Dany Boon est l’un des humoristes préférés des français. Après le succès historique de Bienvenue chez les Ch’tis, le chouchou du cinéma français ne s’est pas reposé sur ses lauriers et travaille d’arrache-pied.
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Le petit gars du «ch’Nord» est devenu une icône. Vache sacrée ou vache à lait, Dany Boon est l’artiste de tous les superlatifs. Après plus de quarante-cinq ans de règne, les vingt millions des spectateurs de Bienvenue chez les Ch’tis de Dany Boon a détrôné La Grand Vadrouille et ses 17 millions. En 2008, ce carton aurait rapporté près de 26 millions d’euros à l’intéressé, à la fois scénariste, réalisateur, acteur et coproducteur du film.
Pourtant, rien ne prédestinait le Ch’ti Dany à un tel succès. Même s’il l’a quitté il y a presque vingt ans, le Nord a toujours fait partie de la vie de Dany Boon. Né à Armentières en 1966, il a rapidement décidé de faire du théâtre. «A dix ans, je faisais rire ma mère pour éclaircir ses journées, puis une visite au théâtre de Lille m’a réellement fait prendre conscience que c’est là que je voulais travailler», se souvient l’humoriste. Daniel Hamidou devient alors Dany Boon, du nom d’un explorateur canadien héros d’une série des années 1970.
Vidéo : générique de la série Daniel Boone qui inspira à Dany Boon son pseudonyme
Issu d’une famille modeste du nord de la France et passionné d’arts graphiques, il part étudier le dessin à Tournai, en Belgique. D’abord embauché dans une agence de publicité à Béthune, il travaille ensuite quelques années à Paris pour un studio d’animation spécialisé dans les cartoons, tels que Starsky et Georges, Les triplés ou SOS Polluards.
En 1988, Dany Boon, qui écrit ses propres sketches depuis trois ans, remporte la sélection régionale pour le festival du café-théâtre francophone à Armentières. Après avoir fait la tournée des cafés-théâtres du Nord, il s’installe à Paris pour tenter sa chance sur les scènes de la capitale. Il commence par jouer dans la rue, puis au Théâtre Trévise ou au Café de la Gare. Il s’inscrit au cours Simon et, grâce à sa rencontre avec Roland Magdane et Sylvie Joly, il obtient ses premiers contrats au Lucernaire pour son spectacle Je vais bien, tout va bien, produit par Patrick Sébastien. Les mimiques font rire, ses personnages aussi... Certains deviendront récurrents, comme Jacky le Ch’ti (hasard ?) ou encore Jean-Pierre, trop «bodybuildé» pour passer entre les portes !
Vidéo : le sketch « Jacky le ch’ti » de Dany Boon
C’est en 1994 que Dany Boon acquiert la célébrité. Son spectacle Dany Boon fou ? remporte un vif succès. Le comédien donne environ 120 représentations. Sa rencontre avec Patrick Sébastien quelques mois auparavant lui avait aussi permis un passage à la télévision. A partir de 1995, le Ch’ti joue ses spectacles sur les plus grandes scènes parisiennes : le Palais des Glaces, l’Olympia, le Bataclan.
Dany Boon devient un artiste reconnu. On aime sa simplicité, sa discrétion, son calme, mais aussi son explosivité sur scène. Adulte bien dans ses baskets avec une âme d’enfant, Dany continue sur sa lancée. L’Olympia, le Bataclan, le festival Juste pour rire de Montréal... En 2003, il donne quelques représentations pour fêter ses dix ans de métier. Alors que d’autres auraient fait de ce moment une grande cérémonie, lui décide de jouer chez lui, «ach’ Nord», comme on dit là-bas, avec son spectacle Ach’ baraque, composé de sketches en ch’timi réservés aux villes du Nord qui l’accueillent.
Vidéo : le sketch « Waika » de Dany Boon
En 2004, il joue Waïka (pour «K-Way» en verlan), à l’affiche de l’Olympia six semaines consécutives. Un triomphe. Pourquoi un spectacle sur un vêtement de pluie ? On trouve la réponse une fois de plus dans le Nord, car le créateur du K-Way est un Ch’ti ! Le comique tourne pendant deux ans avec ce spectacle. Sur les routes avec lui, sa femme Yaël, rencontrée dans une soirée à Megève. Depuis leur mariage en 2003, ils partagent tout. La nouvelle madame Boon collabore avec son mari aux spectacles – elle est au générique des Ch’tis pour la direction artistique. Dès qu’il aborde sa vie privée, ce père de quatre enfants lui fait une déclaration d’amour ! Toujours par amour, il s’est converti au judaïsme.
