L’humoriste et acteur Ahmed Sylla est à l’affiche du film «Les femmes du Square». Signée Julien Rambaldi, cette comédie sociale attachante sur la précarité des nounous sort dans les salles obscures ce mercredi 16 novembre.
Dans «Les femmes du Square», au cinéma ce mercredi, Ahmed Sylla incarne Edouard, un avocat ambitieux qui va tomber sous le charme d'Angèle (Eye Haïdara), une jeune ivoirienne charismatique qui découvre les conditions de travail des nounous étrangères dans les beaux quartiers parisiens et qui, avec son aide, va se battre pour leur rendre justice.
Pourquoi le scénario de ce film, dans lequel des femmes en détresse gardent les enfants des autres sans pouvoir avoir les leurs auprès d’elles, vous a particulièrement touché ?
J’ai beaucoup aimé la manière dont Julien, le réalisateur, a voulu raconter l’histoire de ces femmes de l’ombre, ces nounous que l’on ne voit pas. Elles font partie de nos vies, du paysage, mais elles sont effacées, alors qu’elles gèrent le quotidien de millions de personnes, et éduquent les enfants. Ce qui m’a plu c’est que l’héroïne, celle qui va sauver ces nounous, des femmes qui ont du cœur, intelligentes et fortes, fait partie de leur milieu.
Quel effet ça fait de se glisser dans la peau d’un avocat ?
C’est très gratifiant, et je suis hyper content d’avoir pu jouer ce rôle car je n’aurais jamais pu être avocat dans ma vie. Je n’aurais jamais eu le courage.
J'ai préparé mon rôle en regardant la série 'Suits'.
Le cinéma me permet d’endosser des rôles très différents et de faire plein de métiers sans avoir fait les études pour. Puis ce n’est pas un rôle où on m’attend, donc cela montre que l’on peut me faire confiance sur d’autres registres.
En effet, votre jeu est plus sérieux et sobre que d’ordinaire. Est-ce que c’était un défi pour vous d’incarner Édouard, un personnage assez rigide ?
Oui, c’était un vrai défi. Mais j’ai pu compter sur l'aide de Julien, qui m’a vraiment guidé. Je me suis laissé porter par ses indications et j’ai fait fi de tout ce que j’avais l’habitude de faire jusqu’à présent.
Je ne voulais pas rajouter de l’humour. Je voulais que ce soit un personnage fin, et sur la retenue. J’ai pris beaucoup de plaisir à incarner ce rôle et il m’a donné envie d’explorer plein d’autres personnages et genres cinématographiques.
Comment avez-vous travaillé votre personnage ?
J'ai préparé mon rôle en regardant la série «Suits», dont je suis très fan. Pour incarner au mieux mon personnage, j’ai regardé à nouveau plein d’épisodes.
Quand il y a un bisou, ou un rapprochement, je suis souvent mal à l’aise.
Dans ma tête j’étais Harvey Specter (le personnage principal de la série, un brillant avocat dans un grand cabinet new-yorkais, NDLR). J’ai fait attention à sa tenue, à la posture de ses épaules…
Vous donnez la réplique à Eye Haïdara, qui joue une femme audacieuse, qui va bousculer vos certitudes et dont vous allez tomber amoureux. Est-ce que vous avez appréhendé les scènes intimes ?
Oui, énormément. Je suis une personne très pudique et timide. Quand il y a un bisou, ou un rapprochement, je suis souvent mal à l’aise. J’ai essayé de négocier avec Julien pour éviter certaines scènes mais elles étaient essentielles, et tournées dans la pénombre. Je lui ai fait confiance et tout s’est très bien passé.
Ce long-métrage rappelle à quel point les gardes d’enfants à domicile sont indispensables, et demeurent parfois trop peu considérées. Pensez-vous que le cinéma à le pouvoir de faire évoluer la société ?
Le cinéma a le pouvoir d’éveiller les consciences. Il peut permettre de réparer certaines injustices en les mettant en lumière. Après avoir vu «Les femmes du Square», certains spectateurs vont peut-être regarder différemment, et avec un peu plus de considération, les personnes qui viennent chez eux pour les aider dans la vie de tous les jours.
Dans notre époque actuelle, quelles sont les causes qui vont tiennent le plus à cœur ?
Je suis sensible à l’avenir de la planète et j’essaie de faire attention à ma manière de consommer et de vivre au quotidien pour la génération future.
Les communautés se sont renfermées sur elles-mêmes.
Je dois faire encore beaucoup d’efforts, mais je trie mes déchets, je ramasse les papiers par terre… J’aime beaucoup la viande mais je fais en sorte de moins en manger. Cependant, je suis très peiné quand je vois des activistes détruire un tableau de Van Gogh avec de la soupe.
Par ailleurs, j’ai l’impression qu’au fil des années les communautés se sont renfermées sur elles-mêmes. Dans les années 1990, et début des années 2000, on était plus liés. Même si le racisme existait, on ne regardait pas la religion ni la couleur de peau de l’autre. Aujourd’hui la société est plus éclatée, et c’est dommage. J’ai envie que l’on se rapproche davantage les uns des autres, que l’on soit ensemble.