Chaque année, ils ont la cote au pied du sapin. Prix Goncourt, Femina, ou encore Renaudot, voici les livres primés cet automne qui raviront les amoureux de littérature.
«La Plus secrète mémoire des hommes», de Mohamed Mbougar Sarr, Prix Goncourt
©Philippe Rey
Pour combler les lecteurs les plus exigeants, rien de tel que le prix Goncourt 2021, décerné à Mohamed Mbougar Sarr, pour son ouvrage «La Plus secrète mémoire des hommes» (éd. Philippe Rey). Dans son quatrième roman, l'auteur de 31 ans raconte l’histoire de Diégane Latyr Faye, un jeune romancier sénégalais, qui, en 2018, découvre un livre mythique, paru en 1938, et décide alors de partir en quête de son mystérieux auteur. Inspiré de l’histoire du Malien Yambo Ouologuem, ce roman d’apprentissage, qui entremêle de multiples récits, témoignages, et personnages, est un hommage aux textes africains, sur leur réception, mais aussi, plus globalement, une déclaration d’amour à la littérature et à son pouvoir intemporel.
«La Plus secrète mémoire des hommes», de Mohamed Mbougar Sarr, éd. Philippe Rey.
«Premier sang», d'Amélie Nothomb, prix renaudot
©Albin Michel
Le prix Renaudot, quant à lui, a été attribué à Amélie Nothomb pour «Premier sang» (éd. Albin Michel). Avec son trentième roman, l'écrivaine rend hommage, de manière touchante et décalée, à la figure paternelle. Après avoir eu le culot de faire parler Jésus-Christ à la première personne, dans «Soif» (éd. Albin Michel), la dame au chapeau se met dans la peau de son père, Patrick, décédé d’un cancer l’an dernier, le premier jour du confinement. Le temps d’un livre, l’auteure belge lui rend ainsi la vie en racontant son histoire. Cet ouvrage sous forme de conte est sans nul doute l’un des plus personnels de la championne des ventes.
«Premier sang», Amélie Nothomb, éd. Albin Michel.
«Le Voyage dans l'Est», de Christine Angot, prix médicis
©Flammarion
Dans «Le Voyage dans l'Est» (éd. Flammarion), Christine Angot, lauréate du prix Médicis, restitue avec sobriété sa relation incestueuse avec son père. Elle raconte comment ce traducteur au Conseil de l’Europe qui, après avoir déserté avant même sa naissance, et qu'elle voulait aimer, a abusé d’elle entre ses 13 et 16 ans. Sans pathos, elle décrit la domination incestueuse de son agresseur, son matraquage verbal pour justifier leur relation, la difficulté de dire «non», d’alerter, mais aussi l’aveuglement volontaire de sa mère. Le tout, en creusant plusieurs points de vue : celui de l’enfant, de l’adolescente, et de la jeune adulte qui essaye tant bien que mal de se reconstruire.
«Le Voyage dans l'Est», Christine Angot, éd. Flammarion.
«S'adapter», de Clara Dupont-Monod, prix goncourt des lycéens
©Stock
Sur la liste des meilleurs livres à offrir, figure aussi «S'adapter» (éd. Stock), de Clara Dupont-Monod, qui a remporté le prix Goncourt des Lycéens, le prix Landerneau des lecteurs, ainsi que le prix Femina. Au fil de ce récit poétique, d’une extrême justesse, le lecteur suit le quotidien d’une famille résidant dans les Cévennes après la naissance d’un enfant handicapé. Celui-ci ne marche pas, ne parle pas, et ne voit pas. L’arrivée de ce nouveau-né est certes bouleversante pour les parents, mais aussi pour la fratrie. Un ouvrage à la fois touchant et poignant, qui met en lumière la force des liens fraternels et l’incroyable capacité qu'a l’être humain de s'adapter.
«S'adapter», Clara Dupont-Monod, éd. Stock.
«Mon maître et mon vainqueur», de François-Henri Désérable, prix de l'académie française
©Gallimard
Cette année, c’est le jeune romancier François-Henri Désérable, avec «Mon maître et mon vainqueur» (éd. Gallimard), qui a reçu les honneurs des Immortels. Lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française, l’auteur de 34 ans, ancien hockeyeur professionnel et natif d'Amiens, lycéen comme le président Emmanuel Macron au sein de l'établissement privé La Providence, signe un récit nourri de références lettrées. Au fil de son œuvre, le narrateur relate de façon détaillée une histoire d’amour passionnelle et tragique entre Vasco et Tina, inspirée de la passion de Paul Verlaine pour Arthur Rimbaud.
«Mon maître et mon vainqueur», François-Henri Désérable, éd. Gallimard.
«Ne t'arrête pas de courir», de Mathieu Palain, prix interallié
©L'Iconoclaste
Le prix Interallié a été décerné à Mathieu Palain pour «Ne t'arrête pas de courir» (éd. de l'Iconoclaste), dans lequel l’auteur dépeint une France urbaine et ultra-réaliste. Son ouvrage raconte la vie de Toumany Coulibaly, champion de France du 400 mètres en salle en 2015, cinquième d’une famille malienne de dix-huit enfants, qui est tombé dans la délinquance avec des cambriolages en série. Pour tenter de résoudre l’énigme de cet homme, champion le jour, voyou la nuit, l’auteur lui a rendu visite en prison, pendant deux ans. Tous les mercredis, les deux trentenaires, qui ont grandi dans la même banlieue sud de Paris, ont échangé de chaque côté du parloir et ce livre est le fruit de leurs rencontres.
«Ne t'arrête pas de courir», Mathieu Palain, éd. de l'Iconoclaste.