Dans le film «House of Gucci», attendu sur les écrans en novembre 2021, Ridley Scott raconte l’histoire de l’assassinat de l’héritier Maurizio Gucci (Adam Driver) commandité par son ex-épouse, Patrizia Reggiani (Lady Gaga).
Ce drame sanglant, et riche en rebondissements, a passionné la presse italienne pendant plusieurs décennies en raison de son côté à la fois glamour et effroyable, où la trahison et le sexe servent de moteur à un assassinat planifié par celle qui héritera du surnom la «Vedova Nera», alias la Veuve Noire. Et qui sera le personnage central du film de Rildey Scott qui, en plus de Lady Gaga et Adam Driver, pourra compter sur la présence au casting d’Al Pacino, Salma Hayek, Jared Leto, Jeremy Irons, ou encore Camille Cottin.
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Le 27 mars 1995, Maurizio Gucci, petit-fils de Guccio Gucci, héritier de la célèbre maison de mode italienne griffée du double G, est abattu sous le porche de son bureau milanais. Trois balles de revolver sont tirées, deux se logent dans son dos, la troisième, fatale, le touche à la tempe. Le portier, témoin de la scène et touché d’une balle dans le bras, se précipite pour venir en aide à l’homme de 46 ans alors que celui-ci agonise sur le trottoir.
S’agit-il d’un règlement de compte ? L’enquête élimine très rapidement cette piste. Oui, Maurizio Gucci avait cédé, deux ans plus tôt 50% du capital de l’entreprise à une société d’investissement domiciliée au Barheïn, InvestCorp, pour un montant oscillant entre les 150 à 200 millions de dollars (entre 124 et 165 millions d’euros). Oui, il existait des tensions au sein du conseil d’administration de la marque de luxe italienne. Mais selon les autorités italiennes, rien de tout cela ne permet d’expliquer un tel acte.
Les soupçons se dirigent immédiatement vers Patrizia Reggiani, son ancienne épouse rongée par la jalousie et obsédée par un esprit de revanche depuis leur séparation. Issue d’un milieu relativement modeste, elle avait fait la rencontre de Maurizio lors d’une soirée de la haute société milanaise au début des années 1970. Le couple fête ses noces en 1972, donne naissance à deux filles, Allegra et Alessandra, et partage leur temps avec des personnalités du premier plan, telles que la famille Kennedy ou le milliardaire Aristote Onassis. Patrizia est alors surnommée Lady Gucci par une presse totalement séduite par l'image ultra-glamour du couple.
Mais les choses se gâtent au moment où Maurizio Gucci prend la direction de l’empire familial à la mort de son père en 1983. Deux ans plus tard, il quitte le domicile pour un voyage d’affaires. Et ne reviendra jamais. L’héritier de la marque de luxe est tombé amoureux d’une femme plus jeune, Paola Franchi. La haine de Patrizia Reggiani commence à croître. Pendant dix ans, elle refuse le divorce, mais est contrainte de s’y résoudre en 1994. Elle obtient la garde de ses deux filles, une rente annuelle équivalent à un peu plus de 200.000 euros, ainsi qu’un appartement à Milan, un autre à New York, un yacht de 65 mètres et de bijoux hors de prix.
Mais rien ne semble en mesure de freiner son désir de vengeance. Se sentant menacée par la volonté de son ex-mari de se remarier, et d’être ainsi privée – elle et ses filles – de l’héritage de sa fortune, elle commence à s’activer pour dénicher un tueur à gages. Coûte que coûte, sans se cacher. «Je le demandais à tout le monde, c’était une obsession, je l’aurais même demandé à mon charcutier !», lâchera-t-elle pendant son procès, sans pour autant reconnaître être passée à l’acte.
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Il faut attendre le début de l’année 1997 pour que les enquêteurs parviennent à démêler l’affaire, après qu’un indicateur désigne Ivano Savioni, un Milanais de 40 ans, comme étant l’intermédiaire entre Patrizia Reggiani et les deux assassins de Maurizio Gucci, Orazio Cicala, 58 ans, et Benedetto Ceraulo, 35 ans. Savioni aurait fait la rencontre de Patrizia par le biais de sa voyante, et sa confidente, Giuseppina Auriemma, 51 ans. Elle aurait déboursé un peu plus de 321.000 euros pour le meurtre.
Devenue la «Veuve Noire», Patrizia Reggiani est arrêtée le 31 janvier 1997. Elle clamera son innocence jusqu’au bout. «Certes, je souhaitais la mort de Maurizio, mais je ne serais jamais allée jusqu'à donner l'ordre de tirer. Orazio et Benedetto m'ont menacée et, par trouille, j'ai payé», répétera-t-elle sans cesse. En vain.
Le 17 mars 2000, elle est condamnée à 26 ans de prison. En novembre de la même année, elle tente de se suicider sans sa cellule. En 2011, elle se voit proposer une détention en semi-liberté, lui permettant d’alterner la prison avec un emploi. A la surprise générale, Patrizia Reggiani refuse catégoriquement. «Je n’ai jamais travaillé de toute ma vie, ce n’est certainement pas maintenant que je vais commencer», lance celle qui est alors âgée de 63 ans devant des juges milanais médusés, selon la presse italienne.
Toutefois, en septembre 2013, Patrizia change d’avis, accepte un emploi de consultante chez la marque de bijoux fantaisie et accessoires de mode, Bozart (qu’elle a quitté en 2017). Malgré tout, elle ne manque pas l’occasion de faire parler d’elle à sa sortie de prison après 18 ans passés derrière les barreaux. En se rendant faire du shopping sur une des avenues commerçantes les plus célèbres de Milan – Via Monte Napoleone – suivie par une horde de paparazzis, avec un perroquet sur l’épaule.
Après avoir affirmé devant les micros que la famille Gucci devrait l’embaucher, affirmant être «la plus Gucci d’entre eux», un journaliste ose lui demander : «Pourquoi avez-vous embauché un tueur à gages pour supprimer Maurizio Gucci ? Pourquoi ne l’avez-vous pas tué vous-même ?». Patrizia Reggiani lui répond sans hésiter : «Ma vue n’est pas très bonne. Je ne voulais pas tirer à côté».