Les ministères de la Culture et de l'Education vont distribuer à partir de ce mercredi 5 juin l’édition 2019 du «Livre pour les vacances» à l'ensemble des élèves de CM2 du pays.
Un an après Joann Sfar, c’est le dessinateur Voutch qui a prêté son crayon pour illustrer un recueil des Fables de La Fontaine.
Le fait que le ministère de la Culture ait fait appel à vous est-il une reconnaissance ?
Oui, forcément, car ils ont fait la démarche de me le demander. J’ai accepté car il s’agit des Fables de La Fontaine. Si cela avait été autre chose, je ne l’aurais pas fait. Ce sont des souvenirs d’enfance et un univers qui me plaisent.
J'ai trouvé l'idée excellente et j'ai suivi le mouvementvoutch
Quelle est l’importance d’amener les enfants à la lecture ?
Cette question, il faut plutôt la poser aux personnes du ministère, qui ont eu envie de lancer ça. Moi, j’ai trouvé l’idée excellente et j’ai suivi le mouvement.
Est-ce facile d’illustrer les fables de La Fontaine ?
Non, car on ne démarre pas de zéro. Beaucoup d’illustrateurs, des très connus et des moins connus, ont travaillé dessus. Quand on prend la relève, il ne faut surtout pas essayer de faire pareil que ceux qui sont passés avant. Avec La Fontaine, le terrain était déjà bien occupé.
C’est aussi la première fois où je suis seulement illustrateur. J’avais toujours refusé de travailler sur autre chose que mes propres textes. Cette fois, j’ai fait une exception, c’est une première expérience.
Le dessin, c'est un teser pour donner envie de lireVoutch
Avez-vous regardé les dessins de Joann Sfar, qui était à votre place l’an dernier ?
Bien sûr que j’ai regardé ! Ne serait-ce que par curiosité. Là, c’était plus pour ne pas faire comme lui, que de m’en inspirer. Le ministère m’a laissé choisir les fables que je voulais mettre dans le livre et illustrer. Ce sont celles qui me parlent le plus, donc il y avait déjà des différences de ce côté avec Joann Sfar. Et puis nous avons deux styles différents.
Vous êtes plutôt habitué à des dessins humoristiques, parfois corrosifs. Est-ce que vous avez dû adoucir votre façon de penser, pour vous adresser à des enfants ?
Les fables sont assez violentes, ce n’est pas du tout nunuche ou à l’eau de rose. Dans Le loup et l’agneau, il y en a quand même un qui se fait dévorer. La Fontaine, c’est un peu comme les contes, ce n’est pas une littérature aseptisée, ce n’est pas du tout gentil.
Je n’ai pas voulu gommer ce côté violent par rapport aux enfants, je me suis plutôt demandé comment faire pour les intriguer. Le dessin, c’est un teaser pour qu’ils aient envie de lire le texte, une vitrine de magasin qui donne envie d’y entrer. L’objectif, c’est de leur susciter l’envie de lire la fable.
Le ministère vous a-t-il laissé carte blanche ?
Complètement. Ils ont accepté mes choix de fables et, dans la mesure où rien ne gênait la bienséance, ils n’ont pas mis leur grain de sel. Mon contrat, c’était de donner envie de lire aux enfants. Le but du ministère, c’est de leur faire découvrir un texte classique. Je n’étais donc pas là pour me faire plaisir avec des dessins particuliers, mais pour amener les enfants à la lecture.