Après des années difficiles en Australie, la superstar de Gladiator n’a plus rien à envier à Hollywood. Russell Crowe est habitué aux films de genre, du film noir des années 1940 avec L.A. Confidential au péplum avec Gladiator, en passant par le western, 3h10 pour Yuma et le thriller politique, Jeux de pouvoir. Des rôles taillés sur mesure pour un acteur si charismatique.
ARCHIVE
Comme Peter Jackson, autre enfant chéri d’Hollywood, Russell Crowe est né à l’autre bout du monde, à Wellington, capitale de la Nouvelle-Zélande. Sur cette terre du cinéma austral, ses parents John et Jocelyn travaillent pour les studios. Russell Ira Crowe vient au monde le 7 avril 1964, à la confluence de lignées anglaises, irlandaises, norvégiennes mais aussi maoris. La carrière d’acteur de Russell commence alors qu’il a six ans. Deux ans auparavant, ses parents ont franchi la mer de Tasman pour venir s’installer en Australie. C’est sur cette «île continent» que le parrain de sa mère l’engage pour faire une apparition dans une série télé locale, Spyforce. Il a une ligne de texte, mais donne la réplique au héros du show, Jack Thompson, qu’il retrouvera des années plus tard dans The Sum of Us (1994).
Vidéo : les dix meilleurs rôles de Russell Crowe
C’est aussi à cette époque qu’il affirme son goût pour les chevaux, une passion qui perdure aujourd’hui. En 2009, il affirmait que ces nobles mammifères sont «comme les gens : il y en a avec qui vous avez tout de suite une connexion plus profonde, et vous pouvez développer cela avec le temps». Soumis aux aléas de la vie d’intermittents, les parents de Russell doivent retourner en Nouvelle-Zélande quand leur fils a 14 ans. Il va au collège, mais ne finira pas son lycée : il doit travailler pour aider ses parents, en proie à des difficultés financières. Malgré tout, il n’abandonne pas complètement la carrière d’artiste et joue le rôle d’un rocker sur le retour pour le théâtre. Il sort également un disque, intitulé I Want to Be Like Marlon Brando («Je veux être comme Marlon Brando»).
Vidéo : « I Want to Be Like Marlon Brando »
A 22 ans, il livre sa première prestation de comédien professionnel dans une adaptation de la comédie musicale The Rocky Horror Picturee Show. Bien décidé à avancer dans cette voie, il retourne en Australie quelque temps plus tard. A l’époque, il envisage d’intégrer une école d’art dramatique prestigieuse (National Institute of Dramatic Arts, NIDA, à Sydney), mais un technicien de l’école l’en dissuade. En 1995, dans le magazine Newsday, il expliquait : «Je lui ai demandé s’il pensait que je devais passer trois ans au NIDA. Il m’a dit que ce serait une perte de temps. Il m’a expliqué : “Tu sais déjà les choses qu’on t’apprendra là-bas, tu les as faites toute ta vie, donc tu n’as rien à apprendre sauf de mauvaises habitudes”».
Des débuts difficiles
Russell Crowe a beau déjà connaître son métier, le métier, lui, ne le reconnaît pas encore. C’est ainsi qu’il lui arrive de passer plusieurs mois à faire des petits boulots entre deux rôles modestes. En 1990, il apparaît pour la première fois au cinéma, dans le film The Crossing. Il a 26 ans. Repéré par un autre producteur local, il décroche un rôle dans Blood Oath la même année. S’ensuivent d’autres rôles à la télé et au cinéma australien, dont un dans Romper Stomper (1992).
Vidéo : Russell Crowe dans L.A. Confidential (Curtis Hanson, 1997)
American dream
C’est Sharon Stone qui le repère et l’impose comme un de ses partenaires dans le film de Sam Raimi Mort ou vif. Il partage l’affiche avec la belle actrice, mais aussi avec Gene Hackman et Leonardo DiCaprio. Dès lors, les rôles de plus en plus importants s’enchaînent. En 1997, on le retrouve en premier rôle de L.A. Confidential, film inspiré des années 1940 hollywoodiennes et de leur univers glamour en carton-pâte. Adaptation d’un roman noir de l’auteur à succès James Ellroy, le film de Curtis Hanson réunit une pléiade d’acteurs prestigieux comme Danny DeVito, Kevin Spacey ou Kim Basinger. Russell Crowe y livre son premier rôle remarqué, celui d’un flic à la personnalité complexe emporté dans une affaire de mœurs, impliquant des VIP de la «Cité des anges». Pour son interprétation de Wendell «Bud» White il décroche ses premiers prix d’interprétation qui, bien que mineurs, commencent à créer la notoriété du comédien.
