Dans «Tirailleurs», au cinéma ce mercredi, Omar Sy incarne un père sénégalais enrôlé avec son fils dans l’armée française durant la Première Guerre mondiale. Avec ce rôle inédit, l’acteur rend hommage à ces soldats africains dont le destin tragique reste méconnu.
Alors qu’il se classe à la troisième place des personnalités préférées des Français, selon un récent sondage réalisé par l’Ifop et le Journal du Dimanche, Omar Sy revient ce mercredi 4 janvier au cinéma dans «Tirailleurs» avec un rôle poignant bien loin des comédies à succès de ses débuts et du «SAV des émissions» avec Fred Testot.
L’acteur, également coproducteur de ce drame historique qui se déroule en 1917, se glisse dans la peau de Bakary Diallo, un père de famille sénégalais qui s’engage volontairement dans l’armée française pour tenter de protéger son fils de 17 ans, Thierno (Alassane Diong), enrôlé de force dans les tranchées de la Grande Guerre. Galvanisé par son supérieur français, l’adolescent est en passe de devenir un homme et tente, au milieu de ces combats sanglants, de s’affranchir de son patriarche qui ne souhaite pourtant que son bien, et de monter en grade dans un pays dans lequel il rêve de rester, une fois que la paix sera revenue.
«On n’a pas la même mémoire, mais on a la même Histoire». C’est en ces termes qu’Omar Sy a présenté ce long-métrage de Mathieu Vadepied, avant sa projection en ouverture de la section «Un certain regard» au Festival de Cannes, en mai dernier.
« Tirailleurs » hier soir en ouverture de la sélection Un Certain Regard @Festival_Cannes Fierté pic.twitter.com/4Q3dWDy1CT
— Omar Sy (@OmarSy) May 19, 2022
A travers cette relation poignante entre un père et son fils, tous deux arrachés à leur village du Sénégal, «Tirailleurs» raconte celle de quelque 200.000 tirailleurs originaires d’Afrique occidentale et centrale - colonisées par la France -, qui ont été envoyés au front lors de la Première Guerre mondiale et dont on ne parle que très peu sur grand écran.
Une interprétation en langue peule
Il aura fallu plus de dix ans à Omar Sy et à Mathieu Vadepied pour finaliser ce projet de film qui leur tient tant à cœur. C’est en effet sur le plateau d’«Intouchables» (2011) que le comédien a discuté pour la première fois de cette histoire avec le réalisateur, à l’époque directeur de la photographie sur le film d’Olivier Nakache et Eric Toledano. Ensemble, ils ont évoqué la tombe du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe et ces nombreux combattants que les manuels d’histoire ne citent que trop peu.
Malgré une mise en scène classique et un traitement des faits académique, «Tirailleurs» filme un Omar Sy plus grave et impliqué que jamais, face au jeune Alassane Diong tout aussi convaincant. L’interprète d’Arsène Lupin a refusé de jouer «un Français avec un accent», comme il l’explique dans les notes de production, et a préféré que son personnage parle la langue peule. «Un choix déterminant» pour le comédien de 44 ans, dont les propos sur la guerre en Ukraine au Parisien ont par ailleurs créé la polémique.