C’est le grand rendez-vous ciné attendu de cette fin d’été. Après de nombreux reports en raison de l’épidémie de coronavirus, «Tenet», le nouveau film de Christopher Nolan, sortira enfin ce mercredi en France. Et ce thriller d’espionnage façon James Bond devrait ravir les fans tant par sa mise en scène époustouflante que par ses jeux autour du temps.
Alors que les studios Disney ont finalement décidé de diffuser leur adaptation en live-action du dessin animé «Mulan» sur sa plate-forme Disney+, Warner Bros. a tenu bon, refusant de faire une croix sur la case ciné pour le plus grand soulagement des exploitants. Si les spectateurs américains doivent encore ronger leur frein et patienter - selon les dernières rumeurs - jusqu'au mois de septembre avant de le découvrir, «Tenet» au budget de 200 millions de dollars, est attendu comme le messie dans les quelque 70 pays où il sortira dans quelques jours. Beaucoup voient en ce long-métrage le sauveur de l’industrie du 7e art, le «bonbon sucré» qui redonnera envie à tous les cinéphiles encore frileux de retrouver le chemin des salles de cinéma, reboostant ainsi le nombre d’entrées jusqu’à présent en berne.
Mais le réalisateur britannico-américain des grandioses «Inception» et «Interstellar» livre-t-il une œuvre à la hauteur de nos espérances, lui qui nous a promis «le projet le plus ambitieux de sa carrière» ? Pendant deux heures et demi, Christopher Nolan, tel un incroyable maître du temps et un fin horloger, s’amuse à nous retourner le cerveau comme à son habitude avec une intrigue à tiroirs qui s’imbrique et se décortique à la manière d’un Tetris. Difficile donc de résumer l’histoire d’une grande complexité en seulement quelques lignes sans en dévoiler les différentes trames narratives et gâcher le plaisir de le découvrir en salles après des mois d'attente.
Dans «Tenet», il est surtout question d’inversion, «l’idée qu’un matériau voit son entropie retournée», selon le cinéaste. Vous ne comprenez rien à ce nouveau casse-tête imaginé par un homme obsédé par les failles spatio-temporelles ? Pas de panique ! Comme le précise au début du film une scientifique au Protagoniste : «N’essaie pas de comprendre, ressens».
Un James Bond Nolanien en pleine guerre mondiale
Agent de la CIA, le héros incarné par John David Washington - fils de Denzel vu dans «BlackKklansman» de Spike Lee – doit sauver le monde, lequel est menacé par une Troisième Guerre mondiale. «Un holocauste nucléaire ? Non, pire», nous prévient-on. Aidé par Neil, un homme mystérieux dont on ne sait jamais s'il est ami ou un ennemi (excellent Robert Pattinson que l’on retrouvera bientôt dans la peau de Batman), le Protagoniste n’a que pour seul arme un palindrome, Tenet, qui «ouvrirait les bonnes portes, mais aussi les mauvaises». Un indice sur le devenir des personnages qui devront avancer ou remonter le temps pour déjouer les plans du machiavélique Andrei Sator (Kenneth Branagh) et libérer sa femme Kat, incarnée par la sculpturale Elizabeth Debicki qui interprètera la princesse Lady Di dans la prochaine saison de la série «The Crown».
All I have for you is a word. New international posters for #TENET, coming to theaters around the world. pic.twitter.com/9ZTOHFfUzm
— TENET (@TENETFilm) August 13, 2020
Proche de «Memento», premier film de Christopher Nolan sorti il y a vingt ans, «Tenet», mêlant action et science-fiction sur fond de transmission et d’enjeux écologiques, déjoue une nouvelle fois les codes du genre. Le spectateur perd tout contrôle, se laissant happer par une mise en scène spectaculaire où les cascades s’enchaînent sur terre ou dans les airs, et les scènes de combat sont parfaitement chorégraphiées. Christopher Nolan a vu grand, très grand, jusqu’à filmer le crash d’un véritable Boeing 747 pour limiter au maximum le recours au fond vert et aux effets spéciaux non justifiés.
L’ambiance générale du film, dont le tournage s’est déroulé dans sept pays (Estonie, Italie, Inde, Danemark, Norvège, Royaume-Uni et États-Unis), rappelle assurément celle de James Bond. Une succession de courses-poursuites, des tractations sur un yacht majestueux, une pauvre épouse sous le joug d’un méchant russe… la comparaison est évidente, frappante… et assumée par Christopher Nolan. «(«L’espion qui m’aimait») est le premier (James Bond) que j'ai vu, à 7 ans, avec l'impression que je pouvais sauter dans l'écran pour aller aux quatre coins du monde. Cest ce sentiment que j'ai voulu retrouver», a-t-il confié lors de la conférence de presse mondiale.
Si visuellement cette super production va clouer les spectateurs à leurs fauteuils, on regrettera néanmoins un manque d’empathie certain pour les personnages. A trop s’intéresser aux rouages du temps, le réalisateur de «Dunkerque» délaisse parfois ses protagonistes. Mais comme pour tous les films signés par Christopher Nolan, «Tenet» mérite d’être vu et revu sur grand écran - et de préférence en Imax - pour en saisir toutes les subtilités et les détails qui auraient pu nous échapper. Car ce long-métrage ne ménage pas son public et exige une attention toute particulière si l’on souhaite suivre son récit qui se dévoile à une vitesse folle. Vous l’aurez compris, mieux vaut rester concentré et ne pas se laisser distraire par son voisin ou sa poignée de pop-corn.