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Noël 2019 : les 14 BD à offrir sans faute

«In Waves» fait partie des romans graphiques immanquables de l'année 2019 et des cadeaux à offrir à Noël «In Waves» fait partie des romans graphiques immanquables de l'année 2019[© Aj Dungo / Nobrow/ Casterman]

Qui viendra pour le repas de Noël cette année ? Assurément du beau monde côté BD. Les éditeurs se sont pliés en quatre pour publier nombre de nouvelles aventures pour les fêtes. Petit résumé des festivités sous le signe des grands barons du neuvième art, comme des albums «One shot» à découvrir.

Les blockbusters

Largo Winch, «Les voiles écarlates», P.Francq, E.Giacometti

Pas de panique pour ceux qui aurait raté les vingt derniers épisodes de Largo Winch, ce dernier n'a pas pris une ride, est toujours aussi riche et toujours poursuivi par un nombre incalculable de tueurs prêts à tout. «Les voiles écarlates», le tome 22 de la saga est la deuxième partie du diptyque «L'étoile du matin», déjà scénarisé par l'écrivain Eric Giacometti. Cet ancien journaliste économique plonge l'héritier du groupe W dans une sombre machination boursière. Au programme : «flash crack», «trading à haute fréquence», mais aussi FBI, anonymous et quelques canulars sur les réseaux sociaux. Un Largo Winch largué dans le vingt-et-unième siècle, mais qui saura habilement s'en sortir. Le tome 23 est d'ailleurs déjà en préparation.

Largo Winch, T. 22, «Les voiles écarlates», éd. Dupuis, 14,95€.

Thorgal, «L'ermite de Skellingar», F.Vignaux, Yann

Grzegorz Rosinski a quand même dessiné la couverture, histoire de passer le flambeau avec bienveillance. Mais il n'en reste pas moins que quelques années après que Jean Van Hamme ait raccroché le stylo côté scénario, le dessinateur culte de Thorgal arrête la série. Fred Vignaux et Yann allaient-ils parvenir à reprendre dignement les mythiques aventures de Thorgal ? Certes et le duo parvient même à signer une aventure qui peut être suivie par ceux qui auraient lâché Thorgal en cours de route, comme boucler la boucle de certains aspects de la saga afin de pouvoir démarrer sur du nouveau. Ainsi, Thorgal va devoir affronter ses démons (celui qu'il était devenu lorsqu'il était aux mains de Kriss de Valnor) et sauver un peuple de la folie d'un homme. Tout un programme... qu'on suit avec joie.

Thorgal, T. 37, «L'ermite de Skellingar», F.Vignaux, Yann, Le Lombard, 12,45€.

Blueberry, «Amertume apache», C.Blain, J.Sfar

Stetson vissé sur le crâne, nez de boxeur façon Bebel, cheveux en bataille... C'est bien la silhouette inimitable de Blueberry qu'on peut à nouveau apercevoir sur les étagères de toute bonne librairie qui se respecte. Dessiné par le génial Christophe Blain, cet «Amertume Apache» est le premier tome d'un diptyque autour du héros dessiné inventé par Jean-Michel Charlier et Jean Giraud. Pour le ténébreux lieutenant, il s'agira ici d'éviter que la situation s'envenime entre la population locale, le fort et les indiens du coin à la suite du meurtre de deux femmes apaches. Si cet opus figure parmi la sélection officielle du FIBD 2020, ce n'est pas un hasard : Christophe Blain signe là un très prometteur album. Vite la suite.

Blueberry, «Amertume apache», Dargaud, 14,99€.

Spirou, L'espoir malgré tout, tome 2

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© Emile Bravo / Dupuis

Deuxième tome d'une aventure prévue en quatre volumes, ce «Spirou, l'espoir malgré tout» d'Emile Bravo place le duo mythique Spirou et Fantasio dans une Belgique occupée par les nazis. Spirou est encore adolescent quand Fantasio est journaliste pour Le Soir. Le quotidien passé aux mains d'une direction aux ordres de l'occupant, Fantasio a du faire des choix quand Spirou a vu l'hôtel qui l'employait être démoli par une bombe. Tous les deux, sans argent, décident de sillonner les routes pour se lancer dans le spectacle de marionnettes et prennent peu à peu conscience de la cruauté des nazis. 

