Documentaire événement produit par le New York Times, Framing Britney Spears revient sur la carrière de la chanteuse, en particulier sur les raisons, aujourd'hui polémiques, qui ont conduit son père à prendre sa tutelle.
Diffusé ce vendredi 5 février aux Etats-Unis sur les réseaux FX et Hulu, le film de 75 minutes tend à confirmer la théorie portée depuis de nombreuses années par les fans de la star, celle qui voudrait que la chanteuse n’ait jamais consenti à ce que ce soit son père qui ait les pleins pouvoirs sur ses intérêts, qu’ils soient d’ordre financiers, professionnels et personnels. Une mainmise qui lui confère peu ou prou le statut juridique d'un enfant et dont elle souhaite aujourd’hui plus que jamais se défaire. Dans cette démarche complexe qui, selon des spécialistes du droit américain, aurait peu de chance d'aboutir, la star reçoit le soutien de nombreux fans réunis par le mouvement #FreeBritney.
Le documentaire du New York Times recueille notamment les témoignages de proches qui démentent l’idée selon laquelle Britney Spears n’était pas en pleine possession de ses moyens quand la tutelle a été mise en place. C’est aussi à une Amérique puritaine et conservatrice que s’attaque le film. Le passage de Britney, enfant-star de Disney, à l’âge adulte a fait naître des crispations. Son attitude jugée trop sexy, les médias n’ont dès lors eu de cesse de l’humilier.
Britney Spears hasn’t been able to fully control her own life for more than a decade under a court-sanctioned conservatorship. See how the pop star’s fans are trying to “free Britney,” in a documentary by The New York Times streaming on FX and Hulu. https://t.co/OPYGtUrbVu pic.twitter.com/YG4lTFj1W8
— The New York Times (@nytimes) February 6, 2021
Spears vs Timberlake
Le traitement médiatique de sa rupture avec Justin Timberlake serait le véritable point de départ de la descente aux enfers de la star, dont les troubles bipolaires et les excès ont fait les choux gras de la presse people dans les années 2000. Une ancienne interview menée en 2003 par Diane Sawyer montre à quel point Britney n’a pas seulement été la victime de ses propres démons, mais de la pression de toute une société. Britney a bien été la victime d’un « slut shaming », entend démontrer le film, qui compte des extraits éloquents, la journaliste ayant ce jour-là eu l’audace d'aborder la sexualité de la star et de l‘accuser publiquement d’avoir été infidèle.
Sawyer ne s’arrêtera pas là, évoquant alors les propos de la femme du gouverneur du Maryland Robert Ehrlich, Kendel Ehrlich : «’Vraiment, si j'avais l'opportunité de tirer sur Britney Spears, je crois que je le ferais’». «C'est horrible. C'est vraiment terrible», avait réagi alors Britney Spears face à une Diane Sawyer qui justifiait les propos d’Ehrlich. «C'est à cause de l'exemple donné aux enfants, du fait que c'est difficile pour les parents de les tenir éloignés», a dit Sawyer. «C'est vraiment triste qu'elle ait dit ça. Beurk. Vous savez, je ne suis pas là pour babysitter ses enfants. (...) Si les parents n'aiment pas ça, qu'ils changent de chaîne. Désolée. Je ne suis pas parfaite, je fais des erreurs chaque jour. Je veux être une bonne personne. Mais c'est une énorme pression d'avoir la responsabilité d'être ce modèle», avait alors répondu la chanteuse. «Mais beaucoup de filles vous regardent», avait rajouté Sawyer. «Suis-je responsable d'elles ? La seule chose dont je me préoccupe et pour laquelle je porte une responsabilité est ma petite soeur», avait conclu Britney.
Harcelée nuit et jour par les paparazzis, Britney Spears et sa vie amoureuse sont alors devenues les cibles favorites des tabloïds, comme son mariage avec Kevin Federline en 2004, la naissance de ses deux fils en 2005 et 2006 puis la bataille pour leur garde jusqu’au tristement célèbre « craquage », qui a vu un soir de 2007 Britney Spears se faire raser le crâne. Un geste inacceptable dans une société américaine où une fille se doit d’avoir les cheveux longs. Depuis 2008, Britney Spears est sous la tutelle de son père. Aujourd’hui, à 39 ans, sa carrière est au point mort. «Ma cliente m'a informé qu'elle avait peur de son père», a déclaré l'avocat de Britney Spears à un juge en novembre dernier. «Elle ne se reproduira plus si son père est en charge de sa carrière.»
Ses fans brandissent la question de la liberté civile pour tenter de la défaire de ses chaînes. Ils entendent, comme ils l’avaient fait en se réunissant devant le tribunal le 16 décembre dernier (ce jour-là Britney tentait de retirer le droit de tutelle de son père), prouver par tous les moyens que son entourage profite d’elle. Le documentaire du New York Times ne leur donne pas tort. Alors qu’une prochaine audience devant un tribunal aura lieu le 11 février, Sarah Jessica Parker, Andy Cohen ou encore Miley Cyrus ont affiché leur soutien à la pop star après la diffusion du documentaire.
And a Britney song was on... we love Britney #FreeBritney #SuperBowl pic.twitter.com/ScOVtflnzt
— Miley Smiler News (@MileySmilerNews) February 7, 2021