"PIP Show": en utilisant plusieurs centaines de prothèses mammaires, au coeur actuellement d'un procès à Marseille, une artiste plasticienne a voulu dénoncer l'aliénation subie par les femmes, soumises aux canons de beauté des sociétés occidentales.
Programmée dans le cadre du "off" de Marseille Provence, capitale européenne de la culture en 2013, l'installation est "un évènement d'une seule nuit", selon les mots de l'artiste Camille Lorin, visible à la piscine de Frais-Vallon, dans les quartiers Nord de Marseille.
Suspendues au plafond dans des bas résilles, les quelque 300 prothèses sublimées par l'artiste proviennent directement de l'usine Poly Implant Prothèse (PIP) de la Seyne-sur-Mer (Var), dont cinq dirigeants sont jugés depuis mercredi par le tribunal correctionnel de Marseille pour "tromperie aggravée" et "escroquerie".
"Les bas résille sont un attribut féminin, et en même temps quelque chose de fragile, qui peut craquer", comme l'ont fait les prothèses PIP à l'intérieur du corps des 5.250 plaignantes, parties civiles au procès, qui doit durer jusqu'au 17 mai, explique l'artiste à l'AFP.
Selon les autorités sanitaires françaises, environ un quart des prothèses PIP explantées depuis le début du scandale, qui a éclaté au printemps 2010, étaient défectueuses (rupture d'enveloppe, perspiration du gel), générant notamment des réactions irritantes, inflammatoires - sans risque accru de cancer avéré à ce jour.
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"L'idée, c'est celle de l'enfermement dans lequel sont les femmes pour correspondre aux canons de beauté que la société leur dicte", souligne l'artiste, une manière pour elles "d'accéder au modèle féminin occidental", ajoute-t-elle, en évoquant le côté "aliénant" du phénomène.
Camille Lorin, qui a travaillé un an sur le projet, confie avoir trouvé "assez compliqué de travailler" avec cette matière pas banale: "ce n'est pas anodin de manipuler des prothèses, cela touche à des questions sensibles, intimes", estime-t-elle.
"Ce n'est pas vraiment le procès, ni le scandale, sur lesquels j'ai voulu travailler, mais bien le fait que le monde dans lequel on vit est avant tout économique avant d'être politique ou social", souligne-t-elle, ajoutant que cela avait constitué un "prétexte" pour parler de la chirurgie, un "révélateur" de notre société.
A travers cette installation éphémère, la jeune femme de 32 ans affirme avoir voulu porter "un regard sur une époque, qui nous dessine et nous déforme".
"Performances au fond de la piscine", une quarantaine de propositions artistiques présentées à la piscine de Frais-Vallon, avenue de Frais-Vallon, Marseille 13e arrondissement, dans la nuit de samedi à dimanche. Entrée: 12 euros.
Quelque 5.250 femmes, Françaises pour l'essentiel, ont porté plainte -- pour environ 30.000 porteuses de ces prothèses en France et plus encore à l'étranger, la société, avant d'être liquidée début 2010, réalisant 84% de son chiffre d'affaires à l'export, en Amérique latine et Europe de l'ouest notamment -- dans le procès pour "tromperie aggravée", qui s'est ouvert mercredi à Marseille.