Kyan Khojandi, révélé au public dans la mini-série Bref diffusée sur Canal + entre 2011 et 2012, présente jusqu’au 29 juin à l’Européen son troisième one man show «Une bonne soirée».
Un titre à propos. L’humoriste est d’excellente compagnie et le public passe à ses côtés une très bonne soirée avec ce solo inscrit dans son époque, à voir à plus d’un titre.
Un texte habilement tricoté
Kyan Khojandi n’a rien perdu de son art de la digression et de son sens de la chute. Si le trentenaire s’emploie, cette fois, à faire le récit d’une des meilleures soirées de son existence, commencée comme toujours avec lui de la façon la plus banale qui soit avant de prendre des airs d’épopée moderne, évidemment débridée et loufoque, cette narration à tiroirs le conduira par des chemins de traverse drôles, décalés, intimes et efficaces. Toujours co-écrit avec son compère Bruno Muschio alias Navo, déjà coscénariste, cocréateur et coréalisateur de la série Bref, le duo fourbit comme toujours ses armes pour capter l’air du temps, et offrir des instantanés du quotidien, qui remaniés par leurs soins transforment l’ordinaire en scènes de vie résolument cocasses.
Un artiste authentique
Découvert en trentenaire chômeur looser et célibataire, Kyan Khojandi ne se départit pas, au fil du temps, de son capital sympathie. Il cultive avec sincérité ce côté « boy next door terriblement drôle » qui a fait son succès. Entre flash-back – ses études de droit, son arrivée à Paris, le théâtre - ses souvenirs d’enfance – son père, sa mère, ses potes - et quelques réflexions personnelles, ce nouveau one man show révèle une fois encore un artiste inscrit dans son époque, généreux et qui ne se prend pas au sérieux.
A la croisée de Pulsions, son deuxième one man, et de «Bref»
Moins introspectif et sensible que Pulsions, son second spectacle d’ailleurs adapté en bande dessiné en mars dernier dans lequel il explorait avec rire mais aussi émotions les pulsions - sexuelle, de vie, de mort - « Une bonne soirée » renoue certainement plus avec l’univers de Bref : 100 % divertissant. Kyan Khojandi n’omet d’ailleurs pas un petit clin d’œil à la série. En guise de final, il signe évidemment un résumé de son one man dans une vidéo de trois minutes dont il a le secret. Dynamique, bien senti et sur un ton reconnaissable entre mille. Un procédé qu’il avait déjà exploré dans son précédent spectacle mais toujours du meilleur effet. On ne change pas une équipe qui gagne après tout.