«Mais elle est où la moulaga ?» Bonne question, mais la vraie interrogation est de savoir ce que signifie ce terme – et la Moula qui l'accompagne – qui revient régulièrement dans les sons des rappeurs.
Ces mots sont bien présents dans le rap français ces derniers mois notamment via les tubes très ambiancés de Heuss l’Enfoiré («Georges Moula», «khapta», «moulaga», «Aristocrate» pour ne citer qu’eux). A tel point que la définition de «moula» fait partie des plus recherchées sur Google en 2019 (9e d’un classement dominé par «procrastination», «pervers narcissique» et «GAFA»).
Raison de plus pour s’interroger sur la signification de la «moula», «moulaga», «moula-gang». En interrogeant les personnes autour de nous, beaucoup – et même ceux qui chantent les hits – n’en connaissent pas la définition. En creusant un peu, Nova avait déjà expliqué en novembre 2018 que la «moula» serait en fait née aux Etats-Unis dans les années 1930. Pour beaucoup cela venait de l’espagnol «mula» qui signifie «mule» en rapport avec ceux qui transportaient l'argent ou la drogue.
Une extension du terme propre au rap
Pour d’autres, il vient de l’américain «moolaah», un terme argot utilisé pour désigner l’argent. Un terme qui, rappelle le site lerapenfrance, a rapidement été repris dans le rap américain comme en 1984 par Chuck Brown dans We need some money ou encore en 1995 par G » Len dans For The Money.
Mais la «moolah» a surtout été repris par Notorious BIG et Tracey Lee dans Keep your hands high (à écouter à 3’29).
En France, c’est Akhenaton qui introduit le terme «moula». Dans la chanson J’ai pas de face, le leader du groupe marseillais IAM lance «J’suis dans la dance khouya, que pour la moula-ia. Comme le dit Le Rat : ‘on s’en bat les c*****a’.» (à écouter à 1'31)
Après avoir quelque peu disparu, le mot «moula» va faire son grand retour avec Booba. Dans Caramel, en 2012, il scande : «Je dois faire du biff, de la mula, du caramel.» En d’autres termes je dois faire du bénéfice, de l’argent.
C’est cette définition qui est utilisée aujourd’hui par les rappeurs comme Heuss l’Enfoiré, qui le reprend dans toutes ses chansons, PNL, Gradur, Jul et tant d’autres rappeurs.
Mais rapidement, la «moula» va aussi avoir une nouvelle définition. Utilisée également par MHD ou encore Hamza, elle veut dire «beuh» ou drogue. Elle donnera aussi naissance à une sorte d’esprit «la moula gang». Une extension du terme qui est le propre du rap. D’ailleurs Koba LaD, dans une interview accordée à Konbini a indiqué qu’«un mot qu’on invente, à chaque contexte, t’as capté, il change de signification.»