L’actrice et chanteuse Camélia Jordana est à l’affiche du premier long-métrage de Caroline Fourest, «Sœurs d’armes», qui sera diffusé ce mardi soir sur Canal+. Un film d'action sur des guerrières luttant contre Daesh.
Celle qui fut révélée il y a dix ans dans l’émission «Nouvelle Star», et a décroché le César du meilleur espoir féminin pour «Le Brio» d'Yvan Attal en 2018, incarne Kenza, une Française d’origine algérienne.
Accompagnée de Yaël (Esther Garrell) qui pense être recrutée comme infirmière, la jeune femme au fort tempérament rejoint une brigade internationale de combattantes, qui prennent les armes pour sauver la communauté kurde et la libérer des djihadistes. Ces héroïnes des temps modernes croisent la route de Zara (Dilan Gwyn), survivante yézédie qui décide de se rallier à leur cause pour venger la mort de son père.
Pourquoi avoir accepté ce rôle ?
C’est un rêve d’interpréter l’une de ces héroïnes. J’ai croisé Caroline Fourest à Cannes un an avant le début du tournage. Elle m’avait parlée du scénario. Je connaissais aussi son travail en tant que journaliste. Trois mois plus tôt, l’une de mes meilleures amies, qui est musicienne, avait de son côté enregistré la devise des combattantes kurdes : «Femme ! Vie ! Liberté !». Je connaissais donc l’existence de ces femmes et leur quotidien. Elles se battent pour leurs idéaux. C'est formidable et extrêmement courageux.
Vous avez été obligée de vous entraîner pour coller au plus près à votre personnage…
Et de manière intensive ! Il fallait que je sois crédible. Alors j’ai travaillé avec un coach et suivi un entraînement. On a couru et appris à manier des armes. C’était flippant.
Pensez-vous que «Sœurs d’armes» puisse contribuer à éveiller les consciences ?
Il DOIT éveiller les consciences. Caroline Fourest a réussi un pari fou. Elle parvient à parler du féminisme en réalisant un film d’action et de divertissement où les héroïnes sont des guerrières. C'est l'alliance d'une Américaine catholique, une Anglaise, une Kurde, une Franco-israélienne, une Française «muslim cool, cool muslim» et une Yézédie. Et toutes sont unies pour une seule et même cause.
Ces femmes se battent pour défendre leurs idéaux.
Quelle est votre définition du féminisme ?
Il n’y en a qu’une seule : être pour l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. Les féministes ne sont pas contre les hommes. Depuis le mouvement #MeToo, il y a un changement magnifique qui s’opère. Les hommes prennent même la défense des femmes en public. Il existe une vraie prise de conscience auprès de la nouvelle génération.
Une bataille qui n’est pas menée par toutes les femmes…
Dans le monde occidental, on a longtemps appris aux femmes à être en concurrence. Il fallait qu’elles épousent le plus beau mari, qu’elles possèdent la plus belle maison, qu’elles aient le plus beau corps, qu’elles reçoivent la meilleure éducation. Et certaines femmes le tolèrent encore aujourd'hui, et ne comprennent pas pourquoi d’autres se battent pour davantage de liberté. Elles veulent par exemple que l'on continue à les présenter comme des «écrivains» plutôt qu'«écrivaines». C’est de la misogynie féminine ordinaire.
Etes-vous victime de sexisme ?
Tout le temps ! Encore hier, je me promenais dans la rue avec ma chienne et un homme m’a lancée : «Très belle chienne, comme sa maîtresse». Pour lui, c’était un compliment. Toutes mes potes qui travaillent dans l'industrie du cinéma ou de la musique en sont victimes un jour ou l'autre.