Les salles de cinéma vont enfin pouvoir rouvrir leurs portes ce lundi 22 juin, après plus de trois mois de fermeture totale. Certains longs-métrages, sortis juste avant le confinement, et parfois même proposés en VOD, vont avoir une deuxième chance de briller sur grand écran. Thrillers, comédies, biopics, films d'animation... le programme s'annonce chargé.
«En avant», de Dan Scanlon
Sorti le 4 mars, dans un climat anxiogène, le dernier Pixar n'a pas eu de vraie première carrière et il fait son retour. Dans l’univers urbain de ce film, elfes, licornes et centaures vivent en banlieue, regardent la télé et jouent aux jeux vidéo. Si Ian est timide et effacé, son grand frère Barley, extraverti, roule des mécaniques. Leur mère leur transmet un mystérieux cadeau de la part de leur papa disparu, capable de le faire revivre pendant 24h. Aidés de la redoutable Manticore, ces deux ados s’embarquent à bord d’un van dans une aventure extraordinaire. Un joli divertissement sur la fraternité et les rites initiatiques, offrant un épilogue plein d’émotion.
«Sonic le film», de Jeff Fowler
Autre cas de figure avec Sonic, qui veut, lui, prolonger/relancer son succès. Dès sa sortie, le 12 février, le petit hérisson bleu rapide comme l'éclair avait en effet dominé le box-office, enregistrant plus de deux millions d’entrées, soit le meilleur démarrage de cette année 2020 quelque peu atypique en matière de cinéma. Disponible en vidéo à la demande - et bientôt en DVD et Blu-Ray (24 juin) -, cette comédie familiale en live-action, dont la suite a été officialisée fin mai, revient en force pour la réouverture des salles, et compte rafler une nouvelle fois la mise. Sonic, qui vient d’arriver sur Terre, et son meilleur copain Tom vont faire équipe pour vaincre le méchant Dr. Robotnik et sauver la planète. Le comédien et humoriste Malik Bentalha double la voix du super-hérisson dans la version française. La salve de critiques qui avait suivi la diffusion du tout premier trailer à cause de l'apparence désastreuse du héros, en 2019, semble désormais bien loin.
«L’appel de la forêt», de Chris Sanders
Pour son premier long-métrage en prises de vues réelles qui effectue son retour sur grand écran après une sortie en février, le réalisateur adapte le célèbre roman de Jack London, et oriente le récit autour du chien Buck qui est quasiment de chacun des plans. Décrit par l’écrivain comme le croisement «d’un gigantesque Saint-Bernard» et «d’une chienne Colley de pure race écossaise», cet animal sème la zizanie en Californie chez son maître, le juge Miller. Une nuit, il est enlevé et se retrouve vendu à un trafiquant dans le Yukon canadien pendant la ruée vers l’or des années 1890. Racheté par Perrault (Omar Sy), un convoyeur postal au large sourire et débordant d'optimiste, Buck va devenir un redoutable chien de traîneau, avant d’être adopté par le respectable John Thornton (Harrison Ford) qui ne se remet pas de la perte de son fils. L'homme et l'animal vont s’apprivoiser, et devenir de sacrés compagnons de voyage.
«Invisible man», de Leigh Whannell
Le réalisateur réinvente le mythe de l’homme invisible créé par H.G.Wells, en mettant en scène Elisabeth Moss, auréolée de succès dans la série «The Handmaid's Tale : La Servante écarlate». Dans ce thriller horrifique produit par Jason Blumhouse, à la tête de Blumhouse Productions, l’actrice incarne Cecilia Kass qui vit avec un mari tyrannique. Quand ce dernier décède, elle se retrouve avec sa fortune, et s’interroge sur sa mort, persuadée que l’homme est toujours en vie. «Les gens connaissent le personnage, mais j'avais le sentiment qu'il faisait un peu figure d'outsider parmi les méchants du cinéma d'horreur. C'était exaltant de me demander ce que j'allais pouvoir faire vivre au personnage et dans quelle mesure je pouvais enrichir sa personnalité», explique Leigh Whannell.
