L'amour n'a pas d'âge. Fanny Ardant est à l’affiche du film «Les Jeunes amants», de Carine Tardieu, qui sort au cinéma ce mercredi. Ce mélodrame précieux et bouleversant s’attache à montrer que le grand amour entre deux êtres est bien plus puissant que les conventions sociales.
Réalisé à partir d’un scénario de Solveig Anspach, décédée en 2015, le long-métrage est centré sur une liaison amoureuse entre Shauna, une ancienne architecte de 70 ans, libre, indépendante, incarnée par la magnifique et envoûtante star du cinéma français, et Pierre, un quadragénaire marié et père de famille, interprété par Melvil Poupaud.
Ils se sont croisés pour la première fois dans un hôpital, dans des circonstances tragiques, avant de se perdre de vue pendant quinze années. Quand ils se retrouvent enfin, c’est une évidence. Non sans difficultés, les amoureux décident de profiter de cet air qu’ils respirent encore ensemble, et de faire fi du regard des autres et des injonctions.
Le film parle d’amour, mais aussi de la vieillesse, et de la mort. Shana souffre de la maladie de Parkinson et sait qu’il lui reste peu de temps à vivre. Avez-vous hésité avant d’accepter ce rôle ?
Non, car je pense que le plus fort dans cette histoire, c’est l’amour. L’amour fou, celui dans lequel on se jette quoi qu’il arrive. Il n’y a que cela qui m’intéressait. J’aime les personnages qui ne se résignent pas et qui ne rentrent pas dans les clichés de la société. Dans sa folie de vivre, une histoire d’amour sera audacieuse, tout en ayant sa vulnérabilité, et elle sera la même quel que soit l’âge. Mon personnage est vulnérable, mais il ne se dit pas non c’est trop tard pour moi.
Croyez-vous que le grand amour est plus fort que toutes les différences, sociales, ethniques, et générationnels ?
Il est plus fort que tout. C’est pourquoi on l’appelle «grand amour». Rien ne peut l’arrêter. Ce n’est pas simplement une histoire pour avoir des enfants et fonder une famille. Quand on vit un grand amour, il y a ce petit quelque chose qui va nous mettre en danger, changer les paramètres, et bousculer entièrement notre vie.
Quand Jeanne, la femme de Pierre, jouée par Cécile de France, apprend l’âge de la maîtresse de son mari, elle éclate de rire. Comment interprétez-vous cette scène ?
Une telle relation lui semble invraisemblable. Habituellement, un homme trompe sa femme car cette dernière commence à être un peu âgée. Mais là, sa maîtresse pourrait être sa mère. On a toujours l’impression qu’une histoire d’amour arrive en raison d’une attraction sexuelle phénoménale. Dans le film, c’est le contraire. Pierre et Shauna se sont rencontrés d’âme à âme. Le physique arrive plus tard. Si cette situation engendre le rire, c’est parce que l’on est dressé par la société.
On peut vous voir prendre un bain avec Melvil Poupaud, ou encore échanger des baisers passionnés. Il y a-t-il certaines scènes qui vous ont fait peur ou vont ont mis mal à l’aise ?
Non aucune. Avant le tournage, j’avais précisé à Carine Tardieu que je ne souhaitais pas être nue. Et je me suis tout de suite sentie bien au côté de Melvin. Je pouvais dire, rire, et pleurer. La personne qui est magnifique dans cette histoire, c’est l’homme. Il échappe à tous les clichés de notre société. Là, il ne trompe pas sa femme avec une autre plus belle, plus jeune. Il sait que Shauna est l’amour de sa vie, mais il ne peut pas l’expliquer, c’est de l’alchimie.
A l’écran, vous formez un couple crédible, intense, et très complice. Que retenez-vous de cette expérience avec Melvil Poupaud ?
Je ne retiens rien, j’ai vécu. Et j’étais très heureuse. Souvent, les acteurs peuvent être décevants durant le tournage. Mais Melvil ne l'a pas du tout été. J’aime sa façon d’être, son intelligence, ses points d’intérêts, sa culture.
On dit que l’amour rend aveugle. Pourtant votre personnage reste quand même très lucide. Comme l’expliquez-vous ?
Cette femme est libre et intelligente. C’est une grande architecte, elle connaît le monde, elle a une fille, et a aimé plusieurs hommes. Et ce qui est très fort c’est que tout en étant lucide, elle se jette dedans. Elle est aussi lucide quand, se sentant trop malade, elle décide de ne pas entraîner Pierre dans cette chronique d’une mort annoncée. Elle veut que l’amour reste dans son climax.
Il y a-t-il une scène qui vous a particulièrement marqué ?
Pas une plus qu’une autre. J’ai beaucoup aimé tourner avec Cécile de France, ma fille, Florence Loiret Caille… Mais aussi les scènes sous la pluie. J’ai toujours aimé jouer dans ces conditions, car les gouttes nous protègent.
Dans quel état d’esprit étiez-vous après le tournage ?
Mélancolique. Car tout d’un coup tout était fini. Je ne joue jamais des films pour des questions stratégiques, mais toujours parce que le rôle me plaît. J’aimais retrouver chaque jour les acteurs, mais aussi la chef opératrice, le premier assistant… On formait une petite équipe très sympathique. Le tournage a eu lieu juste après le confinement, donc c’était comme des grandes vacances.