Programmés chaque semaine à la télévision, les «nanars» font le bonheur de nombreux cinéphiles. En France, nanarland.com est le site référence en la matière. Rencontre avec son webmaster, Régis Brochier.
Archives – Article publié le mercredi 4 mars 2009
Quelle est votre définition du nanar?
Régis Brochier : Le nanar, pour nous, c’est un mauvais film sympathique. C’est-à-dire un film de cinéma qui est tellement mauvais que finalement on en rigole, on prend plaisir à le regarder, surtout à plusieurs. Il n’y a pas de genre en particulier. Ça peut être un film d’action, une comédie...
Comment différencier le nanar d’un navet?
R.G. : Un navet, c’est un mauvais film devant lequel on s’ennuie ferme. On ne prend aucun plaisir à le regarder, quel que soit le degré avec lequel on le regarde. Malheureusement, il y a beaucoup plus de navets que de nanars (rire).
Vidéo : Le Père Noël contre les Martiens
Pourquoi avoir créé un site entièrement centré sur le sujet?
R.G. : A l’époque, entre amis, on aimait bien de temps en temps louer des films pour se marrer. La première expérience a été Power Rangers sur lequel nous avons eu des crises de fous rires, tellement rien ne collait dans le film. Du coup, on a cherché un site qui oriente les spectateurs vers ce genre de long métrage. On s’est rendu compte que, sur le Web francophone, il n’y en avait pas. En 2001, on a lancé nanarland.com. Après, via les forums, des gens se sont greffés à nous. On a alors réalisé que c’était un sujet qui parlait énormément à des cinéphiles. Ils ont amené ce côté «petite histoire du cinéma». Nous traitons le nanar de manière très sérieuse, mais tout en rigolant.
Comment fait-on pour trouver certains films au titre improbable (Le justicier contre la reine des crocodiles, Ninja, Le crépuscule des crapules, L’homme Puma, etc.) ?
R.G. : On passe énormément de temps à chiner. On a fait des dizaines de zones industrielles, de dépôts-ventes et de brocantes... où l’on se rue sur les films aux titres farfelus. Mais il n’y a pas que ça : il y a aussi la date du film, l’origine, etc. Grâce au Web, on a réussi à trouver des choses inimaginables. Des films comme Turkish Star Wars ou Turkish Star Trek qui étaient introuvables, et qu’on pensait voir disparaître avec le temps, ont été retrouvés grâce à des échanges sur Internet.
Vidéo : Exemple de nanar
Quel nanar recommander à un novice ?
R.G. : Je conseillerais Star Crash, le choc des étoiles, un Guerre des étoiles italien où David Hasselhoff fait une de ses premières apparitions.
Quel est le plus mémorable des nanars selon vous ?
R.G. : Le plus mémorable, c’est Turkish Star Wars, la version turque de la Guerre des étoiles. 1h40 de folie ininterrompue avec des monstres en peluche, des gars qui font du trampoline et la musique repiquée d’Indiana Jones (composée par John Williams, également auteur de la musique de Star Wars, ndlr) qui tourne en boucle.
Vidéo : Turkish Star Wars
Quel acteur représente le mieux le nanar ?
R.G. : Un des grands noms, c’est Chuck Norris. Depuis bientôt cinq ans, pour les Nuits excentriques à la Cinémathèque, on commence traditionnellement avec la réplique de Chuck Norris qui dit : «Je mets les pieds où je veux. Et c’est souvent dans la gueule.» (Braddock, Portés disparus III). C’est un peu la signature du site.
Ed Wood Jr., «pire réalisateur de tous les temps»
Désigné comme le pire réalisateur de tous les temps dans le livre des frères Medved The Golden Turkey Awards (1980), Edward D. Wood Jr. n’en reste pas moins une figure incontournable du cinéma hollywoodien. Né en 1924 à Poughkeepsie (Etat de New York), médaillé pour ses états de service dans le Pacifique lors de la Seconde Guerre mondiale, Ed Wood Jr. réalise son premier long métrage en 1953 avec Glen or Glenda ?, une histoire sur la transsexualité qui reste l’un de ses films les plus personnels.
Vidéo : Plan 9 From Outer Space de Ed Wood
En 1955, Ed Wood Jr. marque les esprits avec la sortie du film La fiancée du monstre. Dialogues approximatifs, effets spéciaux de piètre qualité et un combat final embarrassant, ce film est l’essence même du nanar: tellement énorme qu’on en rit à gorge déployée.
Parmi les inoubliables, on peut citer Plan 9 From Outer Space, La nuit des revenants ou encore The Bride and The Beast. Cinéaste dépourvu de talent pour certains, artistes incompris pour d’autres, Tim Burton lui rendait un vibrant hommage en 1994 avec le film Ed Wood qui pose un regard tendre et amusé sur la carrière de ce réalisateur hors norme.
Informations : http://www.nanarland.com/
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