Pas de poursuites judiciaires pour Corinne Masiero. Le signalement déposé par dix députés pour «exhibition sexuelle » après l’intervention de la comédienne nue lors de la 46e cérémonie des Césars a été classé sans suite hier, lundi 22 mars.
Lors de la cérémonie, l’interprète de Capitaine Marleau, s’était totalement dénudée pour dénoncer la situation à laquelle sont confrontés les intermittents et le monde de la culture. Venue remettre le César du meilleur costume, Corinne Masiero était d'abord apparue dans un costume de peau d’âne sanguinolent avant de tomber la veste et de se dévêtir totalement, dévoilant deux messages peints sur son corps nu : « No culture, no futur », « Rend-nous l'art, Jean ».
Une intervention coup de poing vivement critiquée par dix députés Les Républicains. Le 16 mars, le député du Vaucluse Julien Audebert, suivi par d’autres parlementaires, avait saisi le parquet de Paris pour « exhibition sexuelle », considérant que l’actrice avait « imposé sa nudité » aux téléspectateurs.
Une démarche militante
Alors que le délit d’exhibition sexuelle est passible d'un an d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende, Corinne Masiero ne sera pas inquiétée pour cette initiative considérée comme un acte militant. Sollicité par l’AFP, le procureur de Paris Rémy Heitz a fait savoir que ce signalement avait été classé sans suite. «Au regard de la démarche poursuivie par l'intéressée, qui souhaitait attirer l'attention du public sur les difficultés actuelles rencontrées par les professionnels du spectacle, une poursuite serait inopportune», a expliqué ce dernier.
D’autant qu’une poursuite serait «vouée de surcroît à l'échec au regard de la jurisprudence récente de la Cour de cassation», a rappelé le procureur citant l’arrêt du 26 février 2020. Ce dernier avait définitivement validé la relaxe d'une ancienne militante des Femen, Iana Zhdanova, pour une action seins nus au musée Grévin en 2014. Dans cette décision, la Cour de cassation avait estimé que « le comportement de la prévenue s'inscrivait dans une démarche de protestation politique, et que son incrimination (...) aurait constitué une ingérence disproportionnée dans l'exercice de la liberté d'expression», a ainsi rappelé M. Heitz.
De son côté, Corinne Masiero a ouvertement assumé son action militante, une opération «choc» qui lui a valu de s’attirer les foudres de certains, à l’instar de la droite et de l’extrême droite, mais aussi le soutien de personnalités comme la réalisatrice de Capitaine Marleau, Josée Dayan, et la comédienne Ariane Ascardie.