Chanteuse, danseuse, résistante, mère de douze enfants adoptés…Joséphine Baker a eu mille vies. Un destin incroyable, qui lui a valu d’entrer au Panthéon en novembre 2021, transposé à la scène dans un spectacle musical dévoilé en juin prochain, à la Nouvelle Eve.
C’est après une visite du Château des Milandes - ancienne demeure de Joséphine Baker, aujourd’hui propriété de la famille de Saint-Exupéry, qui en a fait un musée consacré à l’artiste - que l’idée a germé dans la tête du metteur en scène, librettiste et compositeur Jean-Pierre Hadida.
Dans ce «château où elle a créé sa fameuse famille arc-en-ciel [12 enfants adoptés aux quatre coins du monde ndlr] mais aussi château qui l’a ruiné, car Joséphine a eu des hauts et des bas», explique le metteur en scène, «il y avait une âme». Il s’est donc attelé à consacrer un spectacle au destin hors norme de cette grande dame, née en 1906 aux Etats-Unis, mariée à 13 ans, devenue star du music-hall, espionne et décédée en 1975, à Paris.
Un biopic en musique
«Sa vie est un roman», poursuit le metteur en scène, qui n’aime rien de moins que de mettre en lumière des figures inspirantes prônant la tolérance, à l’instar d’Anne Frank ou de Nelson Mandela, à qui il a respectivement consacré un spectacle. Avec «Joséphine», donné à partir du 3 juin - jour de son anniversaire - c’est son incroyable parcours qu’il met en musique. Un récit dévoilé pour cinq représentations (3, 7 , 15, 22 et 28 juin) à la Nouvelle Eve, salle située à deux pas de l’ancien cabaret de Joséphine.
Dans ce spectacle biopic, il retrace, en une quinzaine de tableaux, son parcours, des ghettos du Missouri au Panthéon, en passant par son passé de résistante, son rêve humaniste mais aussi la ruine à laquelle elle a dû faire face.
Sa vie est un romanJean-Pierre Hadida, auteur, metteur en scène et compositeur
«Tout le monde connaît la chanteuse, la ceinture banane, "J’ai deux amours", mais tout le monde ne connaît pas son passé de résistante, d’espionne. Elle a fait passer des partitions écrites à l’encre sympathique. Elle a caché des gens dans son château. Elle a rejoint le général de Gaulle en Afrique du Nord, mais aussi Martin Luther King, en 1963, lors de son célèbre discours «I have a dream» à Washington où elle fut la seule femme à prendre la parole ce jour-là», note Jean-Pierre Hadida. Et de poursuivre, dans son château des Milandes, «elle a créé sa famille arc-en-ciel, fidèle à son rêve humaniste, et puis il y a aussi eu la ruine».
Elle pourra alors compter sur une compatriote américaine, la princesse Grace de Monaco pour l’aider, avant de remonter sur scène en 1975 à Bobino, grâce à Jean-Claude Brialy. Joséphine Baker y donna son dernier show à 68 ans, avant de succomber à une hémorragie cérébrale au lendemain de sa quatorzième représentation. «Comme Molière, elle est presque morte sur scène», raconte Jean-Pierre Hadida, laissant derrière elle le destin d’une femme libre et courageuse.
Un voyage dans le temps auquel a participé son fils
Des années 1920 aux années 1970, c’est tout un pan de l’histoire et d’une époque que traverse ce spectacle où l’on croise tous ceux que Joséphine a côtoyé : Jean Gabin, son partenaire à l’écran en 1934, Willie Baker et Jo Bouillon ses maris, Paul Colin, qui a créé sa silhouette sur sa première affiche et fut également son amant, Brigitte Bardot et bien sûr Martin Luther King, avec qui elle a partagé le grand combat de sa vie contre le racisme et la xénophobie. Un spectacle auquel a collaboré l’un de ses fils, Brian Bouillon Baker, qu’il a nourri de «plein d’anecdotes», note Jean-Pierre Hadida.
Les deux hommes ont d’ailleurs écrit ensemble une chanson «C’est pas moi», qui raconte la solidarité des douze frères et sœurs quand ils étaient enfants alors que «Joséphine était une maman sévère», note le metteur en scène. Une foule de souvenirs peuplée de stars venant chez eux, des voyages de sa mère partant avec toutes ses robes et ses malles ainsi que des deux visages de Joséphine Baker. «Celui d’avant-guerre, où elle représentait les années folles avec son personnage androgyne qui scandalisait Paris. Ses sourires, ses grimaces qui faisaient d’elle un personnage de BD. Et celui d’après-guerre avec un sourire plus apaisé d’une femme devenue une humaniste avant tout, luttant contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance», conclut Jean-Pierre Hadida.
Une grande dame à l’histoire palpitante campée sur scène par Nevedya, qui reprendra notamment les grands titres de celle que l’on surnomme «La Vénus Noire». Une femme inspirante assurément.
«Joséphine», les 3, 7, 15, 22 et 28 juin, La nouvelle Eve, Paris, puis en tournée à partir de novembre prochain.