Les manifestations contre le racisme et les violences policières se poursuivent aux Etats-Unis et dans le monde, après la mort le 25 mai, à Minneapolis, de George Floyd, asphyxié par un policier blanc. Un nouvel exemple de bavures, lesquelles sont souvent dénoncées sur grand écran par des réalisateurs engagés. Retour sur cinq œuvres marquantes.
«Do the right thing», de et avec Spike Lee (1989)
Grand défenseur de la cause afro-américaine, le cinéaste s’est d’abord intéressé au drame de «Howard Beach». En 1986, trois individus noirs ont été poursuivis par des Italo-Américains d’une pizzeria du Queens - qui brandissaient tous des battes de baseball -, avant que Michael Griffin, l’un des hommes traqués, ne soit renversé par une voiture. Dans ce long-métrage qui a remporté de nombreuses nominations à Cannes, aux Golden Globes ainsi qu’aux Oscars, Spike Lee incarne Mookie, livreur afro-américain travaillant dans une pizzeria de Brooklyn avec Sal et Pino. Dans une chaleur moite, les tensions montent entre Blancs et Noirs. Et la police ne fait pas preuve d’impartialité…
«La haine», de Mathieu Kassovitz (1995)
Vingt-cinq ans après sa sortie, et alors que son réalisateur a annoncé travailler sur une adaptation en comédie musicale, «La haine» reste plus que jamais d’actualité. Porté par Vincent Cassel, Hubert Koundé et Saïd Taghmaoui, ce film désormais culte raconte l’histoire de trois copains de banlieue qui vont sortir de l’ennui après une nuit d’émeutes opposant les jeunes de la cité et les forces de l’ordre. La raison ? Un flic s’est défoulé sur un habitant du quartier. «La haine» a remporté le prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 1995, et le César du meilleur film l’année suivante. Il ressortira le 5 août sur grand écran.
«Fruitvale Station», de Ryan Coogler (2014)
Présenté au Festival de Cannes en 2013 et à Sundance où il a notamment été récompensé du Grand Prix, le premier film de Ryan Coogler - qui signera «Black Panther» avec un premier super-héros noir dans l’univers Marvel – revient sur un fait divers dramatique qui s’est déroulé le 1er janvier 2009. Il s'attarde en effet sur les 24 dernières heures d’Oscar Grant, un jeune Afro-Américain interprété par Michael B. Jordan, qui malgré un casier pour des histoires de marijuana et des galères avec ses petits boulots, se montre aimant et bienveillant quand il s’agit de prendre soin de sa petite fille. Le soir du réveillon, il est abattu d’une balle dans le dos, sur le quai de la station «Fruitvale» près de San Francisco, par un policier blanc. Cette scène est filmée par de nombreux témoins, provoquant la colère de toute une communauté. L’agent a été condamné à deux ans de prison. Mais il sortira au bout de onze mois.
«Detroit», de Kathryn Bigelow (2017)
Après «Démineurs» (2009) et «Zero Dark Thirty» (2013), la réalisatrice signe un film poignant qui prend pour cadre les émeutes urbaines qui ont eu lieu à l’été 1967 à Detroit, dans le Michigan. A cette époque, les manifestants critiquent la guerre du Vietnam et dénoncent la ségrégation raciale. Persuadés que des coups de feu proviennent de l’Algiers Motel, des policiers font irruption dans l’établissement sans autorisation et interrogent toutes les personnes noires qui s’y trouvent, usant même de la force. Sans aucun scrupule, ils optent même pour la torture. Trois hommes, pourtant non armés, seront abattus et d’autres individus seront blessés. Aucune condamnation ne sera prononcée.
«Les misérables», de Ladj Ly (2019)
Battu par «Parasite» de Bong Joon Ho à l’Oscar du meilleur film international en 2020, «Les Misérables» n’en demeure pas moins une œuvre coup de poing et nécessaire, et cela grâce à son réalisateur, qui utilise la caméra comme une arme. «Il n’y a ni mauvaises herbes, ni mauvais hommes. Il n’y a que de mauvais cultivateurs». Cette citation de Victor Hugo résume ce film tourné à Clichy-Montfermeil, cette ville de Seine-Saint-Denis que Ladj Ly connaît bien puisqu’il y vit. C’est ici que «Pento», nouvelle recrue venue de Cherbourg, tente de prendre ses marques au sein de la brigade anti-criminalité, pendant l’été qui suit la victoire de l’équipe de France à la Coupe du monde de football. Difficile pour lui de trouver sa place entre ses deux coéquipiers aguerris, Chris et «Gwada», qui maîtrisent tous deux les rites et les coutumes de ce territoire où cohabitent ados, gitans et Frères musulmans. Une bavure policière filmée par un drone va mettre le feu aux poudres dans ce territoire fragile.