Dans un livre autobiographique intitulé Le petit Didier qui paraît ce jeudi 7 octobre aux éditions Robert Laffont, le rappeur JoeyStarr raconte sa jeunesse éprouvante, marquée par un père violent et ses premières prises de drogues.
Au sujet de ces dernières, l’ancien rappeur raconte : « J'avais découvert cela dans la cité. Il y avait l'eau écarlate et la colle à rustine », écrit-il avant de préciser : « Pendant une heure ou deux, on inhale les vapeurs de colle du haut de notre perchoir. Et puis on descend dans la rue, vaseux mais portés par les hallucinations qui nous guident, dans une léthargie habitée de formes qui distord le temps. Tout devient lent. On parle au ralenti. Cela va sans doute de pair avec l'ambiance qui s'est installée dans la cité. Pour les grands, l'héroïne ; et la colle est l'héro des minots ».
Et même si « un jeune garçon de 14 ans s'est pris pour Goldorak et s'est jeté du haut d'une tour, et un autre a tenté d'étrangler sa grand-mère », le rappeur ne peut s’en empêcher. Pour en acheter, le jeune JoeyStarr, qui vit sans sa mère, pioche même « dans la sacoche de son père ». « J'ai toujours un petit tube de colle avec moi. Lorsque je suis confiné dans l'appart, sans avoir le droit de sortir, je sais qu'avec ça, je peux m'installer sur le sofa, et qu'il va se passer plein de trucs. [...] Surtout, je comprends dès la première fois que mon père ne détecte rien. Rien de rien. Mais vraiment rien. C'est parfait, c'est pratique. Même si c'est l'heure du dîner, la colle ne m'empêche pas de manger. S'il allume la télé, je m'assieds à ses côtés. Mais je ne vois pas la même chose que lui (…) J'étais parfois défoncé face à un mec qui ne me regardait pas», se rappelle-t-il.
Son père, raconte-t-il, ne portait pas de regards sur lui mais régulièrement des coups. Et les accès de colère de Jean Morville étaient redoutables. « Les tables de multiplication sont chez les Morville apprises à coups de ceinture », confie JoeyStarr. Lorsque son père lui demande combien font 4 x 2 et qu'il ne répond pas correctement, le garçon se voit infliger la réponse correcte en coups de ceinture : «Je prends ce que mon père me donne. Les mathématiques c'est dans la peau », écrit-il. La méthode finit par lui faire haïr les chiffres. « Mon père et moi entretenons une relation qui n’est pas calme. Quand il s’approche de moi, j’ai souvent un mouvement de recul », déplore le rappeur qui ne s’imaginait pas à l'époque lui demander de l’aide ni de lui apprendre quoique ce soit, et à qui il n'a jamais présenté ses propres enfants.