montré qu'ils ne valorisaient pas la voix des femmes, nous excluant des nominations du meilleur réalisateur», est-il écrit dans un communiqué.
«Un Oscar est plus qu'une statue en or, c'est un accélérateur de carrière qui peut conduire à un travail continu et à une rémunération accrue. C'est pourquoi le WIF continuera à défendre le travail de réalisatrices talentueuses comme Sarah Polley, Gina Prince-Bythewood, Maria Schrader, Chinonye Chukwu et Charlotte Wells.»
Cette absence de femmes dans la catégorie meilleure réalisation vient mettre un terme à deux années fructueuses marquées par les victoires de Chloé Zhao en 2021 pour «Nomadland» et de Jane Campion l'année dernière pour «Power of the Dog».
Il est à rappeler que dans l'histoire des Oscars, seulement sept femmes ont été nommées pour la réalisation, et que seulement trois d’entre elles ont été sacrées. Il avait fallu 82 ans à la première pour remporter ce prix, et ce fut Kathryn Bigelow pour «The Hurt Locker».
Seuls 9% des réalisateurs des 100 meilleurs films sont des femmes
Bien qu'aucune femme n'ait été reconnue pour la réalisation cette année, le drame de Sarah Polley «Women Talking», une adaptation du roman de Miriam Toews, a été acclamé par la critique et figure parmi les 10 films nommés pour le meilleur film.
Si les femmes sont de plus en plus nombreuses à travailler derrière la caméra, le combat pour se faire une place à Hollywood est encore loin d'être terminé. Avant les nominations de cette année, il y avait 581 films nommés par l'Académie, relève le magazine Variety, qui regrette que seuls 18 de ces films aient été réalisés par une femme, à commencer par «Children of a Lesser God», de Randa Haines (1986).
«Les sélections de l'Académie ne sont qu'un symptôme du problème qui afflige Hollywood, poursuit le journaliste de Variety. «Bien qu'il y ait eu une nette amélioration au cours des dernières décennies, il y a également eu une régression, prouvée par les recherches de l'USC Annenberg», est-il développé. «Le rapport a révélé que sur les 111 réalisateurs embauchés pour réaliser les 100 films les plus rentables l'année dernière, seulement 9% étaient des femmes. Ce chiffre était en baisse par rapport aux 12,7 % de 2021. Dans le même temps, le nombre de cinéastes noirs, asiatiques, hispaniques/latinos et multiraciaux et multiethniques est également passé de 27,3 % en 2021 à 20,7 % en 2022. Les femmes de couleur représentaient seulement 2,7% des réalisateurs des 100 meilleurs films l'année dernière.»
Elles aussi derrière la caméra, les directrices de la photographie seront cette année au moins représentées par Mandy Walker, qui a travaillé sur le film «Elvis», et qui devient en 2023 la troisième femme à être nommée pour la meilleure photographie depuis que Rachel Morrison avait brisé le plafond de verre avec «Mudbound», en 2018.
«Je suis tellement honorée et fière», a-t-elle réagi pour THR. «Je suis vraiment fière du film (‘Elvis’ a reçu huit nominations, dont celles du meilleur film et du meilleur acteur pour Austin Butler dans le rôle-titre, ndlr) et je sais que le public a adoré le film, et il a bien marché au box-office. Je suis contente que cela soit reconnu de cette façon», a-t-elle déclaré.
«Les femmes font un excellent travail et maintenant nous sommes reconnues pour cela», a-t-elle ajouté, soulignant que les opportunités pour les femmes dans son domaine «s'améliorent lentement». «Elvis» était sa quatrième collaboration avec Luhrmann. Auparavant, elle avait notamment travaillé sur les campagnes Chanel n° 5, mettant en vedette Nicole Kidman et Gisele Bündchen.
L'année dernière, la directrice de photographie Ari Wegner était devenue la deuxième femme nommée dans cette catégorie pour son travail sur «The power of the Dog». Walker marchera-t-elle dans ses pas ? Réponse cette nuit, lors de la cérémonie des Oscars qui se déroule au Dolby Theater de Los Angeles, et est retransmise en direct sur Canal+.