Lio explique avoir pris conscience que les paroles du tube «Banana Split» étaient une «porte ouverte aux pédocriminels» et, hantée elle-même par un terrible traumatisme, dit regretter aujourd'hui d'avoir chanté cette chanson.
«C’est le dessert que sert l’abominable homme des neiges à l’abominable enfant teenage / Un amour de dessert», dit le refrain du célèbre tube «Banana Split» sorti en 1980. Des paroles que regrettent aujourd’hui amèrement son interprète Lio, qui avait 18 ans à l’époque.
Désormais âgée de 60 ans, la chanteuse a confié qu’elle n’aurait jamais dû accepter de chanter ces paroles au «double sens suggestif». «Je sais que j’ai totalement ouvert la porte aux pédocriminels et que j’ai apporté de l’eau à leur moulin. Je m’en aperçois aujourd’hui. Je pense qu’on peut me pardonner parce que, vraiment, à ce moment-là, je ne voyais pas que j’étais totalement complice de ce traitement infâme pour les jeunes filles et les jeunes femmes», a-t-elle confié dans le livre «Toutes pour la musique», de Chloé Thibaud, cité par Le Parisien.
«J’avais le sentiment que je jouais avec quelque chose qui était tabou. Et je trouve que tout ce qui est tabou, il faut un peu le bousculer. Mais maintenant, je n’aurais pas du tout la même position, surtout en ce qui concerne l’inceste», a-t-elle tenu à faire savoir. «Contrairement à France Gall (qui chantait ‘Les Sucettes’ en 1966, autre chanson à double sens), je savais ce que voulait dire ‘Banana Split’ quand j’ai chanté cette chanson», a-t-elle concédé. «Mais je comprends désormais que je ne le savais pas tant que ça», a-t-elle ajouté.
Le poids du silence
Sa prise de conscience résonne tout particulièrement avec un terrible traumatisme, puisqu'il y a quelques mois, la chanteuse a révélé avoir été victime d’un viol durant son enfance. «J'ai été violée par un proche de la famille quand j'avais 10 ans, à l'arrière de la voiture de mes parents», avait-elle confié à Télé-Loisirs. Un viol qu'elle n'avait jusque-là encore jamais qualifié ainsi, car dans son entourage «jamais personne n’a nommé ça un viol», expliquait-elle. Il y a seulement deux ans qu'elle avait pu réaliser et verbaliser ce qui lui était réellement arrivé. «Depuis (que le traumatisme a resurgi, ndlr) rien ne va», avait-elle confié.
Elle avait aussi manifesté sa colère de voir comment les femmes victimes de viols, d'agressions sexuelles ou de violences, étaient si peu considérées. «On se débrouille parce qu’on n’est pas reconnues, pas accueillies. On est maltraitées même quand on vient porter plainte et que rien ne bouge», avait-elle alors déploré.