Le ministère de la Culture a créé ce lundi 6 avril une cellule d'accompagnement dédiée aux festivals prévus en 2020, pour faire face à la crise du Covid-19, au moment où les grandes manifestations culturelles estivales restent dans l’incertitude.
«Devant les nombreuses incertitudes créées par la crise sanitaire et l'hétérogénéité des situations et des souhaits de chaque festival, Franck Riester, ministre de la Culture, souhaite apporter un accompagnement au cas par cas aux organisateurs», a indiqué le ministère dans un communiqué.
«En effet, si certains souhaitent déjà pouvoir annuler leur édition 2020, d'autres pour qui le confinement ne crée pas de retard dans la préparation de leur édition, souhaitent attendre l'évolution de la situation», précise le texte.
#CP @franckriester crée une cellule d'accompagnement des festivals 2020 pour faire face à la crise sanitaire du #Covid19
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Activée dès ce lundi 6 avril, cette cellule d'accompagnement est accessible via l'adresse électronique [email protected], et le restera jusqu’à la fin de la crise sanitaire.
«C'est une porte d'entrée qui coordonnera les réponses pratiques et juridiques avec les différentes directions du ministère, ses opérateurs et les directions régionales des affaires culturelles (Drac)», a précisé le ministère à l'AFP.
Les directeurs de festivals restent dans le flou
Alors que le fondateur du Hellfest, festival de rock et de métal, a annoncé que la 15e édition (du 19 au 21 juin) était annulée et reportée en 2021, de nombreuses manifestations d'été en France comme les Vieilles Charrues, les Eurockéennes de Belfort, les Francofolies de La Rochelle, le festival d'Avignon ou encore Rock en Seine sont dans le flou, et pourraient également être menacées d'annulation si la crise sanitaire perdurait. Ils sont pour le moment maintenus jusqu'à nouvel ordre, alors qu'à l'étranger de nombreux festivals ont été d'ores et déjà annulés comme celui de Glastonbury et The Great Escape, au Royaume-Uni. Coachella, événement musical en Californie, a quant à lui été reporté en octobre.
«Est-ce que l'on aura l'accord des autorités pour des grands rassemblements en plein air en juillet et au-delà ? Je ne parle pas de ceux de début juin, qui paraissent inenvisageables. Ensuite, la crise économique nous pend au nez : les gens vont-ils dépenser 80 à 100 euros pour un festival ? Et puis il y a les artistes américains, qui construisent leur tournée européenne en bloc de six semaines : vont-ils venir alors que leur nombre de dates s'est déjà réduit avec les premières annulations ? Sans nos têtes d'affiches, la situation devient intenable», explique, à l'AFP, Arnaud Meersseman, patron de AEG Presents France qui gère notamment Rock en Seine.
Ce dernier demande une «clarification» des pouvoirs publics pour une meilleure «visibilité». «Mieux vaut dire vite s'il faut annuler pour éviter une catastrophe», détaille de son côté à l'AFP Jérôme Tréhorel, directeur des Vieilles Charrues. «Avec un décret ou un arrêté, on rentre dans le régime de force majeure, les contrats deviennent nuls et non avenus, chacun reprend ses billes et ça permet de ne pas engager de frais», renchérit Arnaud Meersseman.
Prévenir et dire vite pour mieux préparer l'après
Ce cadre éviterait de se tourner vers les assureurs avec qui les «discussions sont longues et complexes», notamment autour de l'interprétation du facteur pandémie. Jérôme Tréhorel parle lui de «bras de fer» en perspective avec les assureurs. Il ajoute aussi qu'un festival comme le sien fonctionne grâce à l'aide de secouristes, et d'un hôpital de campagne qui ne seront sans doute pas opérationnels pour l'événement.
Les Vieilles Charrues reposent aussi sur des partenaires et mécènes dont l'activité est actuellement à l'arrêt. «Sans eux, cette édition, même complète, serait déficitaire», insiste le directeur. Si AEG a d'autres costumes - tourneur, producteur de spectacles... -, Les Vieilles Charrues sont mono-activité, comme bien d'autres festivals. Pour pérenniser ce type d'évènement, les dispositifs de l'Etat en cas d'annulation, «chômage partiel pour les emplois induits, prêts, aides exceptionnelles», et des dispositions «pour élargir les possibilités de mécénat» pourraient être essentiels.
Pour Jérôme Tréhorel, il y aura forcément un après : «Il faudra songer à la manière dont on "achète" les groupes (surenchère entre festivals, ndlr), il faudra que tout le monde joue le jeu pour garder sa place et que le public ne trinque pas en payant davantage».