Si le propos est écrit pour apprendre intelligemment aux plus jeunes les réalités de l'Occupation, il n'en reste pas moins que cet album est destiné à tous. Emile Bravo met tout son talent dans cette aventure qui oscille habilement entre comédie et propos à l'extrême gravité. En plaçant les deux héros - que tout le monde connaît et aiment - dans cette époque aux choix décisifs, l'auteur met ses lecteurs face à leurs responsabilités de citoyens. Un album nécessaire à mettre entre absolument toutes les mains.

Spirou, «l'espoir malgré tout», tome 2, Emile Bravo, éd. Dupuis, 16,50€

Les albums à découvrir

«Cassandra Darke» de Posy Simmonds

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©Posy Simmonds / Denoël Graphic

Cassandra Darke n’est pas à proprement parler ce qu’on appelle « une charmante personne». Son obsession ? Parvenir à garder un minimum de confort alors qu’elle a envoyé par le fond la galerie d’art de son défunt ex-mari en se faisant pincer pour fraude. La vieille et grosse dame vit ainsi seule dans sa maison très chère de Chelsea jusqu’au jour où la fille de son ex-mari, Nicki, vient s’installer dans son sous-sol aménagé. En échange de services quotidiens, la jeune femme aussi perdue que naïve n’aura pas de loyer à payer. Alors que les relations avec Nicki sont très loin d’être au beau fixe, Cassandra trouve une arme dans la poubelle de la jeune femme. De quoi mêler Cassandra à une sombre histoire de meurtre...

Jamais roman graphique n’aura si bien porté son nom. Ici, Posy Simmonds ne se met aucune barrière formelle et n’hésite pas à alterner longs passages écrits avec illustrations parfois XXL et des cases de bande dessinée presque classiques. L’auteur de Tamara Drewe et de Gemma Bovery manie humour noir et polar pour au final dresser un portrait sans concession de la bonne société londonienne d’aujourd’hui à travers le regard plus qu’affuté de la détestable Cassandra. Un véritable bijou de noirceur et de finesse.

Cassandra Darke, Posy Simmonds, Denoël Graphic, 21 €.

«Un putain de salopard» de Loisel et Pont

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Tout débute en 1972. Max vient de perdre sa mère qui lui a laissé deux photos de lui bébé en compagnie de deux hommes différents. L’un des deux, potentiellement « un putain de salopard » selon les dires de certains, serait son père. De quoi décider le jeune homme à partir en quête de ses origines dans un petit village brésilien situé au cœur de l’Amazonie, là même où il passa les trois premières années de sa vie. A peine arrivé, Max rencontre alors un couple d’infirmières venu prendre le pouls d’une région plutôt réputée hostile. Très rapidement, la joyeuse équipée va jouer de malchance quand elle ne fera pas de très mauvaises rencontres.

Régis Loisel n’a certes plus rien à prouver. Il n’empêche que le Grand Prix d’Angoulême 2003 montre toute l’étendue de son talent de conteur dans ce « putain de salopard » qui ne laisse jamais le lecteur au repos. Ici, pas de temps mort ni de personnages mal dégrossis, on s’installe avec plaisir aux côtés de Max, des deux pétillantes infirmières et de Baïa, une  mystérieuse jeune femme muette, sans jamais se désolidariser de leur aventure. De son côté, Olivier Pont, autant reconnu pour son trait léger et dynamique dans la BD (« Où le regard ne porte pas », Dargaud, Grand prix RTL de la BD, 2004) que pour son talent de réalisateur (il a notamment réalisé 4 épisodes de la qualitative série « Ainsi soient-ils sur Arte ») met en scène avec force et délicatesse cette histoire trépidante. Les deux hommes  – des amis de 25 ans – unissent leurs talents pour créer leur première BD commune. Le résultat : 88 pages de récit rocambolesque, de cadrages originaux et de personnages attachants ou complètement cinglés. A en croire les auteurs, cette histoire qui se finit ici par un cliffhanger inattendu devrait être bouclée en 3 ou 4 tomes. La difficulté est désormais d’attendre calmement la suite.

«Un putain de salopard», Tome 1: «Isabel», éd. Rue de Sèvres, 17 €.

«Le dernier Atlas», tome 1 de vehlmann, bonneval, tanquerelle et blanchard

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©Vehlmann/Bonneval/Blanchard/Tanquerelle/ Dupuis

Dans une année 2018 fantasmée, Tayeb, un gangster nantais, est confronté à une menace qui le dépasse. Du désert algérien aux bidonvilles indiens, l’homme de main malin tente de récupérer un robot géant surpuissant, le fameux Atlas. Cette technologie a été développée par la France il y a plusieurs décennies, mais abandonnée depuis.