Vidéo : «le sketch « Vacance chez les chtis » de Dany Boon
Des planches à l’écran
Après Waïka, Dany Boon se consacre au cinéma. Il joue dans Pédale dure et dans Joyeux Noël en 2004. En 2005, c’est dans La doublure, de Françis Veber qu’il fait une apparition très remarquée. La même année, Dany Boon passe à la réalisation avec l’adaptation de sa pièce La vie de chantier, qui devient La maison du bonheur. Après quinze ans passés à sillonner la France pour un spectacle ou la promotion d’un film, Dany Boon est toujours aussi boulimique de travail, et il garde un cœur énorme et l’envie de partager avec les autres
Vidéo : Bande-annonce de La Maison du bonheur
L’accent du Nord, qu’il a perdu depuis son arrivée à Paris en 1989, est le fil rouge des personnages de ses one-man shows, alors pourquoi ne pas le faire entendre dans les salles obscures ? L’idée a germé il y a quelques années. En effet, Dany Boon ne voulait pas se lancer tout de suite. « C’est seulement après La maison du bonheur (sorti en 2006), mon premier film derrière la caméra, que je me suis dit : “Maintenant tu peux t’attaquer à quelque chose de plus personnel”», confie l’acteur et réalisateur. Et le Nord est un sujet très personnel pour Dany Boon. En premier lieu, le village de Bergues est celui où son grand-oncle était carillonneur, et où le petit Daniel venait passer des vacances. Ensuite, l’accent du Nord est un accent maternel qu’il connaît bien. Enfin, il aime sa région. D’ailleurs, a plupart des spectateurs voient dans le film un hommage à cette région. Qu’ils soient «nordiques» ou pas, c’est une belle reconnaissance, qui fait mentir les clichés d’une terre froide et triste, en déshérence industrielle.
Vidéo : Bande-annonce de Bienvenue chez les ch’ti
Le rire comme point de départ
«Pour moi, le rire est une réparation», a dit un jour Dany Boon. Avec Bienvenue chez les Ch’tis, il perpétue la tradition des comédies populaires, capable de jouer l’autodérision mais jamais le ridicule. Dany Boon s’inspire des «grands anciens» : «Desproges, Devos ou Coluche ont placé les bases.» Lui-même doit faire face à l’angoisse. Le Ch’ti d’Armentières avoue avoir un doute permanent et confie qu’il faut avoir beaucoup souffert pour faire rire. Et se dit ravi d’être catalogué dans les rangs des comiques un peu franchouillards. Quand on lui demande ce qu’il aimerait changer, Dany Boon répond : «Rien ! Quand on a la chance de faire rire, c’est un don que l’on doit respecter.» Dany Boon réalisera-t-il une suite aux Ch’tis ? «Non, répond l’intéressé. En tout cas pas tout de suite.» Il veut se laisser l’opportunité de réaliser au moins un autre film, conscient sans doute que le succès auquel sont promis les Ch’tis sera difficile à égaler.
Vidéo : Bande-annonce de Micmacs à tire-larigot
La rançon du succès ?
Une question aussi sournoise qu’inévitable ne manque cependant pas de surgir : le succès a-t-il changé notre homme ? Celui- ci s’en défend et rappelle à qui veut l’entendre, comme dans une interview au Journal du Dimanche, qu’il a été plus longtemps pauvre que riche. De fait, pendant toute la promotion de Micmacs à Tire- Larigot (2009), on a pu constater que Dany Boon demeurait toujours aussi simple. Toujours la même bonne tête, toujours ce bon sourire, toujours ce ton modeste. Dans la rue, on le salue, comme on salue un copain, et le comédien se prête de bonne grâce aux poignées de main et séances d’autographes. Quelques épisodes avaient suscité l’inquiétude. Notamment avant la cérémonie des césars 2009 pour laquelle Bienvenue chez les Ch’tis n’avait été nominé qu’une seule fois. Réclamant – pour des raisons qui par ailleurs peuvent s’avérer légitimes – la création d’un césar de la meillleure comédie, il n’avait alors pas joué son meilleur rôle, puisqu’il se désignait comme le récipiendaire implicite de la nouvelle distinction.
Vidéo : Bande-annonce de Rien à déclarer
En 2011, quatre ans après les ch’tis, sort son troisième long métrage en tant que réalisateur, Rien à déclarer. 1995 : ouverture de l’espace Schengen. Ruben Vandevoorde (Benoît Poelvoorde) et Mathias Ducatel (Dany Boon), respectivement douaniers belge et français, travaillent ensemble pour la première fois pour tester la première brigade volante franco-belge. Le hic : Ruben est francophobe et Mathias aime éperdument sa sœur en secret. Les valises de bons sentiments sont toujours là, mais Dany Boon réussit quand même à toucher et à faire rire son public. Un tour de force loin d’être évident quand tout le monde vous attend au tournant. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Dany Boon et Benoît Poelvoorde ne s’étaient encore jamais donné la réplique. C’est maintenant chose faite grâce à Rien à déclarer. Cette comédie pleine de tendresse a permis aux deux compères de laisser libre cours à leur personnalité déjantée.
La même année, en décembre, Dany Boon reprend à l’Olympia son septième one-man show, Trop stylé. Un titre qu’il doit à ses enfants. «Quand je leur jouais des extraits, ils me disaient : ”Ah ! papa, trop stylé, ton sketch.” C’est resté», a-(-il expliqué. Fidèle à lui-même, l’enfant du Nord ne manque pas d’autodérision, se moque de sa notoriété et parodie comme aux premiers jours des personnages toujours aussi attachants. Du maçon dissertant sur la chute du mur de Berlin à l’époux hilarant, des faits d’actualité comme la grippe porcine à un hommage à Raymond Devos, son père spirituel, il enchaîne près de dix-sept sketches à un rythme d’enfer. Passant de la guitare au piano, sous une pluie d’effets visuels percutants, il réserve un show drôlissime dont se dégage une vraie authenticité : «Je continue de travailler avec sincérité de manière artisanale en faisant attention aux critiques constructives».
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