L'écrivaine Brigitte Giraud remporte le prix Goncourt 2022 pour son roman «Vivre vite», paru chez Flammarion.
Le verdict est tombé. Le Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires du monde francophone, a été décerné ce jeudi 3 novembre à Brigitte Giraud, pour son roman «Vivre vite» (éd. Flammarion).
Elle l'a emporté au 14e tour d'un scrutin très serré face à Giuliano da Empoli, avec «Le mage du Kremlin» (éd. Gallimard), grâce à la voix du président Didier Decoin qui compte double. Brigitte Giraud est la 13e femme récompensée depuis la création du Goncourt, il y a près de 120 ans.
— Académie Goncourt (@AcadGoncourt) November 3, 2022
Dans «Vivre vite», Brigitte Giraud, 56 ans, tente de comprendre ce qui a conduit à l’accident de moto qui a coûté la vie à son mari, Claude, le 22 juin 1999 à Lyon. Il avait 41 ans. Pressé de commencer les travaux de leur nouvelle demeure, le couple en avait oublié que vivre était dangereux.
un roman prenant et intime
Telle une enquêtrice, la romancière lyonnaise, qui avait déjà évoqué ce tragique événement dans «A présent», revient sur l'enchaînement des causes, cette suite de décisions, de coïncidences, qui mises bout à bout, ont conduit à ce drame, qui a bouleversé sa vie. Etait-ce le fruit du hasard, ou simplement le destin ?
Pour se faire, elle convoque les «si» : et si elle n'avait pas voulu vendre l’appartement du quartier de la Croix-Rousse, et s’ils avaient eu les clefs de la nouvelle maison à l’avance, et si son frère n'y avait pas garé sa moto (interdite au Japon) pendant ses vacances, et s’il avait plu ce jour-là…
«J’ai emménagé seule avec notre fils, au cœur d’un enchaînement chronologique assez brutal. Signature de l’acte de vente. Accident, déménagement. Obsèques», écrit l'auteure, qui sonde une dernière fois les questions restées sans réponse.
«Je fais une dernière fois le tour de la question, comme on fait le tour du propriétaire, avant de fermer définitivement la porte. Parce que la maison est au cœur de ce qui a provoqué l’accident», écrit-elle.
Rythmé par des airs de musique rock, ce roman prenant et intime, qui dresse aussi le portrait d’une époque, fait partie de ceux qui, une fois refermés, continuent de résonner en nous.
L'écrivaine native d'Algérie, qui a obtenu le Goncourt de la nouvelle 2007 pour le recueil «L'amour est très surestimé», succède ainsi à Mohamed Mbougar Sarr, récompensé en 2021 pour son roman «La Plus secrète mémoire des hommes» (éd. Philippe Rey).
le renaudot à Simon Liberati
Le prix Renaudot a quant à lui été attribué dans la foulée de l'annonce du Goncourt à Simon Liberati pour «Performance» (éd. Grasset).
Son ouvrage raconte l’histoire d’un septuagénaire qui renoue avec le feu sacré en écrivant une mini-série sur les Rolling Stones, et qui a une relation avec Esther, une jeune femme de près de 50 ans plus jeune que lui. Une situation amoureuse que l’auteur a vécue.
«C’est relativement scandaleux, mais j’avais besoin de l’écrire. La culpabilité, la mauvaise conscience, est une chose qui m’intéresse», a-t-il confié à Anne Fulda, sur CNEWS.
L'écrivain a obtenu 6 voix parmi les membres du jury. En 2021, c'est Amélie Nothomb qui avait été sacrée pour «Premier sang» (éd. Albin Michel), un ouvrage sous forme de conte au fil duquel elle rend hommage, de manière touchante et décalée, à la figure paternelle.