Vidéo : Russell Crowe dans Révélations (Michael Mann, 1999)
Le talent de l’acteur ne met pas longtemps à percer dans La Cité des anges. Avec Révélations de Michael Mann, Gladiator (oscar du meilleur film en 2000) de Ridley Scott et Un homme d’exception de Ron Howard (oscar du meilleur film en 2001), il est le premier acteur de l’histoire à être nommé trois fois de suite pour l’oscar du meilleur acteur.
Le champion de l’arène
La collaboration de Russell Crowe avec Ridley Scott constitue un tournant pour les deux hommes. L’acteur reçoit un oscar pour son interprétation du général Maximus dans Gladiator, le film qui a ressuscité le genre du péplum en 2000. Ce rôle néoclassique permet à l’acteur de montrer le meilleur de son potentiel physique, de son charisme et de la finesse de son interprétation. Quand Ridley Scott décide de remettre le péplum au goût du jour, il fait les choses en grand. Le film est long (2h35) mais sans temps mort. L’épopée est portée par les interprétations magistrales de Joaquin Phoenix, de Richard Harris et Oliver Reed.
Vidéo : Russell Crowe dans Gladiator (Ridley Scott, 1999)
Crowe devient l’acteur fétiche de la filmographie du metteur en scène d’Alien et de Blade Runner, comme Johnny Depp l’est pour Tim Burton. Les deux hommes se retrouvent sur les tournages d’Une grande année (2006), d’American Gangster (2007), Mensonges d’État (2009) et Robin des bois (2011). Parmi ces films, seul American Gangster, avec Denzel Washington, est resté dans les annales.
Adapté de l’histoire vraie de Franck Lucas, ce film se déroule au début des années 1970. A cette époque, la mafia règne sur New York, l’héroïne circule à tout-va, et la corruption ronge la police. A la mort du parrain noir de Harlem, son garde du corps, Franck Lucas (Denzel Washington), encore inconnu des autorités, décide de se mettre à son compte. Il va rapatrier de l’héroïne pure du Vietnam grâce à un contact qu’il possède dans l’armée, afin de la vendre à des prix défiant toute concurrence. Tandis que son business devient florissant, l’inspecteur Richie Roberts (Russell Crowe) avance petit à petit dans son enquête sur cette nouvelle marchandise...
Vidéo : Bande-annonce d’American Gangster (Ridley Scott, 2008)
Une drôle de course-poursuite s’engage alors entre ces deux hommes solitaires et perfectionnistes, dont les destins vont bientôt se mêler. L’un est devenu le nouveau parrain de la drogue, violent et sans scrupule, et mène, en parallèle, une seconde vie au sein d’une famille aimante. L’autre fait partie des très rares incorruptibles de la police de New York, mais ne parvient pas à gérer sa vie privée. Outre ces deux portraits, le réalisateur de Kingdom of heaven ou de Thelma et Louise dresse un tableau remarquable de l’Amérique des seventies et permet à Russell Crowe d’exposer l’étendue de son talent.
