Nombreux sont les Français qui choisissent les livres en format poche, légers pour la bourse et le sac, pour partir en vacances. On a sélectionné 6 romans à glisser dans sa valise.
Ils vont tuer Robert Kennedy, de Marc Dugain
La petite histoire imbriquée dans la grande. Un professeur d’université de Vancouver a la conviction que les morts successives de ses parents à la fin des années 60 sont liées à l’assassinat de Robert Kennedy. Il découvre alors que son père avait lié, pendant la Seconde Guerre mondiale, des liens avec les services secrets britanniques. Alors qu’il écrit une thèse sur le jeune frère du président, il découvre que ce dernier savait pertinemment que John F. Kennedy avait été victime d’un complot et que se présenter à l’élection présidentielle de 1968 allait le conduire à la mort… Marc Dugain (la chambre des officiers) plonge ses lecteurs dans les États-Unis des années 60 et sert un polar aussi efficace qu’extrêmement bien documenté.
«Ils vont tuer Robert Kennedy», Marc Dugain, Folio, 8,40€.
Une trace dans le ciel, d’Agnès Clancier
Une pionnière. Arrêtée par la Gestapo en 1944, une aviatrice célèbre pour avoir battu de nombreux records dans les années 1930, tente de surmonter sa peur des interrogatoires. Vibrant portrait d’une féministe avant l’heure, « une trace dans le ciel » d’Agnès Clancier s’inspire de la vie de Maryse Bastié, héroïne de l’aviation engagée dans la Résistance et dans la cause des femmes. L’auteure fait ainsi revivre cette figure oubliée aussi libre que forte dans l’adversité.
«Une trace dans le ciel», Agnès Clancier, Arléa, 9€.
Écoute la ville tomber, de Kate Tempest
Jeunes et épris de liberté, Becky, Harry, Pete et Leon quittent Londres en pleine nuit à bord d’une vieille Ford Cortina, une valise d’argent pour seule ressource. Que fuient-ils ? Quels sont leurs aspirations ? Kate Tempest, jeune star du hip-hop, poétesse et artiste signait à 30 ans à peine cet âpre et noir roman qui suit tout à la fois des jeunes gens paumés dans une société qui ne leur convient pas mais qui laisse une injonction d’absolue nécessité : il faut vivre ses rêves et ne jamais renoncer. Un joli message en ce début d’été.
«Écoute la ville tomber», Kate Tempest, Rivages poche, 9€.
Farallon Islands, d’Abby Geni
Un séjour dans les îles ne répond pas forcément aux clichés du sable blanc et des cocotiers. Les lecteurs de David Vann et de son terrifiant « Sukkwan Island » en savent quelque chose. Ceux d’Abby Geni tout autant, avec l’histoire de Miranda, jeune photographe spécialisée de la faune sauvage, orpheline de mère qui sillonne le monde comme pour rechercher ce qui lui manque. Elle accepte alors de s’embarquer pour une île inhabitée au large de la Californie. Entre l’hostilité du climat et de la nature et l’inquiétante petite communauté de six scientifiques assez étranges qui habitent les lieux, le lecteur ne peut s’empêcher de plonger au cœur de ce huis-clos inquiétant au gré du rythme haletant imposé dès les premières phrases par l’auteur. Suffoquant et envoûtant.
«Farallon Islands», Abby Geni, Babel, 8,80€.
Innocence, d’Eva Ionesco
Années 70. Boucles blondes, joues rebondies et sourire d’ange, la petite Eva se retrouve pourtant au cœur d’un drame. Alors que ses parents se séparent très vite après sa naissance, sa mère fait tout pour l’éloigner de son père. Eva est âgée de seulement quatre ans lorsque sa mère, photographe, la prend comme modèle érotique et n’hésite pas à la faire poser dans des positions de plus en plus suggestives afin de la vendre à la presse magazine. Au creux du monde de fêtes et de drogues que lui impose cette génitrice névrosée, Eva ne cessera de réclamer son père qui lui seul pourrait la sauver de ce qu’elle vit. Il faudra attendre l’adolescence pour que le scandale explose. Loin d’être un livre-témoignage, Eva Ionesco excelle à décrire les ambiances au gré des sensations et parfois même d'un humour corrosif qui a certainement aidé l’auteure à survivre à cette enfance à l’innocence bafouée.
«Innocence», Eva Ionesco, Le livre de poche, 8,40€.
De la part de la princesse morte de Kenizé Mourad
Avec ses 896 pages, le voyageur sera ravi d’apprendre que cette nouvelle édition du « presque » classique de Kenizé Mourad sorte à nouveau en format poche. L’auteure, journaliste spécialisée du Moyen-Orient, y raconte la vie incroyable de sa mère qui puise ses racines dans l’Empire Ottoman du début du vingtième siècle qui n’a plus que quelques années à vivre. Selma, petite-fille de Sultan, ne connaîtra que peu le faste des palais et sera livrée à l’exil dès sa tendre enfance. Elle découvrira alors le monde, l’amour et la liberté, depuis les Indes impériales jusqu’à la menace allemande à Paris. Une saga enivrante.
«De la part de la princesse morte», Kénizé Mourad, Pocket, 8,98€.