Il était l’un des plus grands batteurs au monde. Créateur de l’afrobeat avec Fela Kuti, le musicien nigérian Tony Allen est mort jeudi 30 avril, à Paris, à l’âge de 79 ans.
«On ne connaît pas exactement la cause du décès», a indiqué son manager depuis une vingtaine d’années, Eric Trosset, tout en précisant que l’artiste qui résidait à Courbevoie, près de Paris, n'a pas été emporté par le Covid-19.
«Il était en pleine forme, c'était assez soudain. Je lui ai parlé à 13h, puis deux heures plus tard, il était pris d'un malaise et a été transporté à l'hôpital Pompidou où il est décédé», a-t-il ajouté.
Une longue collaboration avec son compatriote Fela Kuti
Dans les années 1960 et 1970, Tony Allen fut le batteur et le directeur musical de son compatriote Fela Kuti, avec qui il créa l'afrobeat, genre à part entière, musique hypnotique et répétitive mêlant le style highlife, la polyrythmie yoruba, le jazz, le funk et qui devint un des courants fondamentaux de la musique africaine du XXe siècle.
No drummer has been more Influential in modern music than Tony Allen - THankyou for the music - #TonyAllen #fela #felakuti pic.twitter.com/1OUiCb7ABH
— Matt Gooderson (@MattGooderson) May 1, 2020
Sur cette musique puissante, Fela greffera ses paroles révolutionnaires et panafricanistes qui feront de lui un des symboles les plus forts de la lutte pour les libertés en Afrique. Avec Fela et le groupe Africa 70, Tony Allen va enregistrer une quarantaine d'albums, avant que les chemins des deux complices ne se séparent après vingt-six ans de collaboration. Sa rythmique était si intense qu'à son départ, Fela a eu besoin de quatre batteurs pour le remplacer.
Un autodidacte au talent pur
Le musicien britannique Brian Eno avait qualifié Tony Allen de «meilleur batteur qui ait jamais vécu». Autodidacte, ce surdoué nigérian avait commencé à jouer à l'âge de 18 ans et s'est nourri des musiques de Dizzy Gillespie et de Charlie Parker, de même que des musiques africaines contemporaines. Il était toujours prisé des artisans des musiques actuelles. Il assurait la batterie de The Good, The Bad and The Queen, un des projets de Damon Albarn, ex-leader de Blur. En France, il avait également participé au morceau de Sébastien Tellier, «La Ritournelle».