L’érotisme réapparaît peu à peu dans la BD. Le père de Titeuf se joint au mouvement... à sa façon. Son album pour adultes, Happy sex, associe la malice aux joies du sexe. Très loin de la BD érotique traditionnelle, Zep décortique avec intelligence les rapports sexuels de monsieur et madame Tout-le-monde et délivre une explication drôle, décomplexée et ludique de la sexualité.
Archive – article publié le vendredi 23 octobre 2009
Pourquoi avoir choisi le sexe comme thème ?
Zep : J’ai voulu faire un «Titeuf» pour les grands. Le sexe est un excellent sujet de société. De nos jours, si les médias ont acquis plus de liberté, il est toujours «compliqué» de montrer certaines parties du corps. Le sexe est encore sous le joug de l’érotisme, de la pornographie.
Ici, vous désacralisez un peu le sujet...
Zep : Mes dessins montrent des sexes mais uniquement dans le but d’illustrer mon propos. C’est avant tout un album d’humour ! Je ne recherche pas à exciter le lecteur mais à le faire rire de nos sexualités, faites aussi de dérapages, de blocages ou de gênes. Le but est de décomplexer les gens. Le «vrai monde» est souvent très éloigné des performances mises en avant par certains magazines féminins, par exemple.
Vidéo : Bande-annonce de Titeuf le film
On observe un grand retour du sexe dans la BD. Comment l’expliquez-vous ?
Zep : Les années 1970 ont été friandes de sexualité en BD. Mais depuis les années 1980, le sexe a disparu, victime d’une certaine censure. Aujourd’hui, les grands éditeurs rééditent certains grands classiques de la BD érotique. Je remarque avec joie que des femmes abordent la sexualité dans la BD (comme Aurelia Aurita avec Fraise et chocolat) ou dans des blogs quotidiens, avec honnêteté et sans visée pornographique.
Ce phénomène répondrait-il à un besoin ?
Zep : J’en suis sûr. Les médias parlent beaucoup de criminels sexuels, de lois pour encadrer les dérives sexuelles. On a parfois tendance à oublier que le sexe est aussi synonyme d’épanouissement, de plaisir. Dans Le guide du zizi sexuel, j’ai tenté d’expliquer aux enfants que le sexe n’est pas une fatalité ou une obligation. C’est quelque chose que l’on choisit. Le sexe est l’un des derniers terrains de jeu pour adultes.
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