Selon Vincent Julé, journalistes sur Ecranlarge.com : « Dès sa révélation dans L.A. Confidential en 1997, il apparaît comme un corps de cinéma massif et imperturbable. Il ne fait pas que porter un film sur ses épaules, il le traverse, le secoue. Ron Howard réussira à le fragiliser et Ridley Scott à le décomplexer (parfois à outrance, comme dans Une grande année), mais seul Michael Mann le métamorphose aux côtés d’Al Pacino dans Révélations. Une subtilité et une ambiguïté qu’il retrouve en partie dans 3h10 pour Yuma, puisqu’il n’est pas un simple bandit des grands chemins, mais plus une icône du Grand Ouest entre violence, ironie et séduction. »
Vidéo : Bande-annonce de 3h10 pour Yuma (James Mangold, 2007)
Le plus grand des voleurs
Cinq à douze caméras, 1500 personnes mobilisées, 150 véhicules réquisitionnés, des centaines de costumes et de décors... Ridley Scott a déployé les grands moyens afin de redonner vie à la légende de Robin des bois. Le projet remonte à loin. Alors qu’il tourne American Gangster, Russell Crowe est contacté par le producteur Brian Grazer, qui cherche un acteur de haut vol pour incarner le héros de légende. «L’histoire de Robin me plaît particulièrement parce que c’est celle d’un homme qui se dédie tout entier à une noble cause et possède à la fois les dons et la détermination nécessaires à la faire triompher», explique le producteur de J. Edgar. « Robin m’a fasciné dès l’enfance, avoue de son côté l’acteur Russell Crowe. (...) Nous nous sentons tous proches de ce redresseur de torts qui en appelle de façon exaltante à notre esprit de justice. J’ai donc accepté de faire ce Robin des Bois, sous réserve qu’il s’agisse d’une approche différente et originale. Cette histoire est l’une des plus anciennes du folklore anglais. Elle impose le respect.»
Vidéo : Bande-annonce de Robin des bois (Ridley Scott, 2010)
Russell Crowe s’est entraîné pendant plus de trois mois en Australie, pays de sa jeunesse, chassant pieds nus dans la forêt, portant une lourde cotte de mailles des heures durant et décochant des flèches en courant. Plus de 100 000 dollars auraient été investis dans du matériel sportif. «Vous devez vous approprier ce qui fait partie intégrante du personnage. Si celui-ci est archer, vous devrez savoir vous servir d’un arc, y compris dans des conditions défavorables (...). Certains jours, je lançais jusqu’à 200 flèches (l’équivalent d’un archer olympique en période de préparation). C’est durant cette phase de travail et de concentration que se construit un personnage», précise ce cavalier émérite. Pour Robin des Bois, « il fallait un réalisateur doté d’un sens épique, habitué à gérer de très gros moyens, mais aussi un homme épris d’authenticité, qui s’intéresse à ce milieu, à cette époque, aux événements politiques et historiques qui l’ont marquée. Ridley est captivé par tout cela, et il était le seul à pouvoir mener à bien un projet aussi vaste», explique Brian Grazer.
Vidéo : Russell Crowe dans Les Misérables (Tom Hooper, 2012)
Une star discrète
En 2005, dans une interview au mensuel masculin GQ, l’acteur révélait que son triomphe dans Gladiator lui avait valu des menaces d’enlèvement par al-Qaida en mars 2001. «Le FBI m’avait appelé alors que je revenais à L.A., me disant qu’il devait me parler toutes affaires cessantes.» Suite à une information fournie par les renseignements français sur le risque d’enlèvement de stars américaines, l’acteur doit être placé sous protection des services secrets.
Côté cœur, après une relation avec Meg Ryan, il épouse la comédienne et chanteuse australienne Danielle Spencer le jour de ses 39 ans, le 7 avril 2003. Les deux artistes ont aujourd’hui des jumeaux. Crowe est un habitué des beaux gestes, même s’il est plutôt discret. Lors du tournage de De l’ombre à la lumière (Ron Howard, 2005) à Toronto, il offre 25 000 dollars à une école juive victime d’un attentat antisémite. Quelque temps plus tard, il donne 200 000 dollars à une école australienne menacée de fermeture.
L’acteur est, de façon générale, très investi en Australie, où il passe le plus clair de son temps. Il est ainsi le propriétaire du club de rugby des South Sydney Rabbitohs. Le comédien est aussi un fan du Richmond Football Club en Australie et du Michigan Wolverines Football Club aux Etats-Unis. Russell Crowe est en outre amateur de musique. Il a réalisé un clip pour sa femme en 2002 et chante régulièrement. Il est membre du groupe pop-rock 30 Odd Foot of Grunts. Bon vivant avant tout, Russell Crowe aime se promener avec ses enfants et donner libre cours à sa passion pour la gastronomie. Entre deux tournages.
Brad Pitt, un acteur en quête de sens
Mel Gibson, explorateur de la violence universelle
Russell Crowe a t-il vraiment photographié un OVNI en Australie ?