«L’esprit de famille», d’Eric Besnard
Le réalisateur signe une comédie douce-amère sur le dysfonctionnement d’une famille en deuil. Alors que son père Jacques (François Berléand) vient de mourir, Alexandre (Guillaume de Tonquédec) réussit à discuter avec lui. Pour sa mère (Josiane Balasko) ou sa femme (Isabelle Carré), ses agissements sont de plus en plus bizarres et incompréhensibles. Quand il le recroise en tant que fantôme, Alexandre va régler ses comptes avec son papa, et pourra enfin dire à ses proches qu’il les aime. Chacun va trouver une nouvelle place. Ce long-métrage parle du deuil, mais également d’héritage et de transmission.
«Woman», d’Anastasia Mikova et Yann Arthus-Bertrand
Après «Human», conçu comme une série de portraits grâce auxquels il souhaitait «remettre l’humain au cœur de son travail», le photographe et président de la fondation «Goodplanet» connu pour ses clichés aériens, Yann Arthus-Bertrand signe, avec la cinéaste et journaliste d’origine ukrainienne, Anastasia Mikova, un documentaire sur celles qui représentent la moitié de l’humanité. Tous deux sont partis à la rencontre de 2 000 femmes à travers 50 pays afin de mettre en lumière les injustices qu’elles subissent au quotidien, mais aussi et surtout la force dont elles doivent faire preuve, comme si cela était inscrit «dans leur ADN». Sous forme d’entretiens relatés à la première personne, elles se confient sur la maternité, l’éducation, le mariage, l’émancipation, les premières règles, la sexualité et cette Terre sur laquelle elles vivent.
«Lucky», d’Olivier Van Hoofstadt
Réalisateur de l’absurde «Dikkenek», avec Jean-Luc Couchard et François Damiens, Olivier Van Hoofstadt a imaginé une nouvelle comédie désopilante et complètement barrée, présentée en janvier au Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez. Endettés et intellectuellement limités, Willy et Tony décident de kidnapper un chien de la brigade des stups dans l’espoir de décrocher le jackpot. Sur leur chemin, ils croiseront Caro, une flic ripou qui escroque aussi vite qu’elle dégaine ses coups de boule, et toute une galerie de personnages dont les neurones ne semblent pas tous connectés. Un enchaînement de gags potaches et de répliques parfois graveleuses, servis par un casting composé de Florence Foresti, Michaël Youn, Alban Ivanov, François Berléand et Corinne Masiero, hilarante en bourgeoise fantasque et nymphomane.
«La bonne épouse», de Martin Provost
En 1967, Paulette Van Der Beck (Juliette Binoche) gère une institution où elle forme de jeunes demoiselles à devenir les perles des ménagères, avec l’aide de Gilberte (Yolande Moreau) et de sœur Marie-Thérèse (Noémie Lvovsky), toutes deux plus délurées et fantasques qu’il n’y paraît. «Une femme sans trousseau est une femme sans avenir», leur répète-t-elle. Mais cette bonne épouse se retrouve veuve et menacée de devoir fermer les portes de son pensionnat. Ses principes vacillent, balayés par Mai-68, et le désir d’émancipation se fait plus pressant. Sans compter l’irruption dans sa vie de son premier amour, joué par l'hilarant et déluré Edouard Baer. Après «Séraphine» et «Violette», Martin Provost se veut le porte-drapeau de la condition féminine avec cette comédie qui prend parfois des allures de musical, et tord le cou aux préjugés.
«Radioactive», de Marjane Satrapi
Adapté du roman graphique de Lauren Redniss, «Radioactive : Marie & Pierre Curie : A Tale of Love and Fallout», ce long-métrage, sorti le 11 mars sur grand écran, ne sera resté à l’affiche que quelques jours, avant de bénéficier d’une sortie anticipée en vidéo à la demande sur la plate-forme de streaming MyCanal pendant le confinement. Pour le plus grand bonheur de sa réalisatrice Marjane Satrapi, ce biopic original et atypique sur le destin incroyable de la scientifique Marie Curie profite d’une ressortie au cinéma. Incarnée par l’actrice britannique Rosamund Pike, Maria Sklodowska, devenue l’épouse du physicien Pierre Curie, quitte sa Pologne natale pour Paris, que le film prend pour décor. De ses activités dans son laboratoire à ses moments plus intimes en famille, Marjane Satrapi concentre aussi bien son récit sur cette grande figure de la science, que sur les conséquences positives et négatives de ces découvertes sur le monde.
