Le 7 janvier 2015, il y a cinq ans, la rédaction de Charlie Hebdo était en grande partie assassinée par deux terroristes. Depuis, trois rescapés ont repris la plume ou le crayon pour ne jamais oublier ce jour funeste et leurs amis décédés dans l'attaque de l'hebdomadaire satirique.
Philippe Lançon, «Le lambeau», éd. Gallimard
Sacré Prix Fémina en 2018, «Le lambeau» de Philippe Lançon raconte dans un premier temps ce qui s'est déroulé sous les yeux de l'auteur le 7 janvier 2015 dans les locaux de la rédaction de Charlie Hebdo à la fin de la conférence de rédaction : le surgissement des deux terroristes puis la tuerie qui a suivi et l'arrachement d'une partie de sa machoire par une balle. Puis, et surtout, le journaliste et écrivain raconte avec justesse et un immense talent son quotidien à l'hôpital entre ses nombreuses opérations, les visites et le soutien des infirmières, des médecins, des policiers et de son frère, toujours près de lui. Le récit s'arrête le 13 novembre 2015 lorsque la France est à nouveau frappé par la folie meurtrière de terroristes.
Philippe Lançon, «Le lambeau», éd. Gallimard, Folio, 8,50€.
Catherine Meurisse, «La légèreté», éd. Dargaud
Par hasard (et l'auteure insiste sur ce mot dans ses interviews), ce lundi 7 janvier 2015, Catherine Meurisse se réveille tard et loupe son bus. Son retard à la conférence de rédaction de Charlie Hebdo lui vaudra la vie. Du chaos émotionnel dans lequel la dessinatrice est restée suite à la tuerie, elle parviendra à s'extirper grâce à la recherche de la beauté. «La légèreté» est une poignante déambulation aux côtés de la dessinatrice et ses crayons, entre son appartement dans lequel débute la BD jusqu'aux allées du jardin de la villa Médicis dans lequel elle a pu faire un séjour, en passant par la mer. Dans l'espoir d'une renaissance.
Catherine Meurisse, «La légèreté», éd. Dargaud, 19,99€.
Riss, «Une minute quarante-neuf secondes», éd. Actes Sud
Blessé d'une balle à l'épaule, Riss est l'un des rescapés de l'attentat. Alors qu'il ne souhaitait pas écrire sur son expérience, manquant cruellement de mots, Riss a finalement écrit un texte, vibrant, sur ce funeste jour et surtout sur «l'après». Il y évoque aussi ses amis disparus et dénonce les fanatismes en tous genres. Mais surtout, le lecteur peut suivre le long chemin de l'auteur de l'impossible retour vers l'impossible «normale». Riss livre aussi une intéressante réflexion sur la complaisance de certains, les croyances, les ferveurs populaires et la liberté.
Riss, «Une minute quarante-neuf secondes», éd. Actes Sud, 21€.