Après la Palme d'or au 74e Festival de Cannes, «Titane», film de genre signé Julia Ducournau (remarquée avec «Grave»), a été choisi pour représenter la France à la 94e cérémonie des Oscars qui se tiendra le 27 mars 2022, à Los Angeles.
C'est un long-métrage typique d'un cinéma radical et abrasif, sans concessions ni règles, sans cohérence ni logique scénaristique. À mi-chemin entre Gaspard Noé et David Cronenberg, «Titane» se joue des codes imposés pour proposer une lecture plurielle à partir d'un thriller cauchemardesque, volontairement opaque et confus, violent et sanguinolent où les thématiques de l'identité, du genre, de la sexualité, de la natalité et de la filiation sont brassées autour d'une énigme horrifique.
Il y est question d'une serial-killeuse totalement barrée (Agathe Rousselle) qui, après une disparition prolongée, rejoint son père (Vincent Lindon) en se faisant passer pour... un fils !
Rien à vraiment comprendre - et l'essentiel n'est pas là. Il tient plutôt au talent de la cinéaste à installer une véritable atmosphère, un langage cinématographique qui lui est propre, bref, une «patte» personnelle et puissamment clivante, violente et très noire qui pourrait laisser beaucoup de spectateurs à quai. Tandis que d'autres pourraient souffrir en silence (et sans déplaisir).
«Titane» s'apparente à un cinéma expérimental - et forcément marginal - qui repousse les limites de la structure narrative en se concentrant sur une mise en scène millimétrée et hallucinogène. Un trip qui a notamment enthousiasmé la chanteuse Mylène Farmer, membre du jury du Festival de Cannes en juillet dernier et assurément familière de l'univers atypique et extrême créé par Julia Ducournau.