«Une sirène à Paris», de Mathias Malzieu
A 40 ans, Gaspard, incarné par Nicolas Duvauchelle, ne veut plus tomber amoureux par peur de souffrir. Il est, selon lui, «immunisé» face au coup de foudre. Un soir, après s’être produit devant quelques fidèles du cabaret-péniche, Le Flowerburger, tenu par son père, ce «crooner des salles de bain» qui joue du ukulélé, découvre une sirène échouée sur les bords de Seine. Derrière ce visage de porcelaine, ces grands yeux et cette longue chevelure blonde, cette créature mystérieuse répondant au doux nom de Lula (Marylin Lima) fait exploser le cœur de tous ceux qui tombent amoureux d’elle avec son chant mortel. Reclus dans un appartement où trônent de nombreuses figurines d’adolescent, ces deux êtres abîmés vont s’apprivoiser. Après le film d’animation «Jack et la mécanique du cœur», Mathias Malzieu, leader du groupe Dionysos, dévoile un conte onirique et poétique flirtant avec le fantastique.
«De Gaulle», de Gabriel Le Bomin
Cinquante ans après la disparition de Charles de Gaulle, le réalisateur, connu notamment pour ses documentaires politiques comme «Giscard, de vous à moi : les confidences d’un président» (2016), s’attaque au père de la France libre, et propose une plongée, à la fois intimiste et historique, dans la vie du général et de son épouse Yvonne, en juin 1940. A cette époque, le «grand Charles» rejoint Londres, lançant, depuis la capitale britannique et contre Pétain, son célèbre appel du 18 juin. Un discours dont la force inouïe est rendue par Lambert Wilson à l’écran. Habitué à porter sur ses épaules d'autres figures tutélaires, notamment l'inoubliable Abbé Pierre dans «Hiver 54» (1989), l’acteur offre un De Gaulle plutôt convaincant. A ses côtés, Isabelle Carré campe sa femme devenue «Tante Yvonne» dans l’inconscient collectif des Français, et dont la personnalité, certes souvent discrète, reste à bien des égards affirmée et constante. Ce biopic met également l'accent sur leur fille Anne, qui souffrait de trisomie.
«L’ombre De Staline», d’Agnieszka Holland
La réalisatrice polonaise a choisi de parler de l’Holodomor, l’extermination par la faim de la population ukrainienne en 1932-1933 par le régime soviétique, à travers l’histoire vraie du journaliste britannique Gareth Jones. Après avoir rencontré Adolf Hitler, alors nouveau chancelier allemand, le jeune homme passionné et honnête décide de partir à Moscou dans l’espoir d’interviewer Staline grâce à un réseau présent dans le pays. Mais Gareth Jones découvre avec effroi que ses alliés sont souvent corrompus et que la vérité est tout autre. Surveillé jour et nuit, il prend la fuite et se retrouve plongé dans l’horreur des campagnes où il se fait le témoin des atrocités des hommes. «Le monde n'est pas au courant de ces crimes, alors que l'Holocauste est un fait connu dans l'histoire de l'Humanité. Même les Russes et les habitants des républiques anciennement soviétiques ne parlent pas des crimes commis au nom du communisme, alors que Staline a tué plus de 20 millions de ses propres citoyens», précise la cinéaste.
«Vivarium», de Lorcan Finnegan
Ce thriller de science-fiction dénonce la société de consommation et cet accès à la propriété qui devient pour beaucoup une obsession. Gemma (Imogen Poots) et Tom (Jesse Eisenberg) sont en couple et cherchent à acquérir une maison, et ainsi tirer un trait sur la location. Accompagné d’un agent immobilier quelque peu mystérieux, les amoureux visitent une maison dans un lotissement où tout est identique. N’ayant pas de coup de cœur, ils décident de quitter l'endroit. Mais à leur grande surprise, ils se retrouvent prisonniers des lieux, ne trouvant pas la sortie de ce qui va se transformer en cauchemar.
«Filles de joie», d’Anne Paulicevich et Frédéric Fonteyne
Sara Forestier, Noémie Lvovsky, Annabelle Lengronne… trois actrices pour une comédie dramatique bouleversante, pétrie d’humanité. Axelle, Dominique et Conso cachent un lourd secret. Chaque matin, ces femmes et mères de famille se rejoignent sur un parking du nord de la France et franchissent la frontière pour aller travailler en Belgique. Mais ce travail n’a rien d’ordinaire puisqu’il se déroule dans une maison close où elles se font appeler Athéna, Circé et Héra. Et quand l’une d’elle perd pied, les autres sont là pour l’aider. Le portrait d’héroïnes du quotidien qui se battent pour garder leur dignité.