Polar ? Science – fiction ? Chronique sociale ? Le dernier Atlas est un peu tout cela à la fois. Dans cette nouvelle trilogie co-signée par le quatuor plus que talentueux constitué de Vehlmann, Gwen de Bonneval, Blanchard et Tanquerelle, c’est une version alternative de notre époque qui est proposée, une uchronie inquiétante, pleine de surprises et de menaces. Dès lors, les intrigues se mêlent avec une grande crédibilité, les époques aussi, ce qui rappellera des souvenirs émus aux lecteurs du manga culte «20th Century Boys».

«Le dernier Atlas», tome 1, de Vehlmann, Bonneval, Blanchard et Tanquerelle, éd. Dupuis, 24,95 €.

«Le dernier Pharaon» de François Schuiten, Thomas Gunzig, Jaco Van Dormael

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© François Schuiten/éd. Blake et Mortimer/Dargaud

Blake a grimpé dans sa hiérarchie et s’est éloigné peu à peu de Mortimer, en proie à de vilains cauchemars depuis leur aventure en Egypte, et qui entame une retraite bien amère à Londres. Pourtant, au début des années 1980, lorsque de terrifiantes radiations s’échappent du Palais de justice de Bruxelles, entraînant l’arrêt de tous les réseaux électriques et électroniques des alentours, Blake va de nouveau devoir faire appel à Mortimer. La ville est alors évacuée, le Palais de justice placé sous une cage de Faraday. Peu à peu, la nature y reprend ses droits, les animaux sauvages y reviennent. Mais subitement, le rayonnement reprend. L’armée décide d’envoyer ses missiles sur la ville «morte». Blake sent le danger et fait de nouveau appel à son vieil ami…

Terminée l’image vieillotte des aventures de Blake et Mortimer, ces deux héros imaginés en 1946 par Edgar P. Jacobs, l’un des fondateurs de «La ligne claire» avec Hergé. Un quatuor d’artistes – François Schuiten au dessin et scénario, le réalisateur Jaco Van Dormael et l'écrivain Thomas Gunzig au scénario ainsi que le grand affichiste Laurent Durieux aux couleurs - s’est attaqué sans complexes aux mythiques Blake et Mortimer.  Ici, François Schuiten ne fait pas dans le compromis. Le créateur des Cités Obscures délaisse la «Ligne claire» chère à Edgar P. Jacobs et imprime de sa patte cette aventure, brossant les grandes perspectives du Palais de Justice et de la ville avec son vertigineux coup de crayon. Pourtant, l’album ne se montre pas avare de clins d’œil au créateur disparu en 1987, et puise ses racines au coeur de la série. L’histoire du «Dernier pharaon» débute là où on avait laissé les deux héros à la fin du mythique «Mystère de la grande pyramide» (les quatrième et cinquième albums écrit et dessinés par Edgar P. Jacobs) et les fans pourront retrouver de nombreux éléments déjà imaginés par Edgar P. Jacobs. Enfin, François Schuiten, Jaco Van Dormael et Thomas Gunzig ont eu l’idée de déplacer dans le temps les faits pour créer une aventure «hors série» aux résonnances écolos bien actuelles.

« Blake et Mortimer, Le dernier Pharaon », Schuiten, Van Dormael, Gunzig, Durieux, éd. Blake et Mortimer, 17,95€.

«L'Odyssée d'Hakim» de Fabien Toulmé

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© Fabien Toulmé / Delcourt

Hakim, jeune syrien à la vie tranquille, voit sa vie basculer avec la guerre civile. Du jour au lendemain, il doit tout quitter : sa famille, ses amis, son entreprise jadis florissante. Fruit des conversations entre Hakim (le prénom a été changé) et Fabien Toulmé, «L'Odyssée d'Hakim» raconte le périple de ce jeune homme. Si le premier tome abordait le départ de Syrie et l'arrivée d'Hakim en Turquie, ce deuxième volume emmène le lecteur jusqu'en Grèce. Hakim est tombé amoureux et est désormais devenu père, il devra faire des choix fort pour sa famille.

