Les éditeurs comptent bien ne pas se laisser abattre par une année 2020 chamboulée par les fermetures de librairies. Aux romanciers stars de faire leur arrivée sur les étals des libraires dès début janvier 2021.
Outre les 1559 essais, documents, enquêtes et témoignages, pas moins de 493 romans sont à paraître entre janvier et février, soit 12 de plus qu'en 2020. Parmi cette myriade de parutions, sont publiés 340 romans français (soit 11 de plus qu'en 2020) selon Livres Hebdo, 63 premiers romans et 153 romans traduits. Le nombre de premiers romans étant légèrement plus faible que l'an passé, cette rentrée littéraire d'hiver fait ainsi la part belle aux auteurs connus et reconnus.
Les habitués des rentrées
Ainsi, Philippe Besson s'intéresse aux sentiments contradictoires d'une mère qui voit son dernier enfant quitter le nid dans «Le dernier enfant» (éd. Julliard), Yasmina Reza est, elle aussi très attendue avec «Serge» aux éditions Flammarion, roman tiré à 65 000 exemplaires qui devrait, au vu du «pitch» de l'éditeur, traiter de l'enfance de la romancière. Toujours chez Flammarion, Olivier Adam se penche sur d'autres problématiques familiales avec «Tout peut s'oublier», dans lequel son protagoniste se retrouve à pister au Japon (pays affectionné par l'auteur) son enfant enlevé par sa mère.
Philippe Delerm va faire plaisir à ses nombreux fans en publiant un nouveau recueil de courts textes avec «La vie en relief» (Seuil), genre qui a fait le succès de l'auteur de «La première gorgée de bière».
La très populaire Raphaëlle Giordano, l'auteure du phénomène «Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une» pourrait bien encore revenir en tête des ventes avec «Le bazar du zèbre à pois» (Plon).
Parmi les auteurs stars, citons la prolifique Leïla Slimani, l'exigeante Gaëlle Josse, Andreï Makine («L'ami arménien» chez Grasset) et Ivan Jablonka («Un garçon comme vous et moi» au Seuil) qui reviennent tous deux sur des épisodes de leur jeunesse, mais aussi chez Albin-Michel, l'inénarrable Bernard Pivot, Sylvie Germain, Eric Emmanuel Schmitt avec «Paradis perdu : La traversée du temps». Chez Jean-Claude Lattès, on doit également se réjouir puisque la multi-récompensée et formidable Sandrine Collette revient avec «Ces orages là».
La nouvelle maison d'édition Mialet-Barrault débute fort, elle, avec des titres de Mazarine Pingeot («Et la peur continue»), Jean Teulé ou encore Lionel Duroy. Chez Gallimard, la rentrée est touffue entre des titres signés Eric Fottorino, Marie N'Diaye, Jean Hatzfeld ou encore Emmanuel Guibert, Grand Prix de la Ville d'Angoulême, qui délaisse le dessin pour l'écriture pure. La liste est donc (très) longue et les auteurs-stars si nombreux qu'il sera bien difficile pour les quelques primo-romanciers de se faire une place hors de l'ombre de ces poids-lourds de l'édition française.
Les stars du domaine étranger
Côté romans étrangers, les publications sont également nombreuses avec le retour de Milena Agus, l'auteure de «Mal de pierres», avec le roman «Saison douce» chez Liana Levi, Stephen King, lui, devrait publier un nouveau roman en mars 2021 et peut-être un court texte dans une édition de poche. Mais deux romans par an n'est pas une exception dans l'oeuvre extrêmement dense du roi de l'horreur et du suspense.
Après le pavé choc «La fabrique des salauds», Chris Kraus signe un roman au titre annonciateur d'un bon moment de lecture avec «Baiser ou faire des films» (Belfond). Kate Mosse livre la suite de sa fresque historique «La cité de feu» avec «La cité de larmes» (éd. Sonatine). Graham Swift saura plaire aux nostalgiques du monde du spectacle avec «Le grand jeu» chez Gallimard, une nouvelle édition de «Lettre ouverte ! » de Goliarda Sapienza («L'art de la joie») est publiée au Tripode. Parmi tant d'autres, on peut enfin citer le retour toujours apprecié de la Cubaine Zoé Valdès qui publie «La Nuit à rebours» chez Arthaud, dans lequel elle livre un portrait de femme révoltée et sacrifiée.
les premiers romans ont leur nouveau label
S'il est alléchant de se replonger dans le nouveau texte de son romancier préféré, il ne faudra néanmoins pas hésiter à se faire conseiller des premiers romans, stars de demain. Notons la naissance des Avrils, qui s'était vue repoussée par le premier confinement. Cette toute nouvelle maison d'édition lancée par le duo Sandrine Thévenet - Lola Nicolle grâce au groupe Delcourt, mise sur les primo-romanciers et une «ligne éditoriale sélective mais toujours généreuse».
En cette fin d'année 2020 marquée par le retour (forcé) de la vie de famille, on souhaite notamment un beau destin au magnifique «grandes occasions» d'Alexandra Matine qui traite avec justesse des fragilités et des conflits au sein d'une famille.