«Nous, les chiens», de Sung-yoon Oh et Lee Choonbaek
Une histoire de héros à quatre pattes présentée au Festival du film d’animation d’Annecy en 2019. Cette production sud-coréenne dédiée à un jeune public, narre les aventures de chiens qui ont été abandonnés par leurs différents maîtres, et doivent se débrouiller pour trouver de la nourriture et ainsi faire jouer leur instinct animal. Un destin qui n’est pas sans rappeler celui de milliers de bêtes qui sont laissées au bord de l'autoroute par les familles, alors que vient l’heure des vacances.
«Un fils», de Mehdi M. Barsaoui
Un drame sur la filiation et les liens du sang qui se déroule en 2011 en Tunisie, quelques mois après la révolution, et qui est porté par Sami Bouajila, Najla Ben Abdallah, et Youssef Khemiri. Alors que Farès mène une vie agréable avec sa femme et son fils Aziz, âgé de 9 ans, ce dernier est pris pour cible par un groupe terroriste lors d’une escapade dans le sud du pays.
«La communion», de Jan Komasa
S’inspirant d’un fait divers qui a eu lieu en Pologne, ce drame brosse le portrait d’un jeune délinquant qui s’improvise homme d’Eglise. A 20 ans, alors qu’il est enfermé dans un centre de rétention, Daniel rêve de suivre des études de séminariste, mais son passé de criminel l’en empêche. Profitant d’une mission dans un atelier de menuiserie hors des murs de son établissement, il se fait passer pour un prêtre et endosse un rôle prédominant au sein d’une communauté conservatrice.
«Ducobu 3», de et avec Elie Semoun
Sorties le 5 février, les nouvelles aventures du cancre Ducobu reviennent cet été sur grand écran pour une bonne dose de rire et de bonne humeur. C’est la rentrée des classes pour le célèbre élève qui va devoir s’allier au petit nouveau «TGV», alias le roi de la triche 2.0. Les deux ados ont pour mission de remporter un concours de chant s’ils souhaitent sauver leur établissement.
«Trois étés», de Sandra Kogut
«Le portrait décapant d’une société néo-libérale à bout de souffle, rongée par ses démons». Voilà ce que promet ce long-métrage franco-brésilien qui oppose riches patrons corrompus et employés en quête de reconnaissance. En trois étés, Edgar et Marta, qui coulent des jours heureux, organisant de somptueuses réceptions dans leur résidence, sont empêtrés dans des scandales financiers. Leur gouvernante, Mada, «hérite» de leur propriété.
«Benni», de Nora Fingscheidt
Comme le chantait Maxime Le Forestier en 1988, «on choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille». A 9 ans, Benni est une enfant sauvage qui cherche à être aimée par sa mère pourtant incapable de s’occuper d’elle. Alternant les foyers, et prise en main par les services sociaux, la fillette tente de gérer cette violence qui l’habite, et de trouver son propre chemin, grâce à l’aide de Micha, un éducateur spécialisé dans les adolescents à problèmes. Un film récompensé du prix Alfred-Bauer à la Berlinale 2019.
«Elephant Man», de David Lynch
Quarante ans après sa sortie dans les salles françaises, ce chef d’œuvre en noir et blanc revient au cinéma dans une version restaurée en 4K, laquelle a été supervisée par David Lynch en personne. Une occasion unique de (re)découvrir ce classique qui raconte comment le chirurgien Frederick Treves tente de sauver un homme défiguré, John Merrick, qui au vu de son aspect monstrueux est considéré comme une attraction de foire. Mais cet «Elephant Man» dont la mère, alors enceinte de lui, avait été renversée par un pachyderme, dissimule une grande intelligence et sensibilité.
Sont également à l’affiche les documentaires «Kongo» de Hadrien La Vapeur et Corto Vaclav, «Mon nom est clitoris» de Daphné Leblond et Lisa Billuart Monet, «Be natural, l’histoire cachée d’Alice Guy-Blaché» de Pamela B. Green, «Si c’était de l’amour» de Patric Chiha, «Visions Chamaniques : territoires oubliés» de David Paquin, «The Great Green Wall» de Jared P. Scott, ainsi que le film d’animation «La petite taupe aime la nature» de Zdenek Miler, le film d’horreur «The Demon Inside» de Pearry Reginald Teo, «The Hunt» de Craig Zobel et le drame historique «Mosquito» de João Nuno Pinto.