Projeté mardi en ouverture à Cannes et dans près de 600 salles, «The dead don’t die» est en lice pour la Palme d'or. Un film de zombies revisité, flirtant avec la farce, et porté par un casting cinq étoiles.
La fin du monde approche et ce ne sont pas les habitants de Centerville qui diront le contraire.
Si l'écriteau à l'entrée de cette bourgade promet un «vrai bel endroit», tout se révèle pourtant ici étrange et morbide, où chaque être semble déjà avoir un pied dans la tombe, sans forcément craindre le pire. Quand les morts-vivants refont surface, réanimés à cause d'un changement d'axe de la Terre, tous vont devoir sortir de leur léthargie et de leur train-train ennuyeux pour combattre l'ennemi. Avec pour seul mission : décapiter les zombies ou, en version gore, «tuer la tête».
L'univers singulier et délirant de Jim Jarmusch
Depuis «Stranger than paradise» qui lui a valu la Caméra d'or au Festival de Cannes en 1984, l'Américain compte parmi les meilleurs représentants du cinéma indépendant. Avec ce treizième film, Jim Jarmusch respecte les codes du genre, tout en s'amusant avec le sujet... et les spectateurs. Il y incorpore une pointe d'ironie, une bonne dose d'humoir noir et son style underground inimitable. S'il multiplie les références aux films de zombies, à commencer par ceux de George A. Romero, Jim Jarmusch ne cache pas non plus son amour pour la culture pop avec des allusions - plus ou moins affirmées et dans le désordre - à «Star Wars», «Psycho», «Kill Bill» ou «Twin Peaks».
Une galerie d'anti-héros à mourir de rire
Le réalisateur de «Broken Flowers» et «Only Lovers Left Alive» frappe fort avec un casting réunissant quelques-uns de ses acteurs fétiches comme Bill Murray et Steve Buscemi, ainsi que des stars de la musique telles qu'Iggy Pop, Tom Waits ou Selena Gomez.
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— Festival de Cannes (@Festival_Cannes) 14 mai 2019
Et qu'ils soient flic dans un commissariat transformé en morgue, patronne des pompes funèbres qui manie le sabre comme personne, geek légèrement autiste, propriétaire d'un motel, homme des bois survivaliste ou hipster des grandes villes, tous livrent une remarquable performance face à des zombies aussi drôles qu'affamés, lesquels sont pour la plupart accros à la caféine, au Chardonnay, au Xanax et au wi-fi. Sans oublier la chanson répétive «The dead don't die» de Sturgill Simpson, qui reste l'un des personnages centraux de l'intrigue.
Une critique acerbe de l'Amérique actuelle
Car derrière cette fable en apparence légère, se cache une satire politique, sociale et écologique. Comme l'un de ses protagonistes, Jim Jarmusch semble avoir envie de crier : «Quel monde de merde !». Il dénonce la consommation de masse, l'appât du gain et une planète en danger à cause des agissements irréfléchis de certains chefs de l'Etat comme le président américain Donald Trump. L'homme, en général, est en train de détruire la planète et court à sa perte. Et comme ne cesse de le répéter le personnage interprété par Adam Driver, tout cela «va mal finir» si l'on préfère les consoles et les jeux vidéo à la protection de l'environnement.