Alors que les «grands» musées vont devoir garder leurs rideaux baissés, les structures plus petites pourraient rouvrir le 11 mai avec le déconfinement.
Steven Carnel, co-fondateur et porte-parole du musée de l'illusion, une petite structure tout juste ouverte début 2020 à Paris, s'est confié sur les conditions de ré-ouverture de ce lieu ludico-pédagogique et son avenir dans l'ombre de cette crise sans précédent.
Le musée de l'Illusion rentre-t-il dans la catégorie «petit» musée dont a parlé Edouard Philippe lors de l'annonce de son plan de déconfinement ?
Tout ça est très technique. Il faut en fait juguler deux critères : le nombre de personnes que nous pouvons accueillir et l'affluence attendue. Nous disposons d'une superficie de 450 mètres carrés au sol mais il faut calculer la surface restante entre le plateau et les infrastructures accessibles au public. Normalement, nous sommes en capacité d'accueillir 200 personnes instantanément, là nous devrons nous limiter à 70 personnes, si toutefois l'autorisation d'ouvrir le 11 mai est confirmée. Si Paris reste en zone rouge et si le gouvernement décide de ne rien rouvrir dans ce type de zone, nous devrons rester fermés. Mais nous nous sommes organisés, au cas où.
Quel est le protocole prévu en cas de réouverture ?
Nous allons renforcer l'affichage lié au Covid-19 (déjà mis en place avant le confinement), nous avons préparé des marquages au sol concernant la distanciation et la limitation du nombre de visiteurs dans chaque pièce. Notre personnel et des caméras vérifieront que tout cela est respecté. Nous voulons rendre obligatoire le paiement par carte bleue et préféront le sans contact. Le musée a acheté des litres de gel hydroalcoolique pour le public et le personnel, ainsi que des distributeurs à gel placés avant chaque objet à toucher durant la visite.
© Musée de l'Illusion
Nous avons également mis en place des créneaux horaires afin de contrôler le flux de visiteurs. Concernant le staff, nous devons limiter son nombre et mettre en place des mesures de protection individuelle : nous avons pu acheter des masques en tissus en pharmacie pour le personnel, et 300 masques chirurgicaux pour le public au cas où. Bien entendu, le nettoyage quotidien se transformera en opération de désinfection du matériel et de l'ensemble des pièces pendant trois heures tous les matins, sans compter la désinfection régulière des lieux pendant la journée.
Avez-vous reçu des aides financières pendant la crise ?
Nous sommes un établissement entièrement privé, donc nous n'avons aucun lien avec l'Etat. Le musée fonctionnait bien avant le confinement. Comme toute entreprise, nous avons des problématiques de loyers à payer et de salaires à verser. Comme tout le monde, nous sommes très inquiets. Pour l'instant, le chômage partiel permet de pérenniser les emplois. Mais nous naviguons à vue. Là, la décision de rouvrir va nous faire encore perdre plus d'argent, c'est une catastrophe financière pour une structure telle que nous ce confinement, mais il faut bien y aller un jour.
Néanmoins, le bailleur et la banque ont été humains et ont fait un geste pour nous. Ce n'est pas une crise classique, c'est une crise qui touche l'humanité dans son essence. Même un banquier peut comprendre nos difficultés.
Rouvrir est-il un véritable pari sur l'avenir ?
Rouvrir est un gros défi qui sera certainement très coûteux pour l'entreprise, mais nous le relevons car nous avons confiance en notre musée et en ses visiteurs. Nous sommes donc prêts à supporter les pertes de redémarrage pour miser sur l'avenir. Il faut bien y aller à un moment donné ! J'ai reçu déjà deux petites réservations mais ça nous encourage... L'une d'elle était accompagnée d'un mot empli d'un élan solidaire. A propos de solidarité, nous ne pouvions rouvrir sans penser aux malades et à leurs familles. Donc, nous sommes en train de mettre en place des offres concrètes pour les familles de malades, comme des tickets offerts par exemple. Des centres de loisirs ont aussi déjà effectué leurs réservations pour le mois d'août. Tout cela est encourageant.