Le réalisateur australien Baz Luhrmann s’est donné un défi de taille : redonner vie à l'icône du rock'n'roll Elvis Presley. Et il l’a relevé. Le biopic événement «Elvis» est à découvrir dans les salles obscures dès ce mercredi 22 juin prochain.
Après «Moulin rouge!» et «Gatsby le Magnifique», Baz Luhrmann est de retour avec «Elvis», un biopic époustouflant retraçant la trajectoire hors du commun du chanteur américain, décédé à 42 ans, en 1977. Et c’est à Austin Butler que le cinéaste a confié la lourde tâche d’incarner The King. Le jeune acteur charismatique et chanteur, qui a préparé son rôle pendant 3 ans, crève l’écran.
Outre sa performance vocale (les chansons de la période antérieure aux années 1960 sont interprétées par le comédien), il restitue sa vulnérabilité, et reproduit à la perfection la gestuelle, les mimiques, et le déhanché provocateur d’Elvis, qui effraie les parents et rend hystérique les ados. Les cheveux gominés, il excelle aussi bien dans les séquences dramatiques que sur scène, face à un public en transe, des dessous féminins sur la tête.
Elvis et le colonel Parker
De son enfance à Memphis, ville du blues et du gospel, qui a suscité sa vocation, jusqu’à l’obtention de son statut de star internationale jusqu'à sa mort prématurée, ce film euphorisant suit Elvis sur deux décennies, à travers le prisme d’un autre homme : son redoutable manager, le colonel Parker, ancien forain en quête d’une nouvelle bête de scène.
Comme le montre l'une des premières scènes, il l’a repéré au cours de son premier concert public, au Hayride. Cette figure controversée et cupide, mais sans qui ce garçon originaire du quartier noir de Tupelo ne serait pas devenu The King, est d’ailleurs le narrateur de ce biopic. Et pour ce rôle énigmatique, Baz Luhrmann a fait appel à Tom Hanks, métamorphosé avec ses vingt kilos en plus et ses très nombreuses prothèses.
Le lien fusionnel du chanteur avec sa mère et son amour pour sa femme Priscilla Presley (Olivia DeJonge), sont bien entendu évoqués, mais passent au second plan. Ici, les projecteurs sont braqués sur la relation complexe entre ces deux êtres solitaires. «Je suis toi, et tu es moi», lance l’acteur oscarisé.
Ponctué de plusieurs images d’archives et de numéros musicaux à couper le souffle, ce biopic, le premier dédié à Elvis, aussi surprenant que cela puisse paraître, ne raconte pas seulement un homme, mais un pays. On est dans l’Amérique raciste des années 1950 à 1970, alors traversée par des bouleversements socioculturels majeurs. «Quand c’est trop dangereux à dire, chante», conseille-t-on au jeune prodige.
un grand spectacle
Puis l’euphorie laisse place à l’émotion. L’adrénaline redescend dans le dernier acte, lorsqu’il se retrouve enfermé dans une prison dorée, à l’hôtel Intercontinental. Certains initiés s’arracheront les cheveux en constatant plusieurs ellipses et raccourcis musicaux, mais ces 2h40 n’en demeurent pas moins bien exploitées.
Au fil du long-métrage, on croise aussi B.B. King (Kelvin Harrison Jr), avec qui Elvis Presley a noué de solides liens d’amitié, ou encore Little Richard (Alton Mason) et son «Tutti Frutti». Il faut noter aussi le soin apporté aux décors, à la mise en scène et aux costumes. On ressort de ce film en ayant l'impression de descendre d’un manège à sensation. Un grand spectacle à ne pas manquer.