L'été cinéma se termine et avec lui, la saison des blockbusters. Si le cinéma français a été globalement en difficulté, les mastodontes américains ont tenu leur rang, en remplissant les salles. Avec, en tête, le carton de «Top Gun : Maverick», qui a dépassé les six millions d'entrées.
L'heure du bilan. La fin de l'été permet de mettre en perspective les succès et échecs côté cinéma. Apparaît alors un constat clair : les productions françaises ont été bien à la peine face à leurs pendants états-uniens. Plus largement, les spectateurs ont été moins nombreux en salles.
Selon le Centre national de la cinématographie (CNC), le nombre de tickets déchirés n'a toujours pas retrouvé son niveau d'avant crise Covid. Entre une programmation lourde et la baisse conjoncturelle du pouvoir d'achat, les cinémas ont encore du mal à sortir la tête de l'eau, avec une baisse d'affluence aux alentours des 30%.
Les blockbusters, l'arbre qui cache la forêt
Parmi les indéniables réussites estivales figurent les films américains. Les blockbusters caracolent en tête du box-office sur tous les indicateurs, chacun ayant dépassé les 2,5 millions d'entrées. À cette heure, neuf films du top 10 des entrées annuelles sont hollywoodiens.
C'est le cas de «Doctor Strange in the Multiverse of Madness» (3,27 millions), des «Animaux Fantastiques : les Secrets de Dumbledore» (2,75 millions), «Jurassic World : le Monde d'Après» (3,48 millions au 31 août) ou encore «Les Minions : Il était une fois Gru» (3,67 millions au 31 août). «Ce sont eux les gagnants de l'été», en conclut Davy Dourret, fondateur de Cine Directors, site web spécialisé dans le box-office français et international.
Mais ces succès ont tous été balayés par le carton de l'été : «Top Gun : Maverick». Comme à son habitude, Tom Cruise sauve le monde (et les salles) en dépassant bientôt les six millions et demi d'admissions. Un chiffre d'autant plus impressionnant que le long-métrage de Joseph Kosinski figure toujours dans le top 5 du box-office après 14 semaines d'exploitation.
«C'est la conjonction de bonnes conditions : le statut de Tom Cruise, la star des années 1980 qui génère le plus d'entrées, le statut culte du premier film, la qualité du film en lui-même, considéré comme supérieur au premier et le besoin des spectateurs de se rassurer avec une valeur sûre : une suite», analyse Davy Dourret.
Salles remplies pour «one Piece» ou «La Nuit du 12»
Côté films français, peu de réels succès sont à énumérer. Le troisième volet de «Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?» a rassemblé 2,4 millions de Français. Mais la franchise a dégringolé épisode après épisode (12,3 millions pour le 1er et 6,7 millions pour le 2e), traduisant un sentiment de lassitude. À noter la solidité de la saga «Ducobu», dont le 4e épisode a encore dépassé le million de spectateurs. D'autres beaux succès sont à énumérer comme «Les SEGPA» (710.000 pour un budget de 2,6 millions d'euros) et «La Nuit du 12» de Dominik Moll, qui pourrait atteindre les 450.000 entrées grâce à un très bon bouche à oreille.
#LaNuitDu12 vient de dépasser les 400.000 entrées avec un cumul de 415.637 entrées en fin de 7ème Week-End. Il dépassera aussi les 500.000 et sera très bientôt le 2ème plus gros succès de la carrière de Dominik Moll devant Lemming (431.954) cc @hautetcourt pic.twitter.com/YYAM1vElxJ
— Le Box-Office des films en France et dans le Monde (@boxofficefr) August 29, 2022
Difficile également de ne pas traiter des réussites du box-office sans parler de «One Piece - Red». Le long-métrage, adapté du manga le plus vendu dans le monde (près de 500 millions d'exemplaires vendus), a rempli les salles lors d'avant-premières fructeuses (près de 120.000 entrées sur une journée), et dépassera le million de spectateurs.
Une carrière qui démontre le potentiel des films d'animation japonais en France. «Ce succès est grandement dû à l'offre grandissante : Dragon Ball Super : Broly», «Demon Slayer», «Jujutsu Kaisen - 0». Mais c'est aussi l'intelligence des distributeurs, en organisant de grosses avant-premières qui génèrent l'événement», poursuit Davy Dourret.
Le cinéma français finit tête basse
Succès va toujours de pair avec déceptions. Et cet été, les échecs les plus conséquents concernent immanquablement les comédies françaises. «Les Folies fermières», «J'adore ce que vous faites», «Champagne !», «La Petite bande», «La Très Très grande classe», autant de longs-métrages passés inaperçus dans les salles.
«À peine un ou deux films ont dépassé les 300.000 spectateurs, pour des budgets moyens de 6,6 millions d'euros», souligne Davy Dourret. À noter également les échecs de «Les Vieux Fourneaux 2» et «Joyeuse Retraite 2» qui feront trois à quatre fois moins d'entrées que leurs prédécesseurs.
Quelques films américains n'ont pas échappé à cette tendance de calendrier «trop fourni», symbole d'un rattrapage de programmation post-Covid. «Difficile de ne pas évoquer «Buzz l'Eclair», «The Northman» ou «Men», détaille le spécialiste. Même cas de figure pour «Rifkin's Festival», qui a vu le réalisateur stakhanoviste Woody Allen vivre son pire démarrage en France depuis le début de sa carrière et un bilan inférieur à 100.000 entrées.
«Kompromat», «Black Panther» et «Avatar 2» dicteront la fin d'année
La tendance ne devrait pas s'inverser pour cette fin d'année. La rentrée sera, comme à son habitude, marquée par des films français et indépendants. On pense à «Kompromat» avec Gilles Lellouche, «Rodéo» de Lola Quivoron, «La Belle Course» avec Line Renaud et Dany Boon, ainsi que la Palme d'or cannoise de l'année, «Sans Filtre» de Ruben Östlund.
««Kompromat» attirera-t-il le grand public ? Comment croire que Dany Boon acteur drainera encore les spectateurs en masse, de même que les prochaines grosses comédies ? Rien n'est joué, mais il faut rester prudent», analyse Davy Dourret.
Ce sera ensuite au tour des grosses productions d'entrer en jeu dès le mois d'octobre. «Novembre» de Cédric Jimenez, racontant la traque des terroristes du Bataclan, devrait être le film français événement de l'automne. Hollywood abattra ensuite ses cartes avec un duel DC contre Marvel : «Black Adam» et «Black Panther : Wakanda Forever».
Enfin, c'est «Avatar : La Voie de l'Eau» qui polarisera l'ensemble du parcage cinématographique mondial. Pour rappel, le premier volet avait attiré 14,6 millions de spectateurs lors de sa sortie en 2009. Pour attiser l'impatience du public, Disney ressort le film ayant généré le plus d'argent de l'histoire du cinéma (hors inflation) dans une version longue remasterisée par James Cameron, le 21 septembre prochain.