Le prix traditionnellement très élevé des livres en braille rejoint ce mercredi 4 janvier celui des éditions classiques, afin de favoriser l’égalité d’accès à la culture des personnes aveugles.
Les déficients visuels vont (enfin) pouvoir payer leur livre en braille au même prix que le grand public. Plus de 2.000 références en braille sont ainsi accessibles depuis ce mercredi 4 janvier au tarif d'un livre classique, soit plus de 40 ans après l'instauration du prix unique du livre, a annoncé le Centre de transcription et d'édition en Braille (CTEB), à l’occasion de la Journée mondiale du braille.
Alors que le catalogue CTEB proposait jusqu'à présent ses livres à la vente entre 60 et 122 euros, ils seront désormais vendus au prix des éditions destinées au grand public, soit entre 11 et 30 euros.
«Le 4 janvier 2023, après quarante ans d'attente, le prix unique du livre (loi Lang de 1981), dont l'édition classique bénéficiait, sera appliqué aux livres en braille de notre catalogue», se félicite dans un communiqué le CTEB, à la fois principale imprimerie en braille de France, librairie et maison d'édition, basé à Toulouse.
«C'est une excellente initiative puisque l'accès à la lecture en braille permet aux aveugles et malvoyants qui le pratiquent d'avoir un accès direct (au livre), contrairement à de la lecture audio où on a le prisme de quelqu'un qui lit un ouvrage», se réjouit Bruno Gendron, président de la Fédération des aveugles de France, contacté par l'AFP.
D'autre part, vendre les livres au prix du marché, «cela supprime le phénomène discriminatoire vis-à-vis des personnes aveugles et mal voyantes qui devaient payer plus cher» pour le même ouvrage, a-t-il ajouté.
Un coût de fabrication très élevé
«C'est un pari audacieux», ne cache pas à l'AFP la directrice du centre, Adeline Coursant, car son institution n'a la capacité de financer ce changement de prix que pour une, voire deux années.
«Il faudra rapidement trouver des aides pour pouvoir continuer», précise-t-elle, estimant cependant que le risque en vaut la peine «car c'est enfin rendre justice aux aveugles».
Le coût de fabrication d'un livre en braille - environ 700 euros, selon le CTEB - est beaucoup plus élevé que celui des livres classiques, car il nécessite un travail de transcription fait par des spécialistes, des machines particulières et un papier spécifique, plus épais.
«À l'heure où le coût du papier et de l'énergie explosent, où le pouvoir d'achat est restreint par l'inflation, l'effort pour mettre en place cette mesure est un symbole fort et une première importante dans le monde du handicap visuel et de l'égalité des chances», se réjouit l'association.
Une date symbolique
Pour lancer son initiative, le CTEB a choisi la date symbolique du 4 janvier, qui est la Journée mondiale du braille. Elle a été instituée en 2001 par l'Union mondiale des Aveugles pour célébrer la naissance de l'inventeur de cet alphabet tactile, le Français Louis Braille, le 4 janvier 1809.
Selon le CTEB, entre 1,7 et 2 millions de personnes sont déficientes visuelles en France métropolitaine. Parmi elles, environ 15%, soit entre 255.000 et 300.000 personnes, lisent le braille. Il est également indiqué que sur les 100.000 livres publiés par an, 3 % seulement sont accessibles en braille.
Le CTEB fait savoir qu’un catalogue gratuit et actualisé, au format braille papier ou numérique (PDF, DOCX), peut être envoyé sur simple demande au 05 61 57 95 89 ou par e-mail à : [email protected].