Que la partie commence. L’actrice Miou-Miou, figure du cinéma français, est à l’affiche de «Murder Party», une comédie policière sur fond de problèmes familiaux. Réalisé par Nicolas Pleskof, le long-métrage est à découvrir au cinéma ce mercredi.
Dans ce huis clos, Jeanne, une architecte campée par Alice Pol, se voit confier la réhabilitation d’un vaste manoir, où vit la famille Daguerre, à la tête d’un célèbre jeu de société. Quand le patriarche, César (Eddy Mitchel), est retrouvé assassiné en pleine Murder Party, Jeanne est contrainte de participer à ce jeu d’enquête grandeur nature pour retrouver le coupable. Car «si tu ne joues pas, tu meurs».
Cette tragi-comédie, au fil de laquelle résonne le jingle «Grandir ? Pourquoi faire ?», invite le public à lâcher prise et à continuer à s’amuser, notamment autour d’un jeu de société. Pourquoi est-ce si important de garder son âme d’enfant ?
On a tous des souvenirs de nos jeunes années qui sont restés gravés. On se souvient forcément d’un moment qui nous a marqué, des images. Et en étant acteur, on prolonge cette part d’enfance, en y croyant terriblement. Mais à la fois, pour avancer, on n'a pas d’autres choix que de s’en échapper.
Dans ce film, qui semble s’inspirer des codes du film «À couteaux tirés» de Rian Johnson, la famille Daguerre incarne plusieurs névroses familiales. Comment définiriez-vous celle de votre personnage Joséphine, la sœur de César ?
Quand César était veuf, elle est venue habiter au manoir pour l’aider. Ils ont une relation très fusionnelle et ambiguë. Et quand Salomé (son épouse, jouée par Pascale Arbillot, NDLR) arrive et prend sa place, elle a une peine infinie et une rancœur s’installe. Comme tous les autres membres de la famille, elle peut très bien être l'assassin.
J’ai aimé l’idée de me retrouver dans un Cluedo géant.
Pourquoi l’histoire de cette famille pour le moins déjantée vous a-t-elle séduite ?
J’ai aimé l’idée de me retrouver dans un Cluedo géant. Et le réalisateur Nicolas Pleskoof, qui signe son premier long-métrage, avait beaucoup d’enthousiasme. J’ai senti que j’allais vivre une belle aventure. J’ai été séduite par l’extravagance des décors, des costumes et du jeu des acteurs.
Ce whodunit n’est pas sans rappeler «Mais qui a tué Harry ?» d’Alfred Hitchcock, ou encore le roman «Dix Petits Nègres», rebaptisé «Ils étaient dix», d’Agatha Christie. Êtes-vous une amatrice de polars ?
Oui, j’aime beaucoup les polars. Tous les Georges Simenon, les livres d'Agatha Christie, mais aussi ceux de Fred Vargas. Je me suis replongée dans tous ces ouvrages. C’est pourquoi le scénario du film me parlait.
Je me suis aperçue que c’était un film assez sado-maso.
A l’affiche de «Murder Party», on retrouve Eddy Mitchel, Pablo Pauly, Pascale Arbillot, Gustave Kervern, Sarah Stern et Zabou Breitman. De quelle manière avez-vous vécu le tournage ?
Il y a avait une très bonne entente, des rires. Mais le manoir était très inquiétant, comme dans un mauvais comte. Des têtes de cerfs étaient accrochées sur les murs. Puis je me suis aperçue que c’était un film assez sado-maso. On joue à la roulette russe, on risque de recevoir des décharges électriques, et on doit tirer des flèches autour d'un personnage. Après quoi j’ai regardé Nicolas Pleskof différemment…
Prenez-vous toujours autant de plaisir devant la caméra ?
Tout dépend du tournage. Mais j’aime tellement m’approprier les rôles, et passer du temps à écouter les autres acteurs. Ce qui est super dans ce métier, c’est que si ça se passe mal, on sait que l’on sera libéré dans quelques semaines. Et quand ça se passe bien, c’est comme la fin des vacances.
Après avoir été révélée au grand public en 1974, avec «Les Valseuses», de Bertrand Blier, vous avez alterné comédies et drames, et joué pour et aux côtés de grands noms du cinéma. Comment décririez-vous votre carrière ?
Je ne regarde pas trop en arrière. Une chose est sure, je me suis extrêmement amusée et j’ai mis tout mon cœur dans chacun des rôles que l’on m’a confié. Quand on me parle de ma carrière, on ne cite jamais mes derniers films, comme «Belle-fille» ou «Larguées».
Je sais déjà l'extrait que l'on diffusera le jour de ma mort.
On évoque toujours «Les Valseuses», «La femme flic», «La lectrice». Dans l’esprit des gens, la définition de ma carrière s’arrête à mes premiers films, mais c’est très bien ainsi.
D’ailleurs, je sais déjà l'extrait que l'on diffusera le jour de ma mort : celui issu des «Valseuses» dans lequel on me voit courir en disant : «Ca y'est, ça y'est, je l'ai pris, je l'ai pris, mon pied !», et hop à la flotte. Il résume une vie.