Passé sous silence lors de la dernière allocution du Premier ministre fin octobre, le secteur de la culture, notamment les salles de spectacle et de cinéma, serait-il sur le point de redémarrer dès le mois prochain ?
La réouverture des salles de cinéma et de spectacle en décembre serait ainsi à l’étude, selon le Film français, qui évoquait hier une hypothétique réouverture les 9 ou 16 décembre. Des dates étudiées par le gouvernement, qui ne sont que des hypothèses, d’après le média. Pour l’heure, aucune décision n’a été prise, mais la Fédération nationale des cinémas français confirme que des consultations sont menées. « Il y a des discussions sur une potentielle réouverture, comme il y a une réflexion sur l’ensemble des secteurs», explique Marc-Olivier Sebbag, délégué général de la Fédération nationale des cinémas français. « On a des échanges sur la possibilité d’une réouverture au mois de décembre. A quelles conditions ? A quelle date ? Rien n’est acté à cette heure », poursuit-il.
Si les protocoles sanitaires dans les salles ne semblent pas être remis en question - « dans les salles, on porte le masque et il y a une distanciation, et ces protocoles ont bien été appliqués », note Marc-Olivier Sebbag - d’autres questions s’imposent et plusieurs facteurs sont à étudier. Y aura-t-il des restrictions horaires, un couvre-feu ? A quelle heure ? Les séances du soir seront-elles à nouveau suspendues ? Autant de problématiques étudiées qui conditionneront la réouverture.
Des salles prêtes à rouvrir mais prudentes
Particulièrement impacté par les deux confinements successifs, et à nouveau à l’arrêt depuis fin octobre, le monde de la culture espère évidemment une reprise de l’activité, mais reste vigilant. « Nous leur avons dit que nous voulions rouvrir », d’autant que pour « le cinéma, le théâtre c’est une période extrêmement forte », note Marc-Olivier Sebbag. Ce dernier rappelle toutefois que « notre préoccupation est de pouvoir proposer des films et des spectacles à cette période dans de bonnes conditions de sécurité et d’ouverture. Si les conditions d’ouverture sont trop dégradées, on ne pourra pas rouvrir. S’il n’y a que des séances de l’après-midi, ce ne sera pas possible », souligne le délégué général de la Fédération des cinémas français.
Les salles de spectacle, qui dès l’annonce du couvre-feu avaient tout mis en œuvre pour avancer les horaires des représentions à 19 h, sont elles aussi prêtes à accueillir le public mais restent mesurées. « Les théâtres sont prêts à rouvrir », confirme également Bertrand Thamin, Président du Syndicat national du théâtre privé. « Contrairement au premier confinement, là nous avons spéculé sur une fermeture de quatre, cinq, six semaines. Nous n’avons qu’à appuyer sur le bouton vert pour rouvrir », mais rien n’est simple poursuit-il. « Quand on lance un spectacle après une période de fermeture, il faut réamorcer les réservations, le bouche-à-oreille. Il nous faudra une dizaine de jours pour redémarrer, mais il n’y a rien de pire pour nous, que de ne pas jouer », note ce dernier. « Plus vite on démarrera, plus vite on réamorcera l’activité ».
Toute cette crise nous a appris la prudence.Jean-Marc Dumontet, producteur et directeur de plusieurs salles parisiennes.
Mais là encore, la prudence est de mise. « Ce que l’on entend, c’est qu’il y a un débat très intense au sein du gouvernement mais aucune certitude », avance Bertrand Thamin, avant de demander de la cohérence et de préciser qu'« à partir du moment où on entend parler de réouverture des lieux de culte, il serait aberrant que les théâtres ne rouvrent pas ».
De son côté, Jean-Marc Dumontet, producteur et directeur de plusieurs salles parisiennes dont Bobino, le théâtre Antoine et le Point Virgule, semble septique et engage à la prudence. « Toute cette crise nous a appris la prudence et l’humilité. Personne ne sait. Ce ne sont que des hypothèses. Evidemment que les théâtres et les cinémas ont envie d’ouvrir mais la dernière fois, la fermeture a duré trois mois. Là, on sait que la deuxième vague est pire, que les conditions de confinement sont plus souples et que 60 % des Français ne respectent pas le confinement, donc les moyens de propagations du virus sont forts. Il faut que l’on soit vigilant. Faisons attention à ne pas nous bercer d’illusions. Déjà que le secteur est exsangue, ces « stop-and-go » sont très éprouvants. Que l’on travaille tous sur une perspective de réouverture c’est bien, mais quand j’entends la date du 15 décembre, cela me paraît illusoire », explique-t-il, d’autant que les réservations sont au point mort.
« Pour un spectacle comme « Plaidoiries » avec Richard Berry, je devrais avoir vendu 20 000, 30 000 places au mois de novembre pour le mois de décembre. Or tout est à l’arrêt », poursuit-il. S’il assure qu’il ouvrira dès qu’il en aura l’autorisation, il émet des doutes sur une ouverture mi-décembre : « ce serait formidable, mais ce n’est pas ce qui va nous offrir de l’oxygène. Je préfère rouvrir fin janvier avec la certitude que ce sera dernière nous », estime-t-il.
Il semble donc illusoire de fixer une date précise de réouverture avant la prise de parole d’Emmanuel Macron, mardi prochain, qui pourrait cette fois évoquer la situation de ce secteur à l'arrêt complet.