Exigeante jusqu’à l’excès, elle s’est fait offrir un des diamants les plus chers du monde. D’une générosité sans limites, elle l’a revendu quelques années plus tard pour financer la construction d’un hôpital au Botswana. Cette incroyable dualité restera en tout cas la marque de fabrique d’Elizabeth Taylor, décédée hier matin à l’âge de 79 ans, alors qu’elle était hospitalisée à Los Angeles pour une insuffisance cardiaque. Ses yeux, couleur améthyste, sans aucun doute les plus célèbres de l’histoire du cinéma, se sont fermés à jamais.
Archive – article publié le jeudi 24 mars 2011
Passions tumultueuses
Née en 1932 à Londres, Liz fuit la guerre avec sa famille pour les Etats-Unis, où sa mère la pousse à apprendre le chant et la danse. A 10 ans à peine, elle est déjà à l’affiche de films à succès et tourne avec les plus grands. L’Amérique l’adore, et elle réussit à passer du statut d’enfant star à celui d’icône avec des chefs-d’œuvre comme Géant, La chatte sur un toit brûlant, et bien sûr Cléopâtre. Nous sommes en 1963 et Elizabeth Taylor est l’actrice la mieux payée, avec un cachet d’un million de dollars. Mais elle est aussi une célébrité à la vie faite de passions et de drames. Elle aime les hommes – elle a été mariée huit fois – et les bijoux sans se fixer aucune borne. « Le seul mot qu’elle connaît en italien, c’est Bulgari », s’amusait Richard Burton, qu’elle épousa... deux fois.
Vidéo : Elizabeth Taylor dans Une place au soleil (George Stevens, 1951)
Huit mariages et sept divorces
«Le mariage, c’est comme le menu des restaurants : il faut attendre la digestion pour savoir si on a fait le bon choix», ironisait Liz Taylor en 1991. Elle venait alors de se marier pour la huitième fois avec Larry Fortensky, un industriel de vingt ans son cadet. Entre 1950 et 1996, la belle Liz Taylor n’a cessé de tomber amoureuse, de se marier, pour divorcer dans des temps records : au total, sept hommes lui ont passé la bague au doigt.
Et si elle a divorcé de tous – sauf de Mike Todd, tué dans un accident d’avion en 1958 – tous n’ont pas eu la même place. Dans ses passions, Richard Burton a fait figure d’exception. Ils tombent amoureux en 1962, malgré leurs mariages respectifs, divorcent une première fois, se remarient, pour divorcer à nouveau en 1976. Mais entre deux passages devant le maire, Liz Taylor a multiplié les amants, parmi lesquels Stanley Donen, Richard Brooks et Frank Sinatra. Sentimentale devant l’éternel, elle aura aussi lié des amitiés amoureuses avec des hommes qui préféraient les hommes, comme Montgomery Clift, qu’elle aimera toute sa vie. Hollywood a d’ailleurs lancé deux projets de remakes, dont un avec Lindsay Lohan dans le rôle principal.
Vidéo : Elizabeth Taylor dans La Vénus au vison (Daniel Mann, 1960)
Engagée contre le sida
Pour Qui a peur de Virginia Woolf ?, elle remporte son deuxième Oscar, après La Vénus au vison, mais prend aussi 15 kg. Régimes et dépressions s’enchaînent. La star n’en reste pas moins passionnée, surtout dans sa lutte contre le sida. A la mort de son ami et acteur Rock Hudson en 1985, elle décide de fonder l’American Foundation for AIDS Research (amfAR). Autre ami intime, Michael Jackson. Elle avait d’ailleurs été la première à le surnommer «roi de la pop». Le décès de ce proche, en 2009, avait brisé «[son] cœur et [son] âme», avouait-elle.
Inoubliables dans …
Géant (George Stevens 1956) – Alors que Liz Taylor a déjà commencé sa carrière depuis plus de dix ans, elle joue aux côtés de Rock Hudson et de James Dean, dont ce sera le dernier film, dans ce drame de George Stevens. Géant relate, à travers le combat de deux hommes, l’avènement de l’industrie du pétrole.
La Chatte sur le toit brûlant (Richard Brooks, 1958) – En 1958, l’actrice se frotte une première fois à l’univers de Tennessee Williams. Le rôle de Maggie, une femme amoureuse qui cherche, dans une ambiance familiale conflictuelle, à récupérer l’affection de son mari (Paul Newman), assure sa place au firmament des actrices les mieux payées d’Hollywood.
Cléopâtre (Joseph Mankiewicz, 1963) – En 1963, elle sera Cléopâtre, femme fatale et reine d’Egypte pour le réalisateur Joseph L. Mankiewicz. C’est sur le tournage de ce péplum de quatre heures qu’elle rencontre l’homme qu’elle épousera deux fois, Richard Burton.
Qui a peur de Virginia Woolf ? (Mike Nichols, 1966) – Avec ce drame de Mike Nichols dans lequel elle apparaît pour la première fois sous un jour disgracieux, Elizabeth Taylor remporte pour la deuxième fois l’oscar de la meilleure actrice.
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