Près de 9 ans après «Mince alors !», qui avait attiré un million et demi de spectateurs, la réalisatrice et actrice Charlotte de Turckheim signe «Mince alors 2 !».
Au cinéma le 22 décembre prochain, ce deuxième volet aborde sans complexe les problèmes de surpoids et l'acceptation de son corps, avec au menu : de la bienveillance, de la tendresse, et une bonne dose d’humour.
Dans ce long-métrage, Isabelle (Charlotte de Turkheim) et sa nièce Nina (Lola Dewaere) ouvrent une cure «jeûne et détox» à laquelle participent un groupe de personnages attachants et haut en couleur, qui, non sans mal, vont affronter leurs peurs, prendre soin d’eux, et apprendre à s’aimer.
Qu’est-ce qui vous a poussé à réaliser une suite ?
Ce film met en scène de nouveaux personnages et apporte un autre regard sur les régimes et sur le corps. En 10 ans, cette thématique a énormément évolué. Même si dans les magazines féminins la représentation des femmes avec des rondeurs demeure très rare, de plus en plus de marques proposent des sous-vêtements pour toutes les corpulences.
Les codes de beauté changent aussi dans le bon sens grâce à certaines personnalités, comme notamment Beyoncé et Kim Kardashian, qui montrent qu’elles sont fières de leurs formes généreuses. Mais je ne veux pas cautionner le côté «Big is beautiful» car je suis sensible aux dangers liés à l’obésité.
Le sujet est traité avec tendresse, émotion, mais aussi par le biais de l’humour. Où avez-vous fixé la limite ?
Je ne mets pas de limite. La limite c’est juste celle que l’on ressent soi-même. Je peux avoir un humour assez trash, et aller très loin. L’essentiel, c’est de rester bienveillant. Dans le film il y a des vannes très cruelles. Je ne me censure sur rien. Je m’arrête uniquement lorsque je sens que les répliques frisent la méchanceté.
«Mince Alors 2 !» a été tourné en Provence, au cœur de la nature. Pourquoi avoir choisi un tel environnement ?
Mon long-métrage parle de poids, mais ce sujet est un prétexte pour évoquer la confiance en soi, et l’acceptation de son corps. Et selon moi, ce travail personnel pour se sentir bien dans sa peau passe par une reconnexion avec les animaux, et la nature. C’est un allié. Elle est bienfaisante et soignante.
On a tous une image de notre corps qui ne reflète pas la réalité
Qu’est-ce que l’équithérapie, cette activité thérapeutique à laquelle ont accès les curistes ?
L’équithérapie est un soin qui consiste à se retrouver au contact d’un cheval en liberté. On l’observe, on le caresse, on apprend à communiquer avec lui, à se positionner face à lui. C’est une sorte de méditation permettant de se déconnecter de la réalité, de surpasser ses peurs, de travailler à la fois le contrôle et le lâcher prise.
Les personnages viennent dans ce centre pour perdre du poids, à l’exception d’Émilie (Catherine Hosmalin) qui, elle, au contraire, veut reprendre ces kilos perdus. Qu’avez-vous souhaité montrer à travers ce paradoxe ?
A la fin du film, elle dit : «de toute façon je suis grosse à l’intérieur». On a tous une image de notre corps qui ne reflète pas la réalité. Tout le monde est très complexé. Je connais peu de personnes qui s’aiment physiquement et qui s'acceptent telles qu'elles sont. On n’est jamais content de ce que l’on a. Et généralement, ce ne sont pas les quelques kilos en plus ou en moins le problème.
Parmi les curistes, il a y quatre adolescents, deux filles et deux garçons, qui se renvoient leur obésité en pleine figure sans ménagement. Comment ont-ils vécu cette expérience cinématographique ?
C’était à la fois difficile et libérateur. Ils ont été choisis pour leur apparence physique, c’est-à-dire la chose qui les fait le plus souffrir. Et ils m’ont confié leur corps, leurs peurs, leurs doutes, mais aussi leur joie. Grâce à ce film, ces jeunes ont pu dépasser l’image qu’ils ont d’eux. C’est la première fois que leur corps leur apporte du positif, m’ont-ils dit.
La souffrance d’une femme mince est aussi importante que celle d’une personne en surpoids
A travers les personnages de Lio (jouée par votre fille, Johanna Piatonsa), qui est maigrichonne, et sa sœur Marion (Charlotte Gaccio), en surpoids, vous montrez aussi que l’on n’est pas forcément plus heureux en étant mince….
C’est un duo très intéressant. Elles n’ont pas le même père et on voit bien que celui de Marion a fait d’elle une femme épanouie, car il est fier d’elle et bienveillant, tandis que celui de Lio est mal-aimant. Elle est obsédée par la minceur et souffre. Au début on a envie d’être mince comme Lio, mais à la fin du film, on souhaite de loin être Marion.
La souffrance d’une femme mince est aussi importante que celle d’une personne en surpoids. Cela peut être agaçant, mais c’est réel. A travers toutes ces silhouettes, parfois dénudées, comme dans la scène de la piscine, et les histoires personnelles des personnages, je voulais que chacun puisse se reconnaître, de près ou de loin, prendre ce qui l’intéresse, et se questionner.
Peut-on s’attendre à un «Mince alors !» 3 ?
Pourquoi pas. Il y a beaucoup de sujets à exploiter autour de l’apparence. Au fil du temps, certaines choses s’assouplissent et d’autres se durcissent. Avec internet et la téléréalité par exemple, il y a une émergence de nouveaux physiques complètement refaits, qui ne reflètent pas la réalité. Sans compter les filtres sur les smartphones qui gomment tous les défauts. C’est certes tentant, mais dangereux et triste. On ne sait plus qui on est vraiment.