Dans un graphisme qui ne déplaira pas aux fans de Guy Delisle, Fabien Toulmé («Ce n'est pas toi que j'attendais», éd. Delcourt) raconte avec une grande sensibilité le destin de ce jeune homme. Si les problématiques géopolitiques sont évidemment abordées et que le premier album permettait de mieux comprendre ce qui s'est joué en Syrie au début de la guerre civile, ici il n'est pas question de problématiques migratoires, mais bien de la vie d'un homme, d'une famille. Que ferions-nous dans le cas d'Hakim ? Vers qui et vers où se tourner quand on a tout perdu ? Comment se reconstruire ? Toutes ces questions sont esquissées avec grande finesse à travers le destin d'Hakim et sa famille. En outre, l'histoire est palpitante et menée avec talent. De quoi attendre le troisième volume avec d'autant plus d'impatience.

«L'Odyssée d'Hakim», T. 2, de la Turquie à la Grèce, éd. Delcourt, 24,95 €.

«Hollywood Menteur» de Luz

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© Luz / Futuropolis

Luz plonge dans le tournage de «The Misfits» («Les désaxés»), chef d'oeuvre crépusculaire de John Huston, écrit par Arthur Miller mais aussi dernier film achevé de la compagne de ce dernier : une Marilyn Monroe en souffrance. L'auteur s'empare d'un mythe du septième art pour passer de l'autre côté du miroir. Loin des «Poupoupidou», Marilyn s'avère être une femme malade (elle était certainement atteinte d'endométriose, ce qui lui occasionnait beaucoup de douleurs) et en colère. Montgomery Clift se montre hanté par le fantôme d'un James Dean mort au volant de sa Porsche et Clark Gable n'est plus que l'ombre de lui-même, usé et déjà loin du monde. De cette BD - reportage, forte d'un Noir et Blanc somptueux et emprunte d'une certaine rage, émerge un autre propos. Victime des attentats de Charlie Hebdo, Luz possède bien des points communs avec cette Marilyn. Comme la star de «certains l'aiment chaud», l'auteur reste prisonnier de son image et du symbole qu'il est devenu malgré lui. Comme elle aussi, il lutte contre une triste réalité.

«Hollywood menteur» est aussi l'occasion de plonger dans les yeux une femme dans ce milieu d'hommes et quelques génies de la caméra, en proie à leurs angoisses et vieillissants. L'envers du décor façon #Metoo qui donne envie de regarder les humains derrière les masques.

«Hollywood menteur», Luz, éd. Futuropolis, 19€.

«Les Indes Fourbes» d'Alain Ayroles et Juanjo Guarnido

Cette fois, pas d’animaux parlant. Tous deux à l’origine de séries cultes, le scénariste Alain Ayroles (De Cape et de Crocs), et le dessinateur Juanjo Guarnido (Blacksad) ont imaginé leur histoire comme une suite au roman picaresque de Francisco de Quevedo, «El Buscón», paru en 1626 mais resté célèbre de l’autre côté des Pyrénées, à l’instar d’un Don Quichotte. Dans la BD, le héros, Don Pablos de Segovie, va traverser l’Atlantique, et se retrouver embarqué dans d’improbabes péripéties. Ce Pablos est un filou, né tout en bas de l’échelle sociale, mais qui compte bien la gravir à force de mensonges, vols, trahisons, et meurtres s’il le faut. Après tout, dans ces Indes ou le rêve de l’Eldorado est encore présent, la frontière entre l’aventurier et le vaurien est ténue.

Un travail titanesque de près de dix ans, pour ce récit baroque dont l’action se déroule du côté du Nouveau Monde. Avec son grand format, ses 150 pages, ses cases peintes à l’aquarelle, et son récit à tiroirs mêlant satire et burlesque qui réserve de nombreuses surprises, les deux auteurs signent un futur classique. Expressivité des visages, choix des couleurs et des cadrages, et textes ciselés plongent le lecteur dans cette ambiance hispanique au temps de Vélasquez.

Les Indes fourbes, Ayroles, Guarnido, éd. Delcourt, 34,90€.

«In Waves», d'Aj Dungo, Casterman

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© AJ Dungo/Nobrow/Casterman

Attention, mouchoirs à prévoir. Première BD et déjà la promesse d'un grand auteur. L'américain Aj Dungo livre un double récit assez étonnant : une passion amoureuse aussi belle que tragique fait ici face à l'histoire du surf et de ses pionniers.

Encore au lycée, Aj rencontre Kristen. Alors qu'ils tombent amoureux, la jeune fille tombe malade. Atteinte d'un cancer des os qui allait l'emporter dix ans plus tard, elle continue néanmoins à surfer. Avant de décéder en février 2016 à l'âge de 25 ans, la jeune femme fait promettre à Aj Dungo d'immortaliser leur histoire. C'est ce que le jeune californien raconte dans cet épais roman graphique addictif et bouleversant. Au fil des couleurs douces et du trait tout en douceur du jeune universitaire, l'histoire d'amour des deux jeunes gens se dessine. Leur rencontre d'abord, puis leur passion pour le surf, les virées entre copains sur les vagues, et enfin, la maladie, entre rechutes, amputation d'une jambe - qui n'altèrera en rien la passion de Kristen pour la glisse et la mer -.

Entre les différentes étapes de leur histoire, Aj Dungo prend le parti passionnant d'insérer des chapitres sur deux grandes figures de l'histoire du surf, à savoir Tom Blake et Duke Kahanamoku, le tout dessiné en bichromie sépia.

Au final, ce livre peut rester un bel exemple dans l'art d'émouvoir sans pour autant être un «tire-larmes», à la hauteur du courage de cette jeune femme face à la maladie, de la dignité d'Aj Dungo face au deuil et à l'humilité des surfeurs face aux éléments. Bouleversant et juste.

«In waves», d'Aj Dungo, Casterman, 376 p., 23 €.

«Faut pas prendre les cons pour des gens», d'Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud, éd. Fluide glacial

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© E.Reuzé / N.Rouhaud / Fluide Glacial

Un homme, l'oeil rivé sur un tuto Youtube, qui conseille son chirurgien pendant une opération, un casse de banque par «télébraquage», des parents qui expulsent du territoire leur bébé car il ne sait pas parler fraçais ou encore un sdf qui choisit son carton au salon de l'habitat... Les gags imaginés par Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud plairont aux adeptes de l'absurde. Dans un style semi-réaliste, le duo d'auteurs s'amuse avec des thèmes d'actualité pourtant très sombres comme le suicide en entreprise, les fanatiques religieux, les prêtres pédophiles ou les migrants.

Tout est dans le titre au non-sens équivoque. Amateurs d'absurde et d'humour noir, courrez en librairie. Chaque planche est à se plier en deux tant les auteurs ont soigné les chutes et le décalage entre le style graphique d'Emmanuel Reuzé, le dédoublement des cases, les situations et les dialogues. Et au-delà de leur indéniable talent, le duo sert une satire sociale plutôt fine et tourne le quotidien, comme le mal ordinaire, en dérision avec un culot exraordinaire. «L'absurde ne doit pas servir à déconnecter la réalité, mais au contraire à la faire grincer plus fort», explique Emmanuel Reuzé. Pari plus que réussi.

Faut pas prendre les cons pour des gens, Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud, Fluide glacial, 56 p., 12,90€.

«Le roman des Goscinny», de Catel, éd. Grasset

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© Catel / Grasset

Un projet audacieux. Comment s'attaquer au monument du neuvième art qu'est René Goscinny ? Célèbre pour ses biographies de femmes en BD («Kiki de Montparnasse», «Olympe de Gouges»...), Catel traite cette fois de la vie d'un homme, vu par une femme. En l'occurrence, Anne Goscinny, la fille de René Goscinny. La dessinatrice a passé de longues heures à discuter de ce père disparu avec celle qui deviendra son amie. Durant quatre ans, l'auteure a ainsi travaillé sur la vie du papa du célèbre petit gaulois et livre 320 planches, en couleur, sur ce que fut l'existence de l'auteur que l'on imagine foisonnante.

Que pouvait apporter la mise en scène de ces discussions entre ces femmes ? N'était-ce pas trop risqué de choisir un récit à deux voix ? Avec cette idée astucieuse de placer Anne Goscinny en protagoniste du récit, Catel réussit son pari et offre une vision très sensible et intelligente de ce géant de la BD. De la vie de Goscinny, l'auteure de «Joséphine Baker» retient à quel point l'humour et l'amitié furent ses moteurs malgré les malheurs et les désillusions. Elle parvient à toucher du doigt l'essence du génie de Goscinny par touches et montre toute l'humanité du scénariste qui se cachait derrière ses héros inoubliables.

«Le roman des Goscinny», de Catel, éd. Grasset, 344 p., 24,80€.

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