Le château de Shuri, dans l'archipel méridional d'Okinawa au Japon, classé au Patrimoine mondial de l'Unesco, a été en grande partie détruit par un incendie dans la nuit de mercredi à jeudi 31 octobre, ont annoncé les autorités locales.
Ce château est au coeur d'un important complexe architectural remontant au royaume de Ryukyu, qui aurait été utilisé à partir du XVe siècle. La structure en bois détruite était une reconstruction effectuée après-guerre à partir de photographies et de plans anciens.
Des images de télévision prises en milieu de nuit montraient de grandes flammes orange envahissant le complexe historique, situé sur une colline surplombant Naha, la capitale d'Okinawa. Aucun blessé n'a été signalé, selon les pompiers.
Vers 7H30 locales (22H30 GMT mercredi) l'incendie avait été maîtrisé mais de la fumée blanche continuait de s'échapper en plusieurs endroits et des pompiers continuaient d'utiliser des lances à eau dans la matinée, selon des images de la télévision publique japonaise NHK.
首里城正殿で火事です。 #首里城 pic.twitter.com/Ym8ibkY1vZ
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«Tous les principaux bâtiments ont entièrement brûlé», a déclaré jeudi à l'AFP Daisuke Furugen, un responsable des pompiers de Naha. «Nous poursuivons nos efforts avec 30 camions incendie et une centaine de pompiers», a-t-il ajouté.
La raison du sinistre n'était pas encore déterminée, mais une alarme de sécurité s'est déclenchée vers 02H30 du matin, avait expliqué plus tôt à l'AFP Ryo Kochi, un porte-parole de la police d'Okinawa.
Le «Festival du château de Shuri» se déroulait sur le site depuis le 27 octobre et devait durer jusqu'au 3 novembre. Des travaux liés à ces festivités avaient été menés jusqu'à 01H00 du matin, selon ce porte-parole de la police, précisant toutefois que l'on ne pouvait dans l'immédiat établir un lien entre ces travaux et l'incendie.
«Nous avons perdu notre symbole»
Véritable forteresse, avec ses imposants murs d'enceinte, ses portes monumentales et ses nombreux pavillons, le château de Shuri était le centre politique, diplomatique et culturel du royaume indépendant de Ryukyu (XVe-XIXe siècles), carrefour des échanges entre l'Asie du Sud-Est, la Chine, la Corée et le Japon.
Le complexe est divisé en trois zones : administrative, religieuse et privée (appartements de la famille royale).
Selon les autorités locales, l'incendie aurait démarré dans le pavillon principal, le Seiden, une vaste structure rouge à étages en bois richement décorée et surmontée d'un double niveau de toiture, avant de s'étendre aux bâtiments voisins.
La maire de Naha, Mikiko Shiroma, s'est dite «extrêmement triste» et «profondément choquée». «Nous avons perdu notre symbole», a-t-elle déclaré devant des journalistes.
«La ville de Naha va faire tout son possible, tout ce qui est en notre pouvoir» pour gérer l'incendie et ses conséquences, avait-elle déclaré plus tôt dans la journée lors d'une réunion d'urgence.
«C'est triste. C'est dur d'exprimer mon émotion avec des mots», a confié un habitant de Naha interrogé par la télévision. «Je me sens vide... C'était un symbole d'Okinawa», a-t-il ajouté.
Le château avait déjà été détruit en 1945 par les bombardements américains durant la bataille d'Okinawa. Il avait été reconstruit à l'identique et avait rouvert en tant que parc national en 1992.
Grâce à la fidélité historique de sa reconstruction, le château avait été inscrit en 2000 au Patrimoine culturel mondial avec d'autre sites et monuments de la région couvrant 500 ans d'histoire de la «culture unique» Ryukyu, selon le site de l'Unesco.
L'une des portes principales du château, Shureimon, avait figuré sur un billet de banque japonais en 2000 pour commémorer l'accueil par Okinawa d'un sommet du G8. Un relais de la flamme olympique devait par ailleurs passer l'an prochain sur le site avant les JO de Tokyo.
Le Japon est parsemé de nombreux châteaux historiques, mais la plupart sont des reconstructions en béton, les originaux en bois ayant disparu au cours des guerres passées, des sinistres ou des catastrophes naturelles.
Dernièrement, le château de Kumamoto (sud-ouest du pays) avait ainsi été gravement endommagé lors de violents séismes qui avaient frappé la région en 2016, avec des travaux de restauration devant s'étaler sur de nombreuses années.