C'est un événement rarissime dans le monde de l'art. Une huile sur toile signée Vincent Van Gogh, visible jusque-là uniquement dans les catalogues d'art, va être présentée pour la première fois au public, avant sa mise en vente aux enchères.
Et c'est pendant plus d'un siècle que cette oeuvre, signée de la main du maître néerlandais, est restée cachée aux yeux du public dans la collection privée d'une famille française, dont on ne connaît pas l'identité.
Intitulée «Scène de rue à Montmartre», elle a été peinte par Van Gogh en 1887, alors qu'il séjourne dans la Capitale depuis un an avec son frère Théo. La toile sera exposée par la maison de vente Sotheby's à Amsterdam, Hong Kong, puis Paris, à Drouot, avant d'être vendue le 25 mars prochain. La maison de vente a estimé le prix de départ des enchères entre 5 et 8 millions d'euros.
«L’apparition sur le marché d’une œuvre de ce calibre, et d’une série aussi emblématique, est sans aucun doute un événement important», indique le communiqué de Sotheby's, qui précise qu'un tableau d'une telle valeur provenant d'une collection privée devient très rare à la vente.
Le Montmartre d'avant le sacré-coeur
Intitulé «Scène de rue à Montmartre», le tableau, aux teintes délicates et lumineuses, montre un couple marchant ensemble devant une clôture, avec deux enfants se tenant en face d'eux. On peut aussi voir un moulin à vent en arrière-plan, sans aucun doute le moulin au Poivre, selon les experts, qui était présent à cet endroit jusqu'en 1911. Le tableau s'inscrit dans une série réalisée par l'artiste lors de son séjour parisien, qui dura deux ans, et permet de voir le quartier de Montmartre, encore rural, et ses collines avant que ne soit érigée l'église du Sacré-Coeur.
Un quartier qu'aimait arpenter le Néerlandais et dont les logements restaient abordables pour ses maigres moyens. Il quittera pourtant Paris peu après, lassé par son rythme frénétique. Il s'installera alors à Arles, où se produira le fameux épisode de l'oreille coupé. Toujours aussi incompris par ses contemporains, il se suicidera à Auvers-sur-Oise, à l'âge de 37 ans, le 29 juillet 1890.