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Claire Castillon : "Je suis ravie de pouvoir observer mes personnages"

Claire Castillon est l'auteur de Les Bulles, un recueil de nouvelles adapté pour les planches du théâtre Marigny par Marion Vernoux Claire Castillon est l'auteur de Les Bulles, un recueil de nouvelles adapté pour les planches du théâtre Marigny par Marion Vernoux [Jean-François Paga]

Claire Castillon confie son recueil de 38 nouvelles, Les Bulles, à la réalisatrice Marion Vernoux. Cette dernière porte sur la scène du Théâtre Marigny cette galerie de personnages quasi-familiers : la sœur jalouse, la mère abusive, le père ennuyeux, la jeune accouchée, l’amant impuissant ....  Interprétés par trois comédiens - Emilie Caen, Olivia Côte et Jean-Baptiste Verquin - ces personnages livrent leurs bulles et leurs fixettes  et Claire Castillon se réjouit d’observer ses héros de papier en chair et en os. 

Vous êtes à l’origine de cette adaptation théâtrale. Pourquoi avoir eu envie d’aller voir dans la bulle du  théâtre ?

Le projet est parti d’une idée de lecture. Sans être des textes de théâtre, je trouvais que ces nouvelles s’y prêtaient. Quand, lors de dédicace en librairie, on me demandait de les lire, j’avais remarqué que cela fonctionnait bien. Ensuite, quand vous prenez des acteurs de théâtre, forcément, ils ont plus envie de jouer que de lire. On est passé de la lecture au théâtre joué.

Les bulles recensent 38 nouvelles, chaque chapitre porte le nom d’un personnage, que deviennent-ils sur scène ?  

J’ai toujours aimé les œuvres qui ressemblent à des chroniques où l’on découvre des petits morceaux de vie, des portraits.  Là on a une galerie de personnes. Chaque personnage vient nous raconter  son système. Comment quelque chose de tout petit prend de la place dans sa vie.

Lesquels peut-on s’attendre à voir ?

Il y aura Hugues, un père qui s’adresse à sa fille, une jeune ado qui part en colo de vacances. J’adore Berthe, l’histoire d’une fille qui annonce à sa mère qu’elle est enceinte. Et sa mère déverse une espèce de bille noire sur la maternité. Et puis, il y a Cécile, 40 ans, qui n’a pas d’amoureux mais qui sait qu’elle en trouvera un  … ou pas.

Qu’avez-vous ressenti en voyant ces personnages de papier s’animer ?

J’avais envie de les voir, de voir leurs caractères, leurs tempéraments, leursréactions, leurs fixettes. En tant qu’écrivain, je n’ai jamais le droit de prendre du recul sur les choses. Quand j’écris, je me mets vraiment dedans. Ce n’est pas très bon d’être spectatrice de ce que l’on écrit. Avec cette pièce je suis ravie de pouvoir les observer.

Comment avez-vous vécu cette transmission? Avez-vous fait une confiance aveugle à Marion Vernoux?

Quand mes livres sortent, je les laisse. Je les perds un peu. Je  n’ai pas d’attachement. Ensuite, je ne mets pas mon grain de sel partout à part sur les textes. Je veux bien qu’il y ait des coupes, mais pas d’ajout. Je trouve qu’il y a une espèce de musique et cette musique là il ne faut pas la casser.

Marion Vernoux vient du cinéma, son univers cinématographique a-t-il influencé sa mise en scène ?

Il y a des images. C’est visuel. Mais je ne sais pas si sa mise en scène est particulièrement cinématographique. Je pense que l’œil qui a l’habitude de diriger des acteurs, manier des personnages et des histoires agence les choses à sa façon, que ce soit pour le cinéma ou le théâtre.

Après La poupée qui tousse, à quand une nouvelle pièce de théâtre ?

J’ai dans l’idée d’écrire une pièce pour le théâtre. J’aime cette ambiance. Les gens qui sortent le soir. Je trouve cela beau depuis mon lit où j’écris mes histoires et où je ne vois personne. Je me dis qu’il est quand même agréable de croiser du monde.

Passer de la littérature, au théâtre, du théâtre au ciné. En quoi décloisonner les genres vous semble-t-il important ?

J’aime me nourrir : aller voir des films, lire des livres. C’est important pour ne pas rester coincée dans ma tête. Après, le côté touche à tout : faire du théâtre, faire des films, écrire des livres, ouvrir un restaurant, sortir un parfum … là on tombe dans le marketing. Ca ne me ressemble pas.

En mars vous publiez un livre pour enfant. Une expérience étonnante …

C’est le premier et j’en écrirai d’autres. J’ai aimé l’expérience de Tous les matins depuis hier. Une expérience étrange puisqu’après avoir publié l’année dernière Les Merveilles, je n’arrivais pas à évacuer la voix de la narratrice. Elle revenait sans cesse. Je me disais que je n’arriverais pas à écrire tant qu’elle ne serait pas partie. Le personnage des Merveilles avait, sans doute, pas mal d’enfance et de voix de petites filles en elle et elle a donné naissance à cette petite personne qui a vécu une autre histoire. Et moi, j’ai chassé la voix. J’ai pu passer à autre chose. Un peu comme si je l’avais nettoyé de son vice. Du coup, en avril, sortira également  Les couplets. Des histoires sur le couple sous toutes les formes.

Les Bulles, actuellement au théâtre Marigny, Carré Marigny, Paris 8e (01 53 96 70 00).

 

 

 

